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École des chartes » thèses » 2000

Frantz Jourdain (1847-1935), architecte, critique d’art et homme de lettres


Introduction

De son vivant comme par la suite, le personnage de Frantz Jourdain, dont la formation première était celle d’architecte, a été connu également pour ses autres activités, en particulier à la tête du Salon d’automne depuis la fondation de celui-ci. Pourtant, les deux principales études dont il a déjà fait l’objet ont insisté plus spécialement sur ses deux œuvres majeures que furent ce Salon d’automne, dont la vitalité dut beaucoup à celui qui fut son président plus de trente ans, et la Samaritaine, dont il fut l’architecte.

L’idée que ces deux œuvres n’occupèrent malgré tout qu’une partie de son énergie, et surtout que le dernier tiers de sa vie, incite à rééquilibrer le regard porté sur le personnage en insistant au contraire sur la pluralité de ses centres d’intérêts. En effet, loin de constituer des investissements annexes et secondaires, ceux-ci représentent une œuvre à part entière, par leur nombre et leur diversité mêmes, ainsi que par la place qu’ils occupent dans la vie de Frantz Jourdain.

Chacun des aspects de cette œuvre couvrant quant à lui la totalité d’une vie, il a été choisi de les présenter de façon thématique : dans un premier temps le métier d’architecte, formation initiale, pour lequel sont délibérément mis de côté les travaux de la Samaritaine ; puis l’activité de militant associatif dans les diverses sociétés dont Frantz Jourdain fut membre actif, et souvent à des postes importants, à l’exception, également délibérée, du Salon d’automne ; enfin, l’œuvre écrite de Frantz Jourdain, consistant tant en textes critiques qu’en textes littéraires, élaborée en relation avec sa fréquentation des cercles artistiques et littéraires.


Sources

Un fonds spécifiquement consacré à Frantz Jourdain, ainsi qu’à ses fils et petit-fils, est conservé à la Bibliothèque nationale de France, où le département des Estampes a acheté, en 1992, une partie des papiers de la famille Jourdain. Concernant Frantz Jourdain, l’essentiel de ce fonds, qui n’était ni classé ni coté au moment de la recherche, est constitué de revues dans lesquelles ont paru des articles de Frantz Jourdain et de recueils où ont été rassemblées des coupures de presse relatives au personnage ; s’y ajoutent un certain nombre d’exemplaires de ses ouvrages. Parmi les papiers manuscrits, une correspondance relativement abondante, mais peu variée, consistant surtout en remerciements divers et autres condoléances, est à ce titre peu exploitable. Les textes manuscrits de Frantz Jourdain, dont certains se sont avérés inédits, présentent plus d’intérêt. Enfin, la partie iconographique apparaît fort réduite pour un fonds d’architecte et, outre quelques photographies du personnage lui-même, ne comporte que de rares plans, coupes, élévations et détails d’architecture de constructions parfois difficilement identifiables.

Par ailleurs, on a consulté au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France la correspondance envoyée par Frantz Jourdain à diverses personnalités, notamment Emile Zola et Edmond de Concourt. La série AJ52 des Archives nationales a fourni divers documents relatifs au passage de l’architecte à l’Ecole des beaux-arts, et la série F12 son dossier de Légion d’honneur, ainsi que plusieurs dossiers attestant de ses activités aux Expositions universelles. Les archives de Paris conservent les dossiers de voirie concernant une petite dizaine de bâtiments sur lesquels l’architecte Frantz Jourdain dirigea des travaux. D’autre part, l’Institut français d’architecture a permis la consultation du fond de l’Union syndicale des architectes français, à laquelle avait appartenu Frantz Jourdain, et quelques pièces le concernant à la Société centrale des architectes français ont pu être obtenues à l’Académie d’architecture. La fondation Le Corbusier possède un certain nombre de lettres envoyées par Frantz Jourdain à Le Corbusier, alors que le musée d’art et d’histoire de Saint-Denis détient des lettres de son fils Francis Jourdain, évoquant parfois sa personne.

Enfin, les écrits publiés par Frantz Jourdain lui-même sont une source indispensable non seulement pour le connaître comme critique et écrivain, mais également pour éclairer ses autres activités.


Première partie
Architecture


Chapitre premier
La formation de l’architecte

Frantz Jourdain fut d’abord un architecte, au moins dans sa formation première qu’il reçut à l’Ecole des beaux-arts. Or les rapports conflictuels qu’il entretint avec cette institution sont restés gravés dans sa légende ; s’ils ont été retenus comme l’une des principales caractéristiques du personnage, il faut en chercher la raison dans ses divers écrits polémiques s’y rattachant de façon récurrente, et en particulier dans son roman semi-autobiographique intitulé L’Atelier Chantorel : mœurs d’artistes. Mais si l’on veut savoir ce qu’il en fut réellement de la scolarité de l’élève Frantz Jourdain à l’Ecole des beaux-arts et de l’apprentissage de son métier, une lecture attentive de cet ouvrage, dans lequel il livre en filigrane des éléments sur cette période de sa vie, incite à nuancer la vision de son passage dans l’institution et indique surtout le lent cheminement de sa propre réflexion critique. Elle pose en outre la question de la complexité de l’analyse du personnage à partir de ses propres écrits, en fonction de ses aveux et de ses silences.

Chapitre II
Frantz Jourdain dans les sociétés d’architectes

L’investissement successif de Frantz Jourdain dans deux grandes sociétés d’architectes, la Société centrale des architectes français et l’Union syndicale des architectes français, fut relativement intense. Il y tenta une défense ardente de sa profession et la promotion de son art en revendiquant pour lui une plus grande reconnaissance. De ce fait, cet engagement constitua la première manifestation de sa propension, qui se développa par la suite sous des formes variées, à militer dans des sociétés diverses pour soutenir les causes auxquelles il était attaché. Mais là se fit jour surtout la figure paradoxale d’un fervent défenseur de son art se présentant comme continuellement en lutte avec sa profession. Car sa participation aux activités et aux débats notamment de la Société centrale se transforma peu à peu en rapports de plus en plus conflictuels avec ses collègues architectes, sur des questions de fonctionnement de ce genre de sociétés, mais surtout sur le traitement de problème sociaux liés à la profession. Cependant, l’étude de sa participation à ces deux sociétés met également en lumière les précautions à prendre dans l’appréhension d’un homme à la vie active si longue et aux attitudes nécessairement changeantes selon les périodes.

Chapitre III
Le rôle de l’architecte

Les conflits de Frantz Jourdain avec son milieu professionnel, cristallisés en particulier autour des problèmes sociaux, se manifestèrent dans des débats qui sont l’occasion de saisir la façon dont Frantz Jourdain appréhendait les enjeux de son métier, mais également sa conception du rôle social de l’architecte, auquel il attribuait une grande importance et une large responsabilité. Cette affirmation de responsabilité vis-à-vis notamment du monde des ouvriers du b‚timent se fit particulièrement jour lors de l’affaire dite “ du blanc de céruse ”, à l’occasion de laquelle il put parler de “ charge d’âmes ” pour l’architecte. Ces désaccords avec un certain nombre de ses confrères et avec une certaine conception de l’architecture vinrent par ailleurs révéler ou confirmer quelques a priori négatifs dont Frantz Jourdain se cacha de moins en moins à l’égard de collègues dont il se faisait dans l’ensemble une piètre opinion, fondée sur des considérations artistiques ou intellectuelles plus larges que de seuls critères architecturaux. Cependant, quelques personnalités du monde de l’architecture s’attirèrent son admiration, et on peut retenir de l’ensemble de ses écrits un certain nombre de portraits d’architectes, au premier rang desquels se trouve Viollet-le-Duc, à la pensée duquel celle de Frantz Jourdain apparaît affiliée.

Chapitre IV
L’œuvre de l’architecte de Frantz Jourdain

Les documents manquent pour appréhender l’activité du cabinet d’architecte de Frantz Jourdain, dont il ne subsisterait pas d’archives, mais on peut tenter d’établir une typologie de ses constructions et travaux autres que son úuvre la plus célèbre qui reste la Samaritaine. Car Frantz Jourdain fut d’abord et longtemps un architecte au service de constructions privées peu prestigieuses, qui ne laissaient pas forcément de grande latitude ou de grands moyens pour une úuvre de création. Cependant, s’il reste peu de traces de cette part de son activité, il apparaît que celle-ci toucha des questions architecturales relativement variées, depuis l’habitation jusqu’à la boutique, en passant par les théâtres, les monuments commémoratifs et les châteaux. Il essaya par ailleurs de développer ses activités d’architecture dans le seul cadre public qui lui fut accessible, celui des Expositions universelles. Il entreprit enfin une úuvre de construction singulière en contribuant à l’élaborationdu cadre architectural de plusieurs oeuvres d’Emile Zola.


Deuxième partie
L’engagement dans la société


Chapitre premier
Frantz Jourdain face à la politique

En raison du caractère virulent des discours de Frantz Jourdain en matière artistique, ainsi que de ses prises de position souvent provocatrices, il est resté attaché au personnage, de son vivant et après sa mort, une réputation d’extrémiste dans beaucoup de domaines n’ayant souvent que peu de rapports avec les seules questions artistiques. Or il s’avère que l’influence de son précepteur Jules Vallès, dont il se revendiqua souvent et à qui l’on a voulu attribuer un grand rôle, fut loin d’être considérable sur ses opinions ultérieures, lesquelles manifestèrent surtout une grande méfiance vis-à-vis du monde de la politique, de quelque bord que ce fût. Cependant, né en 1847 et mort en 1935, Frantz Jourdain traversa nombre de périodes sinon agitées, du moins riches en événements et en occasions de réflexion qui ne purent le laisser indifférent, même s’il reste peu de documents pour témoigner de ces réactions et s’il n’écrivit guère lui-même sur ce sujet spécifique. De plus, sa fréquentation de cercles intellectuels, comme le salon des Daudet, où ces questions étaient débattues, le plaçait dans le feu de l’actualité. C’est ainsi qu’il n’hésita pas à s’engager résolument dans l’affaire Dreyfus aux côtés d’Emile Zola, et que son adhésion à la Ligue des droits de l’homme fut un moment important de son action militante dans un domaine où il était auparavant inhabituel de le voir s’investir. Mais ses déclarations sans ambiguïté sur la question bolchevique nuancent largement le caractère radical des opinions dont on prétendit l’affubler.

Chapitre II
Pour une architecture sociale

L’architecte Frantz Jourdain ne s’illustra pas particulièrement dans le domaine du logement social, travaillant surtout au service d’une commande privée concernant principalement des habitations plus aisées, tels hôtels particuliers ou châteaux. Il s’intéressa toutefois au problème pour mettre en question le principe du système des Habitations à bon marché et du fonctionnement de la société du même nom, à laquelle il adhéra malgré tout. Par la suite, il contribua en 1902 à la fondation de la Société des logements hygiéniques à bon marché, dont il fut le premier administrateur-délégué et qui reposait sur un principe différent : les bénéfices tirés des placements ne devaient pas servir à la spéculation mais à l’amélioration des bâtiments édifiés.

Cependant, au-delà de la seule question du logement, Frantz Jourdain s’investit également dans les enjeux de l’architecture urbaine à l’échelle de Paris : ce fut en particulier l’objet de son action à la société dite du “ Nouveau Paris ”, qui aspirait à avoir voix au chapitre du conseil municipal en devenant un organe d’étude et d’émission d’avis sur les projets d’urbanisme. Cette ambition n’ayant jamais pu trouver sa réalisation, elle céda la place à nombre de projets et de propositions rarement réalisées faute d’un soutien financier des pouvoirs publics, ainsi qu’à des actions relevant de l’initiative privée, destinées à impliquer les habitants dans la vie de leur cité, comme par le biais du concours de balcons fleuris. Eteinte en quelquesannées, cette société resta marquée par la réputation de vandalisme véhiculée par ses adversaires, notamment par la Commission du Vieux Paris, probablement en raison des positions exprimées en termes souvent provocateurs par son président Frantz Jourdain, illustrant des prises de position relativement précoces dans les polémiques sur l’organisation des villes.

Chapitre III
Le soutien aux artistes

Frantz Jourdain passa sa vie entouré d’artistes de tous arts et aux positions sociales des plus variées, depuis quelques prix de Rome célèbres jusqu’à des maîtres obscurs ou méconnus. Or lui qui avait choisi l’architecture en parfaite connaissance de cause, comme une profession permettant de gagner honorablement sa vie, fut sensible dès l’origine à la situation matérielle délicate d’un certain nombre d’artistes. C’est ainsi que, par-delà la seule action charitable, il s’investit considérablement dans des revendications portant sur le statut social des artistes et de leurs úuvres. Il s’exprima notamment sur le problème du respect du droit moral du créateur sur son úuvre, mais surtout sur les questions juridiques et financières liées à la propriété artistique. Le Syndicat de la presse artistique, dont il fut le président pendant plus de trente ans, mena ainsi campagne en faveur du droit d’auteur pour les artistes, à l’instar de ce qui existait déjà pour les écrivains, ce qui fut finalement obtenu au bout de deux décennies.

Mais plus largement, l’idée de l’importance des décorations ­ et particulièrement de la Légion d’honneur ­ accordées ou non aux artistes le préoccupa constamment. Il plaida pour lui-même, mais aussi pour ses admirations personnelles, qu’il contribua à promouvoir en participant à l’érection de monuments et en écrivant des articles fervents sous l’appellation des Décorés : ceux qui ne lesont pas.

Chapitre IV
Vers un art social

Fortement engagé dans des actions en faveur de l’art en général et de la reconnaissance des artistes, Frantz Jourdain entendit mener une réflexion sur les modes de diffusion de l’art, et en particulier auprès de publics habituellement peu concernés par le sujet. Au-delà de la question de l’introduction de l’art dans les foyers par le biais d’une pratique d’arts décoratifs accessibles à toutes les bourses, il s’agissait, d’une façon plus générale, de répandre une certaine forme d’art aux yeux de tous, dans des lieux qui ne seraient plus des lieux consacrés, comme les musées, mais bienplutôt dans des lieux désacralisés et quotidiens, notamment la rue. Or ces réflexions, empreintes d’une conception des arts comme vecteur d’éducation revêtud’une valeur hautement morale, conduisaient à une haute exigence de qualité pour des publics censés n’être encore formés à aucun goût et auxquels il devait être possible d’inculquer un regard affiné. C’est ainsi que, par le biais notamment de la société de l’Art pour tous et d’universités populaires, Frantz Jourdain donna des visites-conférences sur ses thèmes, artistes ou œuvres de prédilection pour un auditoire composé pour l’essentiel d’employés et d’artisans. Mais la conviction de ces éducateurs du goût restait qu’il fallait agir au plus tôt pour former l’œil des futurs citoyens et que l’enfance constituait le moment essentiel où se jouait l’éducation artistique. C’est ainsi que la société de l’Art à l’école, dont Frantz Jourdain présidait la commission d’architecture scolaire, entendait favoriser la diffusion dans les établissements scolaires d’une décoration de qualité : il s’agissait, d’une part, d’offrir un cadre plus chaleureux à l’étude et, d’autre part, d’éduquer la sensibilité artistique à l’âge où elle se formait, en faisant participer les enfants à la qualité de leur environnement visuel. Cette croyance optimiste dans la valeur éducative d’un art mis, dans une démocratie, au service du plus grand nombre constitua une des convictions récurrentes de Frantz Jourdain.


Troisième partie
L’homme de plume dans les cercles d’artistes


Chapitre premier
Le critique d’art

Dans le domaine de l’écriture, Frantz Jourdain se manifesta tout d’abord comme critique polémiste s’intéressant aux formes d’art les plus variées, depuis les salons (beaux-arts, architecture), jusqu’aux représentations théâtrales. Cette activité menée de façon régulière sous la forme de chroniques, ou plus irrégulière, dans des revues spécialisées ou des journaux généralistes, constitua pour ainsi dire un second métier pour Frantz Jourdain jusqu’à la fin du xixe siècle. Il attribuait à cette activité un rôle important, investi d’une lourde responsabilité vis-à-vis d’un public auquel il s’agissait toujours de donner les moyens d’affiner au mieux son jugement. Parmi l’ensemble des sujets dont il traitait, l’architecture occupait une place singulière, autant parce qu’il s’agissait de celui sur lequel il pouvait s’estimer être le plus en droit de s’exprimer ­ et de s’exprimer sur un mode polémique chargé de passion ­ qu’en raison du statut particulier d’un art largement ignoré du public et laissé de ce fait au jugement des seuls spécialistes. Ces critiques débouchaient du reste sur des réflexions plus générales sur les artistes, le système desbeaux-arts et des salons ; c’est pourquoi elles étaient souvent marquées du ton de la polémique, au cours de prises de positions qui ne furent pas toujours bien reçues, cet accueil contribuant à renforcer l’engagement de leur auteur dans la défense d’une critique d’art indépendante.

Chapitre II
Au milieu des artistes

S’il porta sur les artistes un regard extérieur dans son activité de critique artistique, Frantz Jourdain fréquenta en fait beaucoup ce milieu de l’intérieur. Lui-même artiste par sa profession d’architecte, ayant fait ses études à l’Ecole des beaux-arts, il entretint ses principales relations et amitiés dans ce domaine de façon quasi exclusive. Or il y apparut comme une figure relativement marquante en raison de l’enthousiasme qu’il mit à soutenir les œuvres qu’il appréciait et les artistes au génie ou, du moins, au talent dans lesquels il croyait, et ce d’autant plus que ceux-ci pouvaient être contestés. Il convient de reconnaÓtre cependant que la passion qu’il mit dans ses plaidoyers contribua pour une large part à excuser un aveuglement et une légèreté dans l’argumentation qui n’échappa pas aux yeux même de ses plus fidèles partisans. Ce trait de caractère particulier, qui fut parfois qualifié de donquichottisme, et souvent par lui-même, parvint peut-être à faire d’autant plus excuser les positions excessives du personnage qu’il le mettait parailleurs à la merci d’attaques souvent violentes, dans une conception de la polémique et de l’engagement partisan ne concevant que les opinions tranchées. Autant ses admirations, en particulier pour un petit cercle défini et récurrent d’amitiés artistiques et littéraires entretenues par le biais des cercles et salons, se manifestaient constamment sur un mode panégyrique, autant ses piques envers certains artistes ou critiques, mais parfois également envers le monde artistique dans son ensemble, pouvaient prendre rapidement un caractère relativement caustique. Ce manque de modération contribua ainsi à renforcer l’ambiguïté de ses rapports passionnels avec un milieu auquel il se consacra entièrement, tout en portant sur lui un jugement souvent sévère.

Chapitre III
La création lttéraire

Au-delà de sa seule œuvre de critique, Frantz Jourdain mena un travail d’écriture dans des genres variés, depuis la nouvelle jusqu’à la pièce de théâtre. Fortement marqué par des amitiés nées d’enthousiasmes littéraires, il produisit une œuvre d’inspiration largement naturaliste, s’attachant notamment à restituer des scènes qui lui avaient été racontées ou qu’il avait vécues et qu’ils prenaient en notes comme des croquis dans ses carnets d’architecte. S’il est difficile d’évaluer la réception de ses úuvres à l’époque de leur parution, il faut remarquer qu’il put faire jouer au moins une de ses pièces de théâtre et obtint un prix à la Société des gens de lettres, dont il fut un adhérent sinon actif, du moins attentif. Constituant sans doute l’activité la moins étudiée et la moins remarquée de Frantz Jourdain, cette production littéraire éclectique témoigna pourtant de son intérêt constant pour un domaine relativement éloigné de ses formations d’origine. Ses publications relativement précoces furent en tout cas le signe d’une volonté bien résolue d’applitnier à son œuvre elle-même son attachement à l’unité des arts et à l’importance de leur collaboration permanente.


Conclusion

Familier assidu de quelques lieux de la littérature et de littérateurs marquants de leur époque, de Zola à Concourt en passant par Daudet, Frantz Jourdain participa de façon marquante, en raison de la diversité de ses centres d’intérêt et du ton polémique de la plupart de ses interventions, aux débats de son temps sur nombre de questions artistiques. D’abord relativement contesté à cause de positions qui se heurtaient aux opinions de ses collègues, il acquit peu à peu une autorité que sa longévité et sa participation active, et à des postes importants, à plusieurs sociétés, et particulièrement à celle du Salon d’automne, contribuèrent à renforcer à une époque où sa capacité d’adaptation à de nouvelles formes d’art se faisait pourtant de moins en moins sentir dans des jugements à la souplesse en régression. Du reste, son goût de la bataille artistique n’en diminua pas pour autant, et il demeura, dans ses enthousiasmes comme dans ses détestations, l’homme des convictions entières et tranchées. Or celles-ci se manifestèrent tout autant dans ses articles et ses critiques que dans ses activités au sein de sociétés multiples et variées, et plus sans doute que dans sa seule œuvre architecturale. C’est pourquoi il paraît important de considérer le personnage dans sa totalité, sans délaisser ses activités les moins prestigieuses mais aussi peut-être les plus significatives d’une vie.


Pièces justificatives

Extrait de naissance de Frantz Jourdain. ­ Demande d’admission à la Société centrale des architectes français. ­ Correspondance avec l’Union syndicale des architectes français. ­ Edition d’une partie de sa correspondance. ­ Edition de notes, de textes et d’articles inédits.


Annexes

Tableau des récompenses de Frantz Jourdain à l’Ecole des beaux-arts. ­ Listes des commissions ou des sections où il a siégé dans les sociétés d’architectes ; des sociétés auxquelles il a appartenu ; de ses œuvres exposées aux salons ; de ses décorations.


Planches

Tableau des constructions de Frantz Jourdain accompagné de reproductions de plans, coupes et élévations. ­ Portraits et caricatures de Frantz Jourdain.