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École des chartes » thèses » 2004

La vie musicale à l’ ospedale di San Lazzaro e dei Mendicanti, à Venise (1600-1797)


Introduction

Les ospedali vénitiens, célèbres au xviiie siècle pour la qualité des concerts que donnaient les orphelines qui y étaient recueillies, n’intéressèrent que tardivement les historiens. Ces institutions étant à la fois des hôpitaux, des hospices, des orphelinats et des conservatoires avant la lettre, elles suscitèrent toutefois l’intérêt des chercheurs en histoire sociale et des musicologues à partir des années 1970. Brian Pullan et Bernard Aikema s’y intéressèrent dans le cadre de leurs travaux sur la bienfaisance à Venise, tandis que Denis Arnold, Pier-Giuseppe Gillio, Madeleine Constable et Marc Pincherle étudiaient la place des ospedali dans l’histoire de la musique religieuse vénitienne. Si les quatre ospedali vénitiens (Santa Maria della Pietà, les Incurabili, les Derelitti ou Ospedaletto et San Lazzaro dei Mendicanti) ont donné lieu à des articles, l’intérêt apparaît nettement plus marqué pour celui de la Pietà, en raison de la présence d’Antonio Vivaldi, qui y enseigna entre 1703 et 1738. En revanche, l’ ospedale des Mendicanti n’avait fait l’objet d’aucune étude monographique, malgré la présence dans ses murs de musiciens exceptionnels, tels que Baldassare Galuppi ou Ferdinando Bertoni, et le nombre important de témoignages enthousiastes de contemporains, parmi lesquels Jean-Jacques Rousseau, Johann Wolfgang von Goethe, le président de Brosses ou encore Charles Burney. Tous louaient la qualité des musiciennes, à la fois chanteuses et instrumentistes, qui y étaient hébergées. L’étude de la vie musicale dans cet ospedale entend donc s’intéresser à l’aspect artistique du sujet, mais aussi à l’aspect institutionnel : il s’agit d’étudier un groupe de personnes au sein d’une institution particulière, dédiée en partie à la musique, à une époque où “ l’affolement de la nation pour cet art est inconcevable ” (Charles de Brosses).


Sources

Les archives de l’ ospedale des Mendicanti, conservées précieusement par les notaires de l’institution, ont été dispersées lors de la chute de la République de Venise, en 1797. Les archives musicales, partitions, solfèges et autres livres de musique, ont toutes été perdues, mais les registres et les papiers divers produits et reçus par l’institution durant les deux cents ans de son existence ont été en grande partie préservés. Les registres, les commissarie(exécutions testamentaires) et quelques documents épars sont détenus par l’Istituto di Ricovero e di Educazione (I.R.E.), à Venise, sous la côte Men ; le fonds est constitué de onze cartons et cinq registres intitulés Notatori, résumés dans trois Catastici e rubriche. L’Archivio di Stato de Venise conserve également des documents relatifs à l’histoire de l’ ospedale des Mendicanti, dans les fonds Ospedali e Luoghi pii diversi et Provveditori sopra Ospedali e Luoghi pii diversi  : on y trouve principalement les parti, brouillons des délibérations de la congrégation de l’ ospedale, et divers documents annexes ; ces deux fonds de l’Archivio di Stato de Venise ont également fourni des documents comptables forts précieux pour cette étude, en particulier des factures de luthiers et des quittances signées par les professeurs de musique. Le fonds Atti antichi ospedali, conservé à Venise, à la Biblioteca di San Marco (Ospedali Civili Reuniti) s’est également révélé fort intéressant. Enfin, des sources annexes, en particulier des livrets de motets et d’oratorios, ont été consultées dans diverses bibliothèques vénitiennes, en particulier celle du Musée Correr, celle de la Casa di Goldoni et bien entendu la Biblioteca Nazionale Marciana.


Première partie
Une institution vénitienne spécifique


Chapitre premier
Venise, “ sede della musica ”

La chapelle ducale. ¯ L’église de Saint-Marc, chapelle privée du doge, fut le principal centre d’activité musicale jusqu’à la fin du xvie siècle. Le lien entre musique, religion et représentation de l’État était extrêmement fort, la musique devenant petit à petit partie intégrante du “ mythe de Venise ”. Les musiciens de la chapelle ducale étaient recrutés sur concours, ce qui permettait de s’assurer de la qualité supérieure des compositeurs et des exécutants. Le poste le plus élevé, celui de “ maître de chapelle ”, fut de plus en plus souvent occupé par d’anciens professeurs des ospedali, parmi lesquels Baldassare Galuppi.

La musique sacrée dans les autres institutions vénitiennes. ¯ Dans sa Guida de’Forestieri, Vincenzo Coronelli fournit un calendrier des offices liturgiques de la ville, en précisant quelles étaient les églises où ces offices étaient célébrés en musique. Plus encore que les églises paroissiales, les églises conventuelles étaient réputées pour la qualité de leurs musiciens, notamment Santa Maria Gloriosa dei Frari et Santi Giovanni e Paolo. Les scuole, associations religieuses d’origine médiévale, furent également un lieu d’épanouissement de la musique vénitienne jusqu’au début du xviie siècle.

Les théâtres. ¯ L’apparition du théâtre public à Venise, en 1637, démocratisa une certaine forme de spectacle vouée à une brillant avenir. En 1652, Venise comptait déjà vingt théâtres, qui jouaient des drammi per musica, des drammi giocosi, puis de plus en plus souvent des opéras, opera seria ou opera buffa. Gérés par des impresarios, ils appartenaient tous à de puissantes familles patriciennes qui en tiraient des revenus non négligeables.

La musique exécutée dans la sphère privée : les “ académies ”. ¯ Au xviiie siècle, le terme “ académie ” pouvait qualifier un cercle littéraire ou scientifique, mais également une soirée musicale de très haut niveau qui pouvait se tenir chez un compositeur, dans une maison bourgeoise ou chez un patricien. Les cantatrices les plus en vue s’y produisaient, et il n’est pas impossible que les filles des ospedali y aient quelque fois chanté.

Chapitre II
Une institution inspirée des préceptes tridentins

La politique de Venise en matière de bienfaisance. ¯ Sous l’impulsion du concile de Trente, les autorités vénitiennes tâchèrent d’endiguer le flot de mendiants en promulguant des “ lois sur les pauvres ”, mais également en soutenant des institutions privées qui venaient en aide depuis le Moyen-Âge à toutes sortes de miséreux. Si la majorité des scuole et des ospizi, ainsi qu’une partie des ospedali, existaient depuis l’époque des croisades, ces institutions furent toutes profondément réorganisées au XVI e siècle.

Les origines de l’ ospedale di San Lazzaro e dei Mendicanti . ¯ L’ ospedale di San Lazzaro, fondé vers 1182, avait été créé pour secourir les lépreux. Implanté à l’origine dans la paroisse de Saint-Gervais et Saint-Protais, il avait été transféré dès 1262 sur l’île de San Lazzaro, à quelques encablures de Venise. A la fin du XVI e siècle, le Sénat imita l’exemple de Bologne en dédiant cet ancien lazaret à l’accueil des mendiants, suivant en cela les préceptes du concile de Trente. L’ ospedale accola donc le terme de “ Mendicanti ” à celui de “ San Lazzaro ”, s’inscrivant ainsi dans la continuité de l’hôpital médiéval tout en affirmant sa nouvelle vocation.

De nouveaux bâtiments pour une institution profondément réorganisée. ¯ L’ ospedale fut transféré dans la ville de Venise, sur les Fondamente Nuove, dans de nouveaux bâtiments financés par des particuliers, notamment certains gouverneurs de l’institution. Le nouveau bâtiment, dont la construction s’échelonna de 1601 à 1631, fut conçu et réalisé par plusieurs architectes, parmi lesquels le célèbre Vincenzo Scamozzi.

Chapitre III
La structure institutionnelle et le cadre administratif

Une structure organisationnelle complexe, inspirée du monachisme et imitée des autres ospedali . ¯ L’organisation de l’ ospedale des Mendicanti, très hiérarchisée, s’inspirait à la fois de la règle monastique et des statuts des autres ospedali vénitiens, tous écrits avant 1619, date de la rédaction des premiers statuts (ou Capitoli) de l’ ospedale des Mendicanti.

Présidents et gouverneurs. ¯ Les quatre présidents de la congrégation étaient au sommet de la hiérarchie de l’ ospedale. La congrégation, autorité décisionnelle de l’institution, était constituée de tous les gouverneurs, élus chaque année le 2 février. Certains d’entre eux étaient chargés de comités spécifiques, parmi lesquels se trouvait le chœur. Ces députés au chœur étaient, avec les députés chargés des filles, les principaux acteurs de l’organisation de la vie musicale à l’intérieur de l’ ospedale.

Le cadre administratif. ¯ L’ ospedale des Mendicanti jouissait d’une relative autonomie vis-à-vis de l’Église de Rome, mais était étroitement lié aux autorités religieuses vénitiennes, notamment au patriarche. De plus, l’institution avait des liens étroits avec les Somasques, congrégation fondée par Girolamo Miani au début du xvie siècle. L’ ospedaleétait également étroitement lié aux autorités civiles de la Sérenissime par le biais des gouverneurs, qui appartenaient souvent aux familles patriciennes de Venise. A la fin des années 1770, ces rapports devinrent plus étroits encore puisque les quatre ospedali vénitiens, en faillite, furent mis sous la tutelle d’un “ Magistrat de provéditeurs aux Hôpitaux et aux lieux pieux ” : c’était dorénavant l’État qui gérait ces institutions.


Deuxième partie
Lieux et temps de la musique à l’ ospedale des Mendicanti


Chapitre premier
Les modèles : les autres ospedali vénitiens

La musique à l’ ospedale de la Pietà. ¯ Cet ospedale, fondé au milieu du xive siècle, semble avoir été le premier où l’enseignement de la musique soit devenu systématique. Créé pour recueillir tous les enfants abandonnés de Venise, c’est celui des quatre ospedali qui avait le chœur le plus fourni. Réputé pour la qualité de ces instrumentistes, il compta Francesco Gasparini, Niccolò Porpora, Bonaventura Furlanetto et Antonio Vivaldi parmi ses professeurs et forma la cantatrice Faustina Bordoni.

La musique à l’ ospedale des Derelitti. ¯ Cet ospedale fondé en 1528 par Girolamo Miani semble s’être doté très tôt d’un chœur féminin. Au xviiie siècle, une salle de musique y fut construite, tandis que plusieurs Napolitains y tenaient le rôle de maître de chœur, entraînant la modernisation du style de la musique liturgique de l’institution et contribuant à ouvrir la musique vénitienne aux maîtres venus du Sud.

La musique à l’ ospedale des Incurabili. ¯ L’institution, créée vers 1520 pour accueillir les syphilitiques, se dota d’un chœur plus tardivement. Cependant, la qualité des musiciennes est attestée par les témoignages de nombreux mélomanes, dont Giovanni Battista Casotti, Martin Folkes ou Charles de Brosses. Le déclin de cette institution puis sa faillite, en 1777, furent à l’origine de la décadence des quatre ospedali vénitiens.

Chapitre II
La naissance du chœur de l’ ospedale des mendicanti : la musique au quotidien

L a musique, accompagnement des offices religieux ordinaires. ¯ La vie quotidienne dans les ospedaliétait organisée autour des offices religieux, pour l’accompagnement desquels l’apprentissage de la musique était fondamental. A l’origine, les orphelines hébergées dans l’institution recevaient donc une instruction musicale dans le seul but d’accompagner la liturgie.

Le développement de l’instruct ion musicale. ¯ Entre 1600 et 1620, les gouverneurs se montrèrent hésitants à financer une activité musicale qui leur semblait fort coûteuse. La mise en place de l’école de musique fut donc lente, le premier maître de chœur, Carlo Fillago, n’étant engagé que dans les années 1630. A cette date, les gouverneurs avaient compris tout le parti que pouvait tirer l’institution d’une activité musicale florissante, qui attirait en grand nombre les visiteurs et les incitait à se montrer généreux, en faisant l’aumône ou en faisant de l’ ospedale un de leurs légataires.

Les moments forts de la vie religieuse et l’apparition de l’oratorio. ¯ Si certaines célébrations sacrées pouvaient prendre place au moment du Carnaval, les temps forts de la vie religieuse étaient surtout le Carême et la Semaine sainte. Chaque année, un nouvel oratorio était composé pour le triduum sacrum par le maître de chœur de l’ ospedale. Aux Mendicanti, on célébrait également avec une pompe toute particulière la fête de Marie-Madeleine, pour laquelle un oratorio était également composé.

Chapitre III
Fêtes et cérémonies particulières : lorsque les “ servantes de la musique ” jouaient les divas…

L’existence d’un répertoire profane aux Mendicanti ? ¯ Le répertoire du chœur de l’ ospedaleétait en théorie exclusivement sacré mais on sait que les musiciennes ont quelquefois interprété un répertoire profane. Ainsi, une œuvre intitulée Carnevale per le Putte de’Mendicanti, en style burlesque, semble avoir été exécutée par les filles du chœur en 1750. Néanmoins, ce type d’œuvres était conçu pour être exécuté exclusivement dans la sphère privée, à l’intérieur des murs de l’ ospedale, l’accès aux scènes publiques étant rigoureusement interdit aux pensionnaires des ospedali.

Les concerts organisé s pour des particuliers. ¯ Au xviiie siècle, il arriva à plusieurs reprises que les ospedali ouvrent leurs portes à des hôtes de marque et organisent en leur honneur des concerts. Charles Burney et Jean-Jacques Rousseau eurent cet honneur, ainsi que Maximilien-Emmanuel, électeur de Bavière.

Les fêtes organisées à l’occasion de la visite de personnages illustres. ¯ Les quatre ospedali vénitiens s’associèrent également aux fêtes politiques et religieuses organisées par la République lors de la venue de souverains étrangers. Divertissements profanes et religieux se mêlaient, parmi lesquels, de plus en plus souvent, un concert donné par les meilleures musiciennes venues des quatre ospedali. Le concert donné à l’Accademia Filarmonica en l’honneur du “ Comte et de la Comtesse du Nord ” le 20 janvier 1782, qui mobilisa quatre-vingts musiciennes, fut immortalisé par Francesco Guardi et Gabriel Bella.


Troisième partie
Le personnel lié à la musique : les musiciennes et les professeurs


Chapitre premier
Les filles du choeur, chanteuses et instrumentistes

Figlie di coro, figlie di spese, figlie di educatione : qui sont les musiciennes à l’ ospedale des Mendicanti ? ¯ Le chœur de l’ ospedale des Mendicanti compta en moyenne soixante-quinze musiciennes, toutes choisies à l’origine parmi les orphelines recueillies dans l’institution. Avec le temps, les élèves payantes, appelées figlie di spese et/ou figlie di educatione, furent de plus en plus nombreuses, tandis que des quotas étaient institués et que les critères d’admission évoluaient, les gouverneurs opérant un véritable recrutement des musiciennes sur des critères de talent et non plus de pauvreté. C’est ainsi qu’au xviiie siècle, le chœur n’était plus constitué uniquement d’orphelines, bien au contraire.

La vie quotidienne et l’éducation musicale. ¯ La vie quotidienne des musiciennes de l’ ospedaleétait organisée par des règles qui limitaient strictement les rapports entre les filles du chœur et le monde extérieur. Malgré les avantages particuliers dont elles jouissaient (revenus non négligeables, dispense totale ou partielle de participation aux travaux ménagers ou artisanaux), les musiciennes se montraient parfois fort indisciplinées. En 1783, Andrianna Ferrarese et Bianca Sacchetti tentèrent ainsi de s’enfuir de l’ ospedale pour aller chercher fortune comme cantatrices.

La carrière ultérieure. ¯ Les musiciennes qui choisissaient de rester toute leur vie à l’ ospedale devenaient généralement maestre(professeurs de musique) et parfois prieure. Ce poste à hautes responsabilités était l’un des plus importants auquel pouvait prétendre une Vénitienne d’extraction modeste. Les musiciennes qui le souhaitaient pouvaient également quitter l’ ospedale pour entrer en religion ou se marier, pour peu qu’elles aient servi le chœur pendant dix ans et qu’elles aient appris la musique à deux petites filles, et à la condition expresse qu’elles ne se produiraient jamais sur les scènes de théâtre. Deux musiciennes contrevinrent à cette règle, Lelia Achiappati et Maddalena Lombardini, la seule compositrice issue de l’ ospedale des Mendicanti, et se produisirent dans toute l’Europe.

Chapitre II
Les musiciens extérieurs : maestri et compositeurs

Différents types de professeurs. ¯ Dans chaque ospedale, on trouvait un maître de chœur ( maestro di coro), un organiste, un professeur d’instruments ( maestro di strumenti) et divers professeurs spécialisés. Aux Mendicanti, il y eut ainsi un professeur de solfège ( maestro di solfeggio), un maître de chant et de “ manière ” ( maestro di canto e di maniera) et un professeur d’épinette ( maestro di spinette), mais seulement par intermittence.

Les différents maîtres qui se sont succédés. ¯ Au début du xviie siècle, les professeurs engagés aux Mendicanti étaient tous Vénitiens, mais dès 1676, on observa une ouverture sur les autres villes italiennes, tandis que le recrutement tendit à s’étendre à l’étranger au XVIII e siècle. Néanmoins, les gouverneurs de l’ ospedale des Mendicanti semblent s’être moins ouverts aux maîtres venus du Sud que ceux des autres ospedali, puisqu’à la fin du siècle furent engagés Baldassare Galuppi puis Ferdinando Bertoni, qui représentaient parfaitement la tradition vénitienne.

Typologie des œuvres. ¯ L’étude des livrets de motets et d’oratorios composés pour l’ ospedale des Mendicanti permet de réaliser que les sources d’inspiration principales des compositeurs furent certains livres de l’Ancien Testament, même si l’on observe un recentrage sur le Nouveau Testament à partir de 1750. Le style des œuvres évolua également au cours du temps, tandis que la diversification des instruments donnait aux compositeurs une plus grande liberté. On trouve ainsi aux Mendicanti des instruments incongrus, souvent issus de la musique profane, telle la trompette de chasse. Cette évolution, qui s’explique en partie par les liens qu’entretenaient les maîtres de chœur avec les théâtres de Venise pour lesquels ils composaient de la musique profane, ne fut pas toujours du goût des autorités religieuses et civiles de la République, qui tentèrent à plusieurs reprises, mais sans succès, de maintenir la musique sacrée exempte de toute influence profane.


Conclusion

Si la chute de la République de Venise sonna la fin des ospedali, qui agonisaient depuis vingt ans, ces institutions marquèrent durablement l’histoire de la musique et de son enseignement en Europe. En effet, les ospedali vénitiens furent les ancêtres des conservatoires modernes, au même titre que les conservatori napolitains qui leur donnèrent leur nom. Les analogies entre les deux types d’institutions sont réelles, même si les orphelinats vénitiens n’enseignaient la musique qu’aux jeunes filles, et leurs homologues napolitains se consacraient exclusivement aux jeunes garçons. Devenus célèbres pour avoir fourni des castrats à l’Europe entière, les orphelins y apprenaient la musique profane, contrairement aux orphelines des ospedali, consacrées à la musique sacrée. Une étude plus générale des institutions dédiées à l’enseignement de la musique en Italie et une comparaison avec leurs homologues européens serait souhaitable pour compléter cette étude monographique. En outre, des recherches plus purement musicologiques qui se concentreraient sur les partitions des œuvres composées pour les ospedali vénitiens éclaireraient certainement le sujet, de même qu’une étude systématique de la diffusion de ces œuvres dans l’espace européen.