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École des chartes » thèses » 2003

L’apostolat par le livre dans l’Extrême-Orient des missions-étrangères au xixe siècle, d’après la correspondance

Livre et mission.


Introduction

Méthode d’apostolat missionnaire privilégiée, la diffusion des livres permettait de satisfaire à ces deux exigences de l’évangélisation que sont le soin des fidèles et la conversion des païens. La Société des Missions-Etrangères a largement fait usage de ce vecteur de la foi au xixe  siècle. Société importante qui envoya quelque 1 400 prêtres en Extrême-Orient pendant cette période, elle était présente aussi bien en Chine et au Vietnam qu’au Japon, en Corée et au Tibet. Son œuvre, héritière de deux siècles de travaux dans cette zone, permet d’avoir une vision d’ensemble des problèmes d’apostolat rencontrés et des solutions apportées.

L’étude de la diffusion des livres s’insère dans une problématique plus vaste : l’évangélisation du xixe  siècle en Asie a été très dénigrée par l’historiographie traditionnelle. Par rapport aux Jésuites de Chine des xvie -XVIII e  siècles et au Père Lebbe, au début du xxe  siècle, dont les méthodes auraient été particulièrement adaptées à l’esprit chinois, les prêtres du xixe  siècle auraient fait une œuvre médiocre, se contentant d’implanter en Orient des procédés occidentaux totalement inadéquats. En mettant en valeur la part de l’adaptation à la pensée orientale et le dynamisme de l’apostolat, l’analyse des livres de mission constitue un angle d’attaque idéal pour aborder le xixe  siècle. Suivre d’amont en aval le circuit du livre ­ conception, production, diffusion ­ permet de souligner toutes les facettes et tous les enjeux de ce type d’évangélisation.


Sources

Les archives missionnaires  — A partir de la seule correspondance, il est possible de retracer les différentes étapes de l’apostolat par le livre. Certes, il n’existe pas de sources manuscrites spécifiques à ce sujet au Séminaire des Missions-Etrangères : ni coutumier d’imprimerie, ni grand mémoire sur l’œuvre des livres. Il faut se contenter de la correspondance qui donne des renseignements qualitatifs et non quantitatifs et qui, par ailleurs, ne permet pas toujours de donner l’évolution chronologique des prises de position au cours du siècle. Les quelque 250 volumes de correspondance entre les missionnaires d’Extrême-Orient, les procures de Chine, le Séminaire de Paris et Rome donnent cependant des informations significatives. Les archives des autres sociétés missionnaires, des Lazaristes comme des Jésuites, sont beaucoup moins riches et n’apportent que de rares éléments de comparaison. Les actes des synodes et les recueils de lettres des vicaires apostoliques permettent de connaître la législation dans le domaine du livre. Pour étudier la production imprimée des missionnaires, il existe quelques bibliographies, notamment celle d’Adrien Launay pour l’ensemble des Missions-Etrangères, ainsi que les catalogues des imprimeries jésuite et lazariste, à titre de comparaison.

Les sources romaines  — Alors que les archives du Séminaire des Missions-Etrangères témoignent de la manière de résoudre les problèmes d’apostolat à la base, celles de la Propaganda fide, congrégation romaine chargée du gouvernement des missions, font appréhender la théorie de l’apostolat selon le Saint-Siège. Ce sont les fonds des Acta, archives des congrégations mensuelles ou annuelles, qui s’avèrent les plus intéressants car ils montrent les décisions de Rome sur les points litigieux soumis par les missionnaires. Les Lettere, minutes des lettres écrites par la Propagande aux missionnaires pour faire exécuter ses décisions, permettent d’expliciter le contenu des différentes résolutions. Quelques autres fonds ont été dépouillés, notamment celui des Sinodi, contenant les actes des synodes, et celui des Collezione d’istruzioni, rassemblant les instructions générales de la Propagande. Les Collectanea, qui recueillent les décisions romaines à l’intention des missions, les complètent.

L’ampleur de ces fonds interdisait tout dépouillement dans les archives du Saint-Office. Cette lacune est compensée par le fait que toutes les décisions prises par cette congrégation suprême à propos des livres litigieux ou des termes chrétiens chinois ont été reprises par la Propagande dans les Acta ou les Lettere. D’autres institutions romaines offrent des fonds intéressants. Le Musée missionnaire et d’ethnographie du Vatican renferme des tablettes xylographiques coréennes qui témoignent des techniques d’impression. La Bibliothèque vaticane conserve la traduction dans toutes les langues de la terre de la bulle Ineffabilis définissant le dogme de l’Immaculée Conception ; la Société des Missions-Etrangères a beaucoup contribué à cette vaste œuvre réalisée dans les années 1860 à la demande de l’abbé Sire, directeur à Saint-Sulpice.

Les archives civiles  — Les archives civiles se sont avérées décevantes, celles du Ministère des affaires étrangères (Paris et Nantes, pour les archives du consulat de Chine), les Archives nationales (Paris et Aix-en-Provence, pour les archives des colonies) ou la Bibliothèque de l’Institut : l’apostolat par le livre se déroulait essentiellement de manière interne aux vicariats apostoliques. En revanche, l’Imprimerie nationale conserve encore dans son Cabinet des poinçons des différents jeux de caractères asiatiques envoyés par les prêtres des Missions-Etrangères ou réalisés sous leur direction ; pour chaque collection de types existe un dossier qui en donne un rapide historique.


Première partie
Les missionnaires et leur conception de l’apostolat par le livre


Chapitre premier
Les missionnaires

Les acteurs : les prêtres des Missions-Etrangères et leur esprit apostolique  — La formation apostolique des prêtres explique en grande partie les choix qu’ils ont pris. Si les cours suivis aux Missions-Etrangères étaient ceux d’un séminaire diocésain classique, certains aspirants ont commencé dès Paris à apprendre le chinois ou le tibétain et à lire des ouvrages sur les civilisations orientales. Cette formation était complétée une fois sur place par la lecture de classiques païens. On est loin de l’image qui voudrait que les missionnaires aient totalement méconnu le terrain où ils exerçaient.

Autant que la formation reçue, l’appartenance au Séminaire des Missions-Etrangères a modelé l’apostolat. A la différence de la Compagnie de Jésus, la Société refusait le recours aux moyens humains ­ attirer les païens par la science notamment ­ pour obtenir la conversion. D’autre part, elle a refusé dès l’origine de faire des concessions sur les rites chinois. Enfin, elle s’est adressée préférentiellement au petit peuple, même si cela n’excluait pas les initiatives pour toucher les lettrés. C’est la conjonction de tous ces aspects qui s’est traduite concrètement dans l’évangélisation par le livre.

Le contexte de leur travail  — Pendant toute une partie du siècle, la religion chrétienne en général et les livres de doctrine en particulier ont été prohibés. L’évangélisation dépendait de l’alternance de persécutions et d’accalmies : les missions ont perdu des missionnaires imprimeurs ou linguistes, elles ont parfois dû suspendre leurs impressions et ont même vu disparaître dans les troubles des unica manuscrits. Dans le régime de paix religieuse qui s’est progressivement imposé au xixe siècle, les missionnaires ont pu imprimer leurs ouvrages en toute liberté. Ils étaient seulement soumis à la législation du pays, notamment au dépôt légal dans la colonie de Cochinchine.

Leurs relations avec Rome  — Les décisions prises sur place ne se comprennent que par rapport à la politique romaine. En matière de livre, la Propagande avait les prérogatives les plus diverses. Elle résolvait les problèmes que lui soumettaient les vicaires apostoliques, par exemple sur l’application de l’imprimatur ou l’autorisation de traduire tel ou tel ouvrage. Elle approuvait les actes des synodes et, aidée du Saint-Office, examinait les livres controversés ainsi que la terminologie chinoise. Elle accordait une importance particulière à l’apostolat par le livre car elle voulait contrôler la pureté de la foi et éviter tout risque de retomber dans les erreurs qui étaient apparues lors de la querelle des rites. C’est dans ce cadre et suivant de grandes étapes que se sont élaborées les méthodes d’apostolat par le livre : du synode du Se-tchoan en 1803 à la fin du xixe  siècle, les décisions ont été mûries et ratifiées par de grandes réunions missionnaires contrôlées par la Propagande.

Chapitre II
La place du livre dans l’apostolat

Le rôle du livre selon les missionnaires  — L’attention portée au livre résultait de différents facteurs : l’habitude de l’utiliser dans les missions, l’importance qui lui a été accordée lors du renouveau catholique en France au xixe  siècle et enfin le rôle qu’il tenait déjà dans l’évangélisation des premiers missionnaires de Chine et du Japon.

Le livre était un moyen efficace pour répondre aux trois finalités de la Société des Missions-Etrangères : former un clergé indigène, prendre soin des néophytes et convertir les païens. Il fournissait aux séminaristes de la mission la base indispensable à leur formation. Il servait à la formation doctrinale et à la nourriture spirituelle des chrétiens. Il permettait enfin de diffuser la doctrine partout où le missionnaire ne pouvait se rendre. Son importance était d’autant plus grande que les Orientaux avaient le culte des lettres. Il formait donc une pièce maîtresse de l’apostolat et certains plans d’évangélisation, comme celui du Père Goutelle, lui ont accordé une place de choix.

Les moyens mis en œuvre  — Pour répondre aux besoins, il fallait appliquer une partie non négligeable des énergies de la mission à l’œuvre des livres. Les vicaires apostoliques se sont beaucoup impliqués dans cet apostolat. Nombreux sont ceux qui ont composé des ouvrages de religion et favorisé le développement des imprimeries. Parfois, ils n’ont pas hésité à dégager un missionnaire du ministère pastoral pour le consacrer entièrement à la rédaction ou à l’impression.

Les sommes affectées à l’œuvre des livres étaient importantes : il fallait rémunérer tous les auxiliaires, les lettrés chargés de la relecture et les imprimeurs laïques, mais aussi payer le matériel nécessaire à l’impression. Si la vente des livres pouvait couvrir en partie les frais de publication, tous ces frais pesaient lourd sur le budget des missions.

Chapitre III
La conception du livre d’apostolat

Le choix d’une langue  — Dans la lignée des Maunoir et des Montfort, les missionnaires ont adopté la langue vernaculaire comme vecteur de la foi. Ils avaient le choix entre la langue écrite, celle des lettrés, et la langue parlée, celle de l’ensemble du peuple. Les premiers Jésuites avaient employé le registre élevé, convaincus qu’ainsi les lettrés auraient une haute idée de la religion alors que si la doctrine était exprimée dans une langue trop populaire, ils la déconsidèreraient. A l’inverse, les prêtres des Missions-Etrangères ont généralement cherché à adopter une langue simple dans le but de se faire comprendre de l’ensemble du peuple. En adoptant ce parti, ils se sont différenciés d’une partie des évêques de Chine, ainsi que de Rome, qui n’était pas favorable à l’adoption d’un style populaire dans les prières. Ils n’ont cependant pas fait disparaître totalement le style des lettrés car ils ont cherché à moduler le niveau de langue suivant le public visé.

Le choix d’une écriture  — Entre les différentes écritures orientales ­ idéogrammes ou écritures alphabétiques ­ et la romanisation, les missionnaires ont choisi une écriture facile à apprendre pour les fidèles. La romanisation a été utilisée en Chine et au Vietnam. Ailleurs, ils ont employé une écriture vernaculaire facile. En Corée, le système alphabétique panjol a été adopté et, au sud du Japon, les missionnaires ont abandonné un temps les caractères chinois pour les remplacer par les symboles kana simplifiés. En faisant ce choix, les missionnaires se sont heurtés à l’opposition des lettrés, hostiles à ces écritures qui vulgarisaient le savoir. Malgré cette tendance générale à user de caractères simples, les caractères chinois étaient toujours utilisés : comme pour le niveau de langue, cela répondait à la volonté de répondre aux besoins spécifiques des élites.

Le choix d’une terminologie  — Pour le vocabulaire spécifiquement religieux, les missionnaires avaient à choisir entre le latin et la langue vernaculaire. Au xixe  siècle, la plupart des termes chrétiens étaient en chinois, mais il en restait quelques-uns en latin ­ par exemple Sepilito Santo pour Spiritus Sanctus. Le danger d’utiliser les termes chinois était que les termes païens christianisés pouvaient être compris de manière erronée par les Orientaux. Les missionnaires ont débattu de ce problème au xixe  siècle. Sauf au Japon où les termes latins ont été gardés pour respecter les coutumes des crypto-chrétiens, les prêtres des Missions-Etrangères se sont prononcés en faveur de la suppression des termes latins qu’ils jugeaient incompréhensibles. Au contraire, Rome et plusieurs évêques d’autres sociétés étaient d’avis qu’il fallait conserver les termes latins, éprouvés par le temps. C’est finalement la position des Missions-Etrangères qui a prévalu puisqu’à la fin du xixe  siècle et au début du suivant ­ sauf peut-être en Cochinchine ­ les termes latins ont été définitivement supprimés.

Le débat sur l’uniformité  — L’uniformité des catéchismes et des livres de prières était, elle aussi, sujette à débat. Une partie des missionnaires était favorable à l’unité des manuels pour que les fidèles, amenés à se déplacer de plus en plus, ne croient pas que la doctrine changeait suivant les lieux. Cependant, d’autres s’y opposaient en arguant que les Chinois se scandaliseraient d’un changement dans des livres qu’ils considéraient comme intangibles. Progressivement, tous les missionnaires ont été acquis à l’idée de l’uniformisation. Rome a freiné leurs initiatives en Chine et au Vietnam, surtout pour les prières où les problèmes de terminologie chrétienne étaient en jeu. Mais l’uniformité a été mise en œuvre à partir de la fin du xixe  siècle.

Ainsi, toutes les options en matière de livres le montrent, les prêtres des Missions-Etrangères ont généralement appuyé des réformes pour adapter l’apostolat à un public populaire. Les lettrés n’étaient pas perdus de vue mais leur évangélisation ne constituait pas une priorité. Les décisions de Rome et de certains évêques d’autres sociétés missionnaires étaient plus conservatrices, préférant garder le fil directeur de la tradition sur les terrains mouvants des rites chinois. Cependant, c’est la position que tenait la Société des Missions-Etrangères qui s’est progressivement imposée.


Seconde partie
La production des livres


Chapitre premier
Du manuscrit à l’imprimé, la composition et la correction des textes

La composition des textes  — La composition de textes était délicate pour les missionnaires du fait que le génie des langues orientales n’était pas du tout adapté à l’expression de la pensée occidentale. Les missionnaires ont donc souvent pris le parti de traduire en coréen ou en japonais des ouvrages chinois ou de remodeler les textes antérieurs. Il leur était plus facile de passer d’une version orientale à une autre que du français et du latin à une langue orientale. En outre, cela leur permettait de faire profiter les chrétiens des textes de valeur préexistants sans avoir besoin d’en rédiger de nouveaux. Pour modifier ou composer leurs livres, les missionnaires se sont fait aider de lettrés indigènes, suivant l’habitude de leurs prédécesseurs et des protestants. Ces auxiliaires étaient des catéchistes, des prêtres indigènes, voire des néophytes. Ils pouvaient être chargés de traduire des textes latins en chinois ou de relire des manuscrits.

Les normes qui régulaient la publication des textes  — Une fois composés, les ouvrages devaient impérativement passer par le contrôle de la hiérarchie. Un décret promulgué en 1770 fournissait le cadre général de la publication des textes pour le XIX e  siècle : les écrits traitant directement ou indirectement de religion ou de matières ecclésiastiques devaient être envoyés à Rome pour examen avant impression ; relevaient du contrôle du vicaire apostolique les petits ouvrages doctrinaux, les catéchismes et les prières à l’usage des fidèles. L’application a été plus souple que la norme. Rome envoya plusieurs indults qui dérogeaient au texte de 1770. Elle donna même aux vicaires apostoliques des pouvoirs d’impression dont on pouvait faire une interprétation large. Mais il fallut attendre la dernière décennie du siècle pour que la législation suive la pratique, avec la constitution générale Officiorum et munerum de Léon XIII en 1897 qui donnait tout le contrôle des publications à l’ordinaire du lieu.

La correction des textes  — Les actes normatifs ne donnent pas l’aune de l’application dans les missions. Dans plusieurs pays, la législation sur l’imprimatur n’était pas appliquée et beaucoup d’ouvrages défectueux circulaient. Les missionnaires ont cherché à y remédier en corrigeant les ouvrages sur le fond : ils ont remanié certains catéchismes et ont expurgé des livres de doctrine de leurs erreurs. La Propagande intervint une fois elle-même en 1851 pour demander la correction de trois ouvrages publiés par les Lazaristes et contenant le terme prohibé T’ien ou des formules orientales trop marquées par les rites chinois. La forme faisait également l’objet de corrections soignées : il était indispensable de respecter le génie de la langue et de donner aux fidèles des ouvrages agréables à lire.

Chapitre II
L’impression des livres

Pour publier leurs ouvrages, les missionnaires ont généralement commencé par s’adresser à des imprimeurs extérieurs, puis ils ont mis en place des ateliers d’imprimerie dans presque tous les vicariats apostoliques. Le système était beaucoup plus sûr lors des persécutions et, en même temps, beaucoup plus souple.

Les missionnaires imprimeurs et leurs ateliers  — Les missionnaires imprimeurs se sont formés de manière moins empirique que ce que l’historiographie ne le donne à penser. Beaucoup ont suivi des cours à Paris durant leur temps de séminaire. C’est ainsi qu’ils ont eu connaissance des techniques nouvelles de la lithographie ou de la zincographie et qu’ils ont appris à fondre les caractères.

Les ateliers dirigés par ces missionnaires étaient de trois types : ils étaient soit agrégés au séminaire de la mission, soit à un orphelinat, soit encore ils étaient autonomes et employaient des chrétiens, des catéchistes et des religieuses indigènes. L’imprimerie de Tan-dinh, en Cochinchine occidentale, employait une trentaine de personnes vers 1885. Les chiffres de tirage sont rarissimes, mais plusieurs indices soulignent qu’ils n’étaient pas négligeables : les commandes de catéchismes par un missionnaire ou celles de Chemins de croix par un procureur atteignaient le millier d’exemplaires.

Les techniques d’impression  — Les techniques de reproduction adoptées étaient fonction des possibilités du vicariat. La copie, malgré son coût et les erreurs des scribe, a perduré dans certaines missions où il était impossible d’établir une imprimerie ou de se procurer des livres ailleurs. La xylographie et la lithographie ont été utilisées pour la remplacer. Ces techniques étaient parfaitement adaptées aux besoins des missionnaires, c’est-à-dire à la reproduction de n’importe quelle écriture orientale et à l’impression de petites quantités au fur et à mesure des besoins. La typographie ne s’est imposée que tardivement car il était difficile de confectionner et de ranger des caractères orientaux si nombreux et complexes. Mais elle représentait un investissement à long terme, une économie de temps et d’argent, ce qui explique sa diffusion assez large auprès des missions catholiques.

L’histoire des imprimeries  — L’histoire des imprimeries missionnaires se décompose en deux phases. Celle qui court jusqu’aux années 1870 a été marquée par de nombreux essais pour moderniser les techniques de reproduction. Ces travaux ont été précoces : la lithographie a été implantée en Orient au début des années 1820 par les Missions-Etrangères, avant les essais protestants semble-t-il. Quant aux caractères mobiles, les tentatives catholiques ont été réalisées en parallèle avec les essais des protestants et des orientalistes. Les prêtres des Missions-Etrangères ont pris une part active à l’innovation et ont même envoyé plusieurs jeux de caractères à l’Imprimerie nationale. Au terme de cette période, presque tous les vicariats possédaient une imprimerie, mais la plupart fonctionnait encore sur le mode artisanal de la xylographie.

A partir des années 1870, les installations se sont développées et modernisées, sous l’impulsion de missionnaires très entreprenants, à la faveur de la relative paix religieuse et de la diffusion de la typographie. C’est dans ce contexte qu’en 1885 a été fondée à Hongkong l’imprimerie générale de Nazareth à l’intention de l’ensemble des Missions-Etrangères. L’histoire des ateliers qui l’ont précédée souligne que cette création n’était pas, comme on le dit souvent, un point de départ dans l’histoire des imprimeries de la Société, mais bien plutôt un aboutissement.

Si l’on se place à la fin du xixe  siècle, les missionnaires catholiques de Chine comptaient au moins neuf imprimeries en 1894, tandis que les protestants en recensaient dix en 1895. La comparaison des chiffres illustre que l’œuvre des livres était aussi importante chez les premiers que chez les seconds.

Chapitre III
La diffusion

La diffusion des textes chrétiens  — Une fois les textes imprimés, il fallait les faire connaître. Certains prêtres se plaignaient d’ignorer les nouveaux travaux publiés. Pour y remédier, des circulaires ou un journal imprimé informaient le vicariat des publications récentes. Des catalogues de livres étaient également diffusés hors de la mission. C’est par ce biais que les autres sociétés missionnaires avaient connaissance des ouvrages publiés par les Missions-Etrangères.

La procure générale de Chine située à Macao, puis à Canton, était chargée de la diffusion des livres d’une mission à une autre. Des courriers acheminaient les ouvrages, parfois au prix d’un long périple. Ils se heurtaient au problème du franchissement des douanes et à celui des fouilles. En temps de persécution, ils faisaient de longs détours pour éviter que l’on ne découvre leur contrebande.

Les échanges de livres entre les missions  — L’apostolat ne se déroulait pas en vase clos et les échanges de livres entre les missions étaient courants. Ils étaient facilités par les idéogrammes, dénominateur commun des missions orientales : la frange lettrée du Japon, de la Corée et du Vietnam ainsi que les minorités chinoises pouvaient les lire, ce qui explique l’intensité des échanges. La carte de la diffusion des ouvrages par la procure générale de Macao-Hongkong dans les années 1840-1860 illustre parfaitement le rayonnement qu’a pu avoir la Société. Les autres sociétés missionnaires ont profité de ses envois. Avec les Lazaristes, les liens ont été très suivis ; un système d’échanges suivant le poids des ouvrages a même été formalisé dans les années 1850. Les rapports avec les Jésuites et les Franciscains de Chine ou les Dominicains du Tonkin ont été plus ponctuels. En-dehors de l’Extrême-Orient, la procure a expédié des livres aux chrétientés chinoises du Cambodge, du Siam et de la Malaisie. Elle a également adressé des ouvrages aux Picpuciens des îles Sandwich et à La Réunion. Ces flux expliquent pourquoi les ouvrages importants se sont diffusés si rapidement et pourquoi il y avait une telle homogénéité dans les textes missionnaires de toute cette zone.

La distribution des livres  — Les missionnaires faisaient en sorte que les livres soient accessibles à tous. En général, les ouvrages étaient vendus ­ quoiqu’on ait des exemples de diffusion gratuite ­, mais leur coût ne devait pas être rédhibitoire. La vente des textes chrétiens était donc souvent déficitaire.

Pour la distribution des textes, toute la communauté chrétienne était mise à contribution. Les prêtres les fournissaient aux fidèles de leur mission ; ils en apportaient également aux chrétientés qu’ils visitaient lors de leurs tournées. Ils étaient relayés dans cette tâche par les catéchistes ambulants et ceux à poste fixe. On rencontre dans les archives une occurrence du terme de « colporteur de livres », mais le terme désigne apparemment un catéchiste ambulant ; en tout cas, il n’évoque pas la distribution massive telle que la concevaient les protestants. Les fidèles enfin étaient chargés de la distribution auprès de leurs proches et connaissances. Pour institutionnaliser la distribution des livres, il ne semble pas que des « sociétés de bons livres » aient été créées à l’instar de celles qui existaient en Occident. En revanche, il existait des bibliothèques de livres chrétiens chinois, mais il n’existe pas de documents sur leur mode d’organisation.


Troisième partie
Les livres produits et leur utilisation


Chapitre premier
Invention de la source

Problèmes de méthode  — Pour étudier les ouvrages utilisés par les Missions-Etrangères ­ et non seulement écrits ou imprimés ­, il faut se reporter à deux types de sources. D’une part, les bibliographies. Dans son Mémorial, dictionnaire bio-bibliographique de la Société, Adrien Launay a recensé une grande partie des publications missionnaires. La Bibliographie coréenne de Maurice Courant pour la Corée et le Kirishitan bunko de Johannes Laures pour le Japon complètent ses indications. D’autre part, on dispose de la correspondance. Elle mentionne des ouvrages disparus à l’époque où les bibliographies ont été publiées. Elle donne également les commandes de livres adressées par les missionnaires à la procure générale. Elle permet donc de connaître les livres réellement utilisés : les missionnaires ne se contentaient pas d’utiliser les ouvrages qu’ils publiaient sur place ­ les seuls qu’indiquent les catalogues de livres ­ mais ils en commandaient beaucoup à l’extérieur.

La mise en série des titres obtenus ne donne pas une liste exhaustive mais une restitution minimale. En conséquence, elle ne permet pas d’utiliser l’argumentum ex silentio pour conclure à la non-diffusion d’un ouvrage quand il n’y en a aucune trace dans les sources. Inversement, elle est suffisamment étoffée pour permettre de dégager les grandes catégories d’ouvrages utilisés et les titres qui reviennent le plus souvent.

Un fond commun à tout l’Extrême-Orient  — Les titres relevés montrent que toutes les missions d’Extrême-Orient utilisaient un fond commun, celles des Missions-Etrangères ­ de la Malaisie à la Corée ­ comme celles des Jésuites, des Lazaristes et des Dominicains. On retrouve en effet partout les mêmes familles d’ouvrages. Ces catégories sont caractéristiques des missions catholiques, avec la primauté accordée au catéchisme et au livre de prières. Elles sont caractéristiques aussi du xixe  siècle : on y retrouve les même dévotions et les mêmes pratiques que celles diffusées en France à la même époque ; contrairement aux écrits jésuites des siècles précédents et conformément au principe de la vanité des moyens naturels d’apostolat, elles ne comptent pas d’ouvrages de science ; enfin, à la différence du xixe  siècle, le xixe  siècle n’a pas développé un apostolat par la presse, sinon à partir des années 1870-1880. On retrouve plus précisément les mêmes titres partout. Il s’agit notamment des textes hérités des missions chinoises des siècles précédents mais aussi de traductions d’ouvrages occidentaux. Cela témoigne du rayonnement de la littérature chrétienne chinoise et de l’exportation des modèles occidentaux dans les missions d’Extrême-Orient.

L’attachement à la tradition  — Les titres relevés témoignent de l’étonnante pérennité des textes anciens. La périodisation des ouvrages suivant leur date de composition épouse l’histoire des missions de Chine : elle montre en effet la prédominance des textes jésuites (1583-1669), puis la diversification des auteurs (1669-1723), le creux dû au déclin et à l’expulsion de la Société de Jésus (1723-années 1770), le relatif développement de la littérature des Missions-Etrangères suivi d’un nouveau creux dans la composition d’ouvrages (années 1770-1860) et le renouveau des missions (à partir de 1860).

L’explication du maintien des ouvrages anciens par la facilité de réimprimer des ouvrages plutôt que d’en composer des nouveaux est avérée mais ne se suffit pas à elle-même. On constate que les missionnaires recherchaient positivement les ouvrages anciens, non seulement pour leur valeur intrinsèque, mais en raison de leur ancienneté : pour eux comme pour Rome, la tradition était un critère de valeur.

Chapitre II
Typologie des ouvrages

Les ouvrages de doctrine  — Du catéchisme à la Vie de Jésus, les missionnaires ont diffusé un ensemble de textes doctrinaux assez diversifié. La transposition des ouvrages occidentaux leur était facile car les missions d’Orient avaient les mêmes besoins en catéchismes ou en histoires bibliques que les paroisses d’Europe. Plusieurs catéchismes ont repris le plan des manuels tridentins en vogue en France au xixe  siècle. Des histoires bibliques ont été traduites du français ou du latin. Mais les textes comme les plans étaient quelque peu remaniés.

Les Missions-Etrangères ont accordé une grande importance à la traduction de la Bible, quoique Rome n’ait pas encouragé ces initiatives, refusant au début du siècle l’impression d’une version de l’Ecriture sainte élaborée par le Père de Poirot, SJ. C’est davantage sous la forme des Evangiles et des histoires saintes que sous celle du texte intégral que l’Ecriture sainte a été diffusée.

Les livres d’apologétique  — Pour toucher les païens, les missionnaires ont diffusé une série d’ouvrages apologétiques adaptés aux religions orientales. Plusieurs méthodes étaient possibles : celle du Père Ricci qui consistait à voir ce que le catholicisme avait de commun avec le confucianisme et ainsi faciliter les conversions ; elle était dangereuse dans la mesure où elle pouvait gommer les dogmes chrétiens et mener au syncrétisme. Une autre consistait à prouver le christianisme par lui-même. Une troisième était offensive et réfutait les fausses croyances. Contrairement à ce qu’estime l’historiographie traditionnelle, les missionnaires du XIX e  siècle ne se sont pas cantonnés à une tabula rasa en utilisant simplement la méthode offensive. Un même missionnaire et un même texte pouvaient utiliser simultanément ces trois argumentaires.

Mais l’emploi de la méthode Ricci a suscité une controverse autour d’un petit ouvrage publié par les Missions-Etrangères, le Chen kiao li tchen( Preuves de la religion chrétienne). La Propagande a tranché l’affaire en permettant le recours aux citations d’auteurs païens. Mais on sait par un autre texte qu’elle ne recommandait pas cette méthode, ce qui semble contradictoire. La question de la légitimité des citations de classiques chinois dans une optique d’apologétique, selon Rome et selon les missionnaires, reste à approfondir.

Le livre, instrument de la vie chrétienne  — Les manuels qui servaient de support à la vie religieuse étaient de différentes sortes, selon le temps qu’ils marquaient : que ce soit la journée avec les manuels de prières, l’année liturgique avec les calendriers et les lectures des dimanches et fêtes, ou la vie chrétienne avec les textes préparant à la réception des sacrements. Permettant de rendre le culte dû à Dieu par la prière, d’obéir à ses préceptes en respectant le jeûne et l’assistance à la liturgie dominicale et de bénéficier de sa grâce en recevant les sacrements, ils christianisaient le temps cyclique et le temps linéaire de la vie du fidèle.

Les ouvrages de dévotion et de spiritualité  — Les missionnaires propageaient au milieu de leurs chrétiens les mêmes dévotions que celles diffusées en France mais en leur donnant une assise orientale, par exemple en développant les pèlerinages mariaux locaux et en instaurant le culte des martyrs orientaux. Ils employaient également beaucoup d’ouvrages de spiritualité d’Occident, l’ Imitation au premier chef, mais aussi l’ Introduction à la vie dévote ou le Pensez-y bien du Père Barry. Parmi ces textes ascétiques aussi bien que mystiques, il n’y avait pas de prédominance de tel ou tel courant de spiritualité : la spiritualité affective de saint François de Sales coexistait avec l’anéantissement prôné par la doctrine de l’Ecole française de spiritualité. En tout cas, l’imprégnation de la spiritualité occidentale dans les missions d’Orient par le biais de ces traductions est indéniable.

Le fait que les mêmes titres, les mêmes dévotions, les mêmes pratiques et parfois les mêmes plans que ceux en usage en France aient été employés montre que le modèle occidental a été transféré en grande partie en Asie. Cependant, les missionnaires y ont ajouté une empreinte typiquement orientale ; il serait très intéressant de se reporter à l’étude des textes eu-mêmes pour affiner ce constat.

Chapitre III
L’utilisation des livres

Les chrétiens : quelle place faisaient-ils au livre dans la vie chrétienne ?  — Le livre étati employé dans les écoles chrétiennes, lors de la catéchisation des adultes et lors des assemblées chrétiennes. Il était dons le support obligé de la vie chrétienne.

Les chrétiens : lisaient-ils d’autres livres que ceux prescrits ?  — Selon plusieurs témoignages, les chrétiens ne lisaient pas autre chose que les livres de base. Les missionnaires l’expliquaient par leur indolence et leur manque d’instruction. En tout cas, les catéchistes et les vierges chrétiennes étaient les principaux utilisateurs des textes chrétiens. Des fidèles pieux et assez instruits se procuraient des livres de saints ou des commentaires des Evangiles des dimanches. Au Tonkin occidental, il existait même une « institution créée pour enseigner les lettres chinoises aux chrétiens annamites » ; mais il est difficile de savoir si son but était l’apprentissage des lettres chinoises par le biais seulement des philosophes classiques chinois ou si elle s’appuyait aussi sur la littérature chrétienne. En tout cas, elle ne visait pas spécifiquement l’étude des textes de religion.

Mais que les textes chrétiens soient lus par l’ensemble de la communauté chrétienne ou par les catéchistes ou les vierges seulement importe somme toute assez peu : le livre n’était qu’une étape vers la transmission orale. Par le biais de la lecture à voie haute lors des assemblées et des différents enseignements, les fidèles ont profité des livres qu’ils ne lisaient pas personnellement.

Les païens : étaient-ils convertis par le livre ?  — L’impact de la littérature chrétienne sur les païens, s’il est difficile à quantifier, ne doit pas être surestimé. Certains missionnaires doutaient que les ouvrages apologétiques eussent quelques effets. Il n’en est pas moins vrai que la correspondance donne des témoignages indubitables de conversion par le livre. La Corée en offre l’exemple le plus spectaculaire : c’est sans missionnaires, mais grâce aux livres chrétiens et à la prédication de quelques néophytes que la foi s’y est propagée. Ce moyen d’apostolat était particulièrement adapté aux classes supérieures, qui accordaient une grande importance à l’écrit. En revanche, les lettrés étaient les plus difficiles à convertir : s’ils adhéraient au catholicisme en temps de prohibition de la religion, ils devaient abandonner en même temps leur hautes charges, un chrétien ne pouvant se prêter aux rites chinois et familiaux.

Le livre dans les mentalités : un symbole  — Par son omniprésence, le livre était un instrument essentiel dans le maintien de la foi, et les chrétiens en étaient conscients ; on le voit à l’ingéniosité qu’ils déployaient pour les dissimuler pendant les persécutions. Au-delà de l’instrument permettant le maintien de la vie chrétienne, les chrétiens voyaient dans le livre un symbole de la vraie foi. Ils ne concevaient pas qu’on puisse y apporter des changements sans toucher à la foi elle-même. Les sources montrent un grand attachement au livre, non pour lui-même, mais pour ce qu’il représentait : la vérité de la foi et la morale salvatrice.

Pour les païens, le livre était aussi porteur de symbole : il était un des objets que l’ont présentait aux prisonniers pour qu’ils les renient. Désavouer le livre était synonyme d’apostasie. On sait en outre que certains chinois attribuaient une valeur magique au livre. Des témoignages racontent qu’ils redoutaient les écrits chrétiens pour leur pouvoir convaincant et les conversions qu’ils entraînaient.

De l’ensemble de ces utilisations, il ressort qu’il était fait des ouvrages une lecture intensive, habitude qui correspond bien à la culture chinoise et que les missionnaires ont reprise à leur compte. Ce mode de lecture donne la mesure de l’imprégnation que le christianisme a pu avoir par le biais des livres.


Conclusion

Pour résumer l’œuvre d’évangélisation par le livre des Missions-étrangères, il n’est qu’à prendre comme référence la grande entreprise de traduction de la bulle Ineffabilis dans toutes les langues de la terre. Elle met en valeur la modernité du XIX e  siècle en matière de linguistique et d’imprimerie et montre que, contrairement à ce qu’avance l’historiographie traditionnelle, l’évangélisation a été très active à cette époque. Les grandes imprimeries, les décisions en matière de livre et l’utilisation de la presse remontent en effet au xixe  siècle.

Echo d’un acte d’Eglise dans les missions d’Extrême-Orient, la traduction de la bulle a été déclinée selon les usages de chaque pays, symbole de ce qui se pratiquait dans l’apostolat : les missionnaires ont adapté dans une certaine mesure leur prédication aux cultures asiatiques. La question mériterait d’être approfondie par l’étude des textes eux-mêmes, notamment ceux d’apologétique. Mais cette étude montre déjà qu’il serait réducteur de définir les méthodes du xixe  siècle exclusivement par la tabula rasa.

Cependant, si adaptation il y a eu, elle est pragmatique et ne remettait pas en question le modèle occidental. Les missionnaires ont implanté de manière intégrale l’idéal chrétien, souvent antithétique de la mentalité orientale. Ils ont demandé à leurs chrétiens un détachement vis-à-vis de beaucoup de leurs conceptions, une « modification évangélique ». les résultats se traduisent dans les chiffres : alors que l’on ne comptait que quelque 50 000 chrétiens au début du xixe  siècle, leur nombre avait décuplé à la fin du siècle. On ne peut nier que les méthodes d’apostolat par le livre y aient contribué pour une part importante.


Annexes

Dictionnaire biographique des vicaires et préfets apostoliques des Missions-Etrangères ayant joué un rôle dans l’apostolat par le livre au xixe  siècle. ­ Réponses faites au questionnaire de 1869 par les vicaires apostoliques d’Extrême-Orient au XIX e  siècle. ­ Tableau des catégories d’ouvrages communs à l’Extrême-Orient au xixe  siècle. ­ Jalons de l’histoire des imprimeries des Missions-Etrangères au xixe  siècle. ­ Liste de quelques bibliothèques occidentales conservant des livres imprimés par les Missions-Etrangères.


Iconographie

Photographies de tablettes xylographiques coréennes. ­ Lithographie d’une installation lithographique. ­ Photographies de l’imprimerie de Nazareth. ­ Reproduction de pages d’ouvrages en japonais, annamite, chinois et tibétain.