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École des chartes » thèses » 2001

Le manuscrit Bibl. nat. de France, fr 688 et son traducteur

Édition de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine.


Introduction

Le manuscrit 688 du fonds français de la Bibliothèque nationale de France constitue un précieux témoignage de la place occupée par la culture française dans le royaume de Naples au début du xive siècle, à la suite de l’installation des Angevins dans le sud de la Péninsule. Il s’agit d’un recueil de traductions d’historiens latins réalisées en français par un Italien pour un noble italien. Deux de ces textes, la traduction de la Chronique universelle d’Isidore de Séville et celle de l’Histoire romaine de Paul Diacre, font l’objet d’une édition et d’un commentaire critiques qui s’attachent notamment à apprécier le travail du traducteur et à mesurer la place tenue par le manuscrit dans l’histoire culturelle de la Naples angevine.


Première partie
Commentaire


Chapitre premier
Le manuscrit

Description du manuscrit — Le manuscrit Bib. nat. de France, fr. 688 se compose de vingt-huit cahiers de huit feuillets, à l’exception des cahiers 13, 14, 20, 24 et 28. Le parchemin utilisé est de très bonne qualité. L’étude de la décoration du manuscrit confirme le soin apporté à son élaboration.

Le recueil débute par un prologue qui indique le nom du commanditaire et précise les motivations de ce dernier. La traduction de la Chronique universelle d’Isidore de Séville occupe les fol. 1c-11b. Elle est suivie par celle de l’Histoire romaine de Paul Diacre (fol. 11c-72b), introduite par un prologue particulier (fol. 11c) et par la traduction de la lettre dédicatoire originelle à Adelperga (fol. 11c-12a). S’enchaînent ensuite les traductions de l’Histoire des Lombards, également de Paul Diacre, (fol. 72c-125d) et de l’Histoire des Normands d’Aimé du Mont-Cassin, précédée de l’épître à Didier et de l’invocation à la Trinité (fol. 125d-199a). Le recueil se clôt par une traduction de l’Historia Sicula(fol. 199a-212d). Ces textes, ordonnés chronologiquement, sont destinés à former une histoire de l’Italie, à travers celle des grands peuples qui l’ont successivement occupée.

Le commanditaire et le contexte de la réalisation du manuscrit. ­ Le nom du commanditaire,le comte de Militrée, et ses motivations nous sont donnés par le prologue: le comte, “pour ce qu’il set lire et entendre la lengue fransoize et s’en delitte, a fait translater par ordre secont la lettre en françois la devant ditte cronique, et especialment pour sa delettation et la delettation de ses amis”. Cet aveu, comme le recours à un traducteur napolitain maniant relativement mal le français, montre que le français n’est pas la langue maternelle du comte. Les hypothèses sur l’identité de ce dernier sont nombreuses: on a vu en lui Roger II de Sicile (1097-1154), un fils de Charles II de Naples ou le fils du grand sénéchal de Naples, Angelo Acciaiuoli, mort en 1361, mais aucune de ces solutions n’est satisfaisante.

Il est en effet nécessaire pour confirmer ou infirmer l’identification du comte de dater précisément la traduction. Une étude des gloses apportées par le traducteur aux différents textes permet de relever plusieurs allusions, datables, au contexte politique de l’Italie méridionale dans les années 1280-1315. Une citation du cinquième chant de l’Enfer de Dante indique que la traduction est postérieure à 1313, date à laquelle l’œuvre de Dante commence à être connue en Italie. Le choix du français, qui s’explique par la place occupée par la culture française à Naples sous le règne des premiers Angevins, conduit à penser que la traduction a été réalisée avant 1320-1325, car la place du français s’affaiblit dans les dernières années du règne de Robert II au profit du dialecte napolitain.

Le choix des œuvres traduites, composant une histoire de l’Italie depuis la création du monde jusqu’à l’installation des Normands en Italie du Sud, implique une certaine vision de l’histoire de la Péninsule. Il n’est pas envisageable de n’attribuer au comte de Militrée que la commande de la Chronique universelle, en considérant que les autres traductions auraient été ajoutées par le traducteur. L’étude des prologues et des rubriques qui introduisent les différents textes montre que le traducteur a cherché à les relier entre eux et met en évidence la cohérence du manuscrit. Il paraît peu probable que le traducteur ait de son propre mouvement choisi d’adjoindre quatre traductions à celle commandée par le comte de Militrée. Il est en revanche vraisemblable qu’il ait joué un rôle dans le choix des textes: une telle compilation suppose des connaissances historiques assez complètes et coordonnées et l’on peut se demander si le commanditaire était assez savant pour opérer seul ce choix.

L’histoire du manuscrit depuis le xive siècle — Le manuscrit est resté en Italie du Sud jusqu’au xvie siècle, comme l’attestent des mentions marginales de lecteurs du xive et du XVI e siècles, mais l’on ne sait rien de ses possesseurs. Une copie de la traduction de l’Histoire des Normands (Bibl. nat. de France, coll. Duchesne, 79) indique qu’en avril 1612 ce manuscrit se trouvait dans la bibliothèque de Jean-Pierre Olivier, conseiller au parlement de Provence. Le manuscrit a ensuite appartenu à Peiresc, avant d’être acquis par Mazarin et de passer dans la bibliothèque du roi. Il fait partie depuis 1668 des collections de la Bibliothèque royale, d’abord sous la cote 7135, puis sous la cote fr. 688.

Depuis le xviie siècle, le manuscrit a été signalé par plusieurs érudits. La traduction de l’Histoire des Normands a fait l’objet de trois éditions entre 1835 et 1935. Les autres textes du manuscrit sont restés longtemps ignorés, alors même que le rapprochement avec le texte latin, en permettant d’étudier les méthodes de travail du traducteur, aurait aidé les éditeurs de l’Histoire des Normandsà mieux distinguer le texte original des gloses ajoutées par le traducteur. Le manuscrit a également été étudié comme un témoin de la présence de la langue française dans le royaume de Naples, mais aucune étude n’a porté sur l’identité et la culture du traducteur.

Chapitre II
Le traducteur

L’identité du traducteur — L’étude du manuscrit permet de constater que toutes les traductions sont dues à la même personne: la langue ne varie pas et les changements stylistiques ne font que refléter la plus ou moins grande complexité du latin des différentes œuvres traduites. Des renvois sont fréquemment faits d’une traduction à l’autre. Une telle unité ne peut pas être le fait du copiste seul: elle révèle un traducteur unique. Il est par ailleurs difficile d’envisager que la traduction soit d’une date très antérieure à la réalisation du manuscrit. L’histoire culturelle de l’Italie méridionale ne permet pas de penser qu’un tel texte ait pu être rédigé avant les dernières années du xiiie siècle. Il est tout aussi hasardeux de vouloir dissocier la personne qui a traduit le texte de celle qui a écrit les gloses mentionnant des événements datant de la deuxième moitié du XIII e siècle et des premières années du xive . La comparaison attentive du texte avec l’original latin montre que les ajouts sont souvent difficiles à identifier: ils sont rédigés dans la même langue que le reste de la traduction, ce qui indique qu’ils ont été insérés par la même personne. Il n’y a qu’un seul traducteur, contemporain de la date de rédaction du manuscrit dont il a réalisé une traduction française glosée.

L’hypothèse qui fait d’Azzo, évêque de Caserte de 1290 à 1310, l’auteur de la traduction ne résiste pas à l’examen critique: il faudrait pour étayer cette attribution dissocier l’auteur de la traduction de l’auteur des gloses. De plus, une telle attribution est en contradiction avec la datation de la traduction.

Il est fort probable que le traducteur était en relation avec l’abbaye du Mont-Cassin. L’utilisation de l’Histoire d’Aimé, comme celle de la Chronique d’Azzo de Caserte citée dans les gloses, textes qui ne semblent avoir été conservés qu’au Mont-Cassin, implique une bonne connaissance de la bibliothèque de l’abbaye. Les traductions littérales d’autres textes faites par le traducteur au cours de son travail ont nécessité le recours à une bibliothèque monastique qui pourrait être celle du Mont-Cassin. Enfin, une glose du traducteur mentionnant la localisation de la tombe de Paul Diacre au Mont-Cassin atteste une bonne connaissance de l’abbaye.

Les éditeurs de l’Histoire des Normands ont rejeté la responsabilité des fautes commises dans la traduction et des nombreux italianismes présents dans le texte français sur un copiste. L’étude des traductions de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine ne permet pas de trancher clairement entre l’hypothèse d’une traduction rédigée par le traducteur lui-même directement sur le manuscrit, celle d’un texte écrit sous sa dictée et celle d’une copie réalisée par un copiste à partir des notes du traducteur. La dernière hypothèse est toutefois la moins probable: la mise en page du manuscrit, comme le nombre élevé de correction en cours de rédaction, rendent peu crédible l’idée que le manuscrit ait été rédigé par un professionnel de l’écriture. Les jugements portés sur la valeur de la traduction doivent également tenir compte des erreurs déjà présentes dans les manuscrits des textes latins. On doit donc se garder de conclure hâtivement à la maladresse et à la distraction du copiste: un manuscrit latin défectueux et une traduction dictée au fur et à mesure de son élaboration par un Italien à un copiste napolitain pourraient expliquer une grande partie des erreurs présentes dans le manuscrit.

La langue du manuscrit — Le manuscrit se caractérise par une langue très particulière. L’étude systématique des phénomènes phonétiques présents dans la Chronique universelle montre que le traducteur a une assez bonne connaissance du français, mais révèle aussi de nombreuses interférences dans la traduction du latin au français dues à l’influence de l’italien. La morphologie et la syntaxe sont, elles aussi, marquées par l’italien. Les latinismes présents dans la traduction sont l’œuvre du traducteur qui a souhaité ainsi colorer son texte d’une tonalité antique. L’attribution des italianismes est plus délicate: le fait que ces formes soient employées concurremment à des formes françaises ou francisées plaide pour leur attribution à un copiste, mais rien ne prouve qu’elles ne sont pas dues au traducteur: aucune des corrections apportées au manuscrit lors de la relecture n’atteste le souci de substituer des formes françaises aux italianismes. On ignore comment ces formes étaient ressenties par le traducteur et son commanditaire: on peut penser que les conditions d’utilisation de la langue française à Naples par des Italiens autorisaient la coexistence de formes françaises et italianisantes, qui étaient également comprises et jugées correctes. Ce manuscrit est ainsi l’un des meilleurs témoins du “français de Naples”.

La culture du traducteur — L’étude des gloses et des interpolations apportées à la traduction des textes de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine permet de cerner les centres d’intérêt du traducteur et son milieu culturel. L’attribution au traducteur des gloses portant sur le vocabulaire, les localisations géographiques ou les identifications des peuples latins est évidente: ces gloses répondent au souci de rendre le texte accessible au lecteur. L’attribution des additions est bien plus difficile. Le style et la langue employés montrent qu’elles ont été rédigées et insérées par le traducteur lui-même, mais les mentions figurant dans l’Histoire romaine, de “frere Nichole, moinne, qui ci ajoinst” et d’un évêque qui “escripst en la margyne de lo livre” conduisent à s’interroger sur leur source. En conclure que ce moine et cet évêque sont les véritables auteurs des additions que le traducteur s’est contenté de reprendre n’expliquerait pas que les autres traductions du manuscrit soient pareillement glosées. Il serait vraiment étonnant que tous les manuscrits utilisés par le traducteur aient été interpolés de la même façon: on doit plutôt penser que quelques-unes seulement des additions de l’Histoire romaine ont pu être rédigées dans les marges du manuscrit latin et insérées par la suite par le traducteur dans le texte français.

L’identification de l’évêque anonyme cité dans l’une des gloses avec Azzo de Caserte est infirmée par l’examen des passages où le traducteur fait mention d’Azzo. L’évêque de Caserte n’a sans doute joué aucun rôle dans les additions, qui ont simplement été tirées de ses écrits par le traducteur. L’intervention de l’évêque anonyme doit très probablement se limiter à la seule glose où il est fait mention de lui. Le rôle du moine Nicolas doit également être relativisé: l’étude des additions faites à la Chronique universelle, la volonté du traducteur, explicitée dans les prologues, d’enrichir les textes qu’il traduit ou une glose comme “vol je dire un poi de lo dit de Lucain en la bataille”, placée en tête d’une dizaine de chapitres fortement interpolés, sont des preuves suffisantes de la capacité du traducteur à insérer des additions qui se marient si parfaitement au texte de Paul Diacre que seul un examen attentif permet de les isoler. C’est donc au traducteur que doit revenir la responsabilité de la presque totalité des gloses et des interpolations. Les traductions de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine révèlent un traducteur cultivé, capable de manier différentes sources pour composer un texte apte à plaire à son commanditaire.

Italien originaire du sud de la Péninsule, le traducteur connaît surtout le royaume de Naples. Il a probablement suivi le cursus de la faculté des arts, vit dans un milieu marqué par la culture monastique et s’intéresse aux événements politiques et culturels des dernières années du xiiie siècle et du début du xive siècle. L’étude des sources et de leur utilisation met en lumière sa méthode de travail. Les additions qu’il fait proviennent tout autant de ses connaissances personnelles que de manuscrits qu’il consulte au cours de la rédaction de la traduction. Toutes les sources ne sont pas traitées de la même manière: certains auteurs se voient attribuées des additions assez éloignées de leur œuvre, quelques-uns sont même invoqués pour des passages qui ne leur doivent rien. D’autres, en revanche, cités de façon littérale, ne sont pas nommés. Une telle situation révèle un choix du traducteur qui, indiquant certaines sources et en passant d’autres sous silence, veut mettre en valeur tel ou tel aspect de ses connaissances: il semble ainsi s’appuyer principalement sur Lucain pour l’histoire antique, Isidore de Séville n’apparaissant que dans la confrontation entre les textes de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine, alors que c’est en réalité Orose qui est sa source principale. La référence à Virgile lui apparaît bien plus prestigieuse que celle à Guido de Columnis. En invoquant l’autorité de ces auteurs antiques, le traducteur met en avant sa culture classique, au détriment de sa culture monastique, pourtant très présente dans le manuscrit.

Chapitre III
La traduction

Les procédés de traduction — Les éditeurs de l’Histoire des Normands se sont demandé si les traductions étaient fidèles au texte latin original ou en étaient une réécriture. L’édition de la Chronique universelle et de l’Histoire romaine permet de trancher ce point. Les prologues introductifs montrent comment le traducteur concevait son travail: traduire et commenter sont considérés comme des activités qui vont de pair et le désir de compléter le texte par d’autres sources n’est pas surprenant chez un traducteur du Moyen Age. Ce n’est que par l’examen des procédés de traduction que l’on peut juger de la fidélité du traducteur au texte latin. Une étude de la traduction de différentes structures latines, comme le passif, l’ablatif absolu ou l’adjectif verbal, montre que le traducteur a en général bien saisi la valeur de ces différentes structures syntaxiques, mais qu’il préfère le plus souvent les rendre par des propositions indépendantes, qui gauchissent le sens du texte et masquent à son lecteur le style des auteurs traduits. Le fait que plusieurs solutions soient adoptées dans la traduction d’une même tournure latine s’oppose à l’idée d’une traduction mécanique et sans finesse et témoigne d’une certaine autonomie par rapport à la structure d’origine. On pourrait penser que le choix de privilégier la coordination est dû à la difficulté qu’éprouve le traducteur à manier le français; cependant, lorsque l’on constate la variété des solutions employées pour rendre compte d’une même tournure, il faut se demander si l’usage majoritaire de la coordination ne relève pas plutôt d’un choix stylistique du traducteur. La comparaison avec le texte latin montre que le traducteur, bien qu’il modifie la structure syntaxique des phrases, cherche non seulement à rendre le sens du texte, mais aussi à le suivre fidèlement. La traduction est certes maladroite, elle est à plusieurs reprises fautive, mais dans l’ensemble le traducteur se montre respectueux tant du sens du texte que de sa forme. C’est une traduction fidèle qui répond ainsi aux attentes du commanditaire, désireux d’une traduction “secont la lettre”.

Comparaison avec la traduction de Jofroi de Waterford — Jofroi de Waterford a réalisé à la fin du XIII e siècle une traduction du Bréviaire d’Eutrope(Bib. nat. de France, fr. 1822), texte qui est la source principale de l’Historia Romana. L’étude porte sur le huitième livre du Bréviaire que Paul Diacre a repris sans y apporter de changements. Les deux traductions et le texte latin ont été présentés en parallèle afin de permettre de les comparer aisément. Les additions et les erreurs de traduction ont été mises typographiquement en valeur. Certaines caractéristiques de la traduction du Bib. nat. de France, fr. 688 sont ainsi mises en évidence: le traducteur fait un plus grand emploi de la réduplication synonymique et sa tendance à employer un vocabulaire antiquisant ne se retrouve pas chez Jofroi de Waterford. Les deux traductions sont fidèles à l’original latin, mais, bien que celle de Jofroi soit écrite dans un français plus travaillé, celle du manuscrit 688 est la plus apte à plaire au comte de Militrée: le traducteur fait preuve d’un souci qu’on ne trouve pas chez Jofroi de situer les lieux et les personnages mentionnés dans le texte et d’expliciter le sens des mots difficiles. Son texte, enrichi par ses gloses et par des additions, est rendu attrayant et aisé à comprendre.

L’édition de l’Histoire des Normands— L’étude des traductions de la Chronique universelle et de l’ Histoire romaine conduit à réviser les jugements sévères portés sur la traduction de l ’Histoire des Normands. Il paraît peu probable que le traducteur ait résumé des paragraphes entiers de ce texte; la traduction est certainement bien loin d’être aussi lacunaire que l’ont dit ses éditeurs. Par ailleurs, ces derniers n’ayant su distinguer un grand nombre d’additions, la question de la prise en compte par le traducteur d’autres chroniques ou histoires dans son travail demeure posée, amenant ainsi à s’interroger sur la valeur historique de l’Histoire des Normands: s’agit-il bien uniquement du témoignage d’Aimé Ne s’agit-il pas plutôt d’un ouvrage réécrit par le traducteur à partir d’autres sources


Conclusion

L’étude des traductions de la Chronique universelle et de l’Histoire romaineéclaire d’un jour nouveau la personnalité et le rôle du traducteur. Il réalise une traduction fidèle des textes et cherche à donner à son lecteur, par les gloses, tous les éléments nécessaires à la compréhension du texte. Il n’hésite pas à interpoler son texte, en ajoutant des récits tirés de l’histoire antique, de la mythologie ou encore des exempla. D’une culture à la fois universitaire et monastique, il entretient des liens étroits avec le Mont-Cassin. Il est au fait des événements politiques et culturels de son époque. Le comte de Militrée a donc su choisir un traducteur capable de rendre le sens et la lettre du texte latin et suffisamment libre par rapport à son modèle pour se permettre de l’enrichir et de le compléter. Un tel choix confirme l’importance de ce manuscrit aux yeux de son commanditaire et la place occupée par la langue française dans le royaume angevin de Naples.


Édition

L’édition porte sur les deux premiers textes du manuscrit, la Chronique universelle et l’Histoire romaine. Dans la mesure où les textes édités sont des traductions d’œuvres connues, il a paru intéressant de proposer une édition bilingue. Le texte latin adopté est celui de l’édition de Théodore Mommsen pour la Chronique et d’Amadeo Crivellucci pour l’Historia Romana. On en a simplement modifié la disposition en paragraphe pour faciliter la comparaison entre le texte latin et sa traduction.

On trouvera en italique, dans le texte latin, ce que le traducteur a omis et, dans le texte français, ce qu’il a ajouté. L’emploi de petits caractères dans le texte français indique une erreur de traduction ou une traduction très éloignée de la source; seuls les ajouts et les erreurs les plus significatives ont été signalés de cette manière. Les passages ainsi mis en évidence renvoient à un commentaire qui identifie la source de l’ajout ou cherche à comprendre le mécanisme qui a conduit à l’erreur dans la traduction.

L’édition a cherché à respecter les graphies ainsi que les erreurs du manuscrit unique, ne les corrigeant que lorsqu’elles représentaient une gêne pour la lecture et la compréhension du texte.


Annexes

Planches. ­ Listes des gloses et des additions. ­ Réduplication synonymique. ­ Index des noms de lieu et de personne.