Le grand maréchal du Palais et son service : le rôle de Géraud-Christophe-Michel Duroc (1804-1813)
Introduction
Le sénatus-consulte organique du 28 floréal an XII (18 mai 1804), texte fondateur de l’Empire, prévoyait une “ organisation du palais impérial conforme à la dignité du trône et à la grandeur de la nation ” (tit. III, art. 14). Les cadres en sont définis dans le décret du 28 messidor an XII (17 juillet 1804), intitulé “ Organisation et administration du Palais impérial ”. Dans ce texte, figure la description de l’organisation générale de la Maison de l’Empereur. Elle s’inspire de différents modèles français et européens, dont le plus prégnant est la Maison du Roi telle qu’elle existait à la fin de l’Ancien Régime. Cette institution, à travers ses différents services, a pour vocation d’organiser la vie de cour, et d’y pourvoir ; elle est également constitutive de la cour impériale. L’administration des biens de la Couronne lui revient par ailleurs. En son sein, le service du grand maréchal du Palais occupe une place prépondérante, en raison des attributions étendues qui sont confiées à ce grand officier civil de la Couronne, qui relèvent des aspects pratiques de la vie de cour comme de l’entretien des biens de la Couronne. La personnalité de son titulaire, le général Géraud-Christophe-Michel Duroc, grand maréchal du Palais de 1804 jusqu’à sa mort en 1813, est également pour beaucoup dans l’importance prise par cette fonction dans la Maison de l’Empereur. Ce proche de Napoléon Bonaparte reçoit en effet de multiples missions sous le Consulat puis sous l’Empire, ce qu’il convient de mettre en valeur, afin de définir les contours d’un cercle restreint d’intimes qui occupent plusieurs postes et bénéficient d’un grand crédit.
Sources
Les très riches archives produites dans le cadre du fonctionnement de la Maison de l’Empereur et conservées aux Archives nationales dans la sous-série O2 , n’avaient pas encore été exploitées dans le but de décrire l’organisation et le fonctionnement de cette institution. Les archives relatives au grand maréchal du Palais et à son service ne représentent qu’une petite partie de cette masse archivistique, et sont composées pour l’essentiel, de correspondances, d’états de dépenses et de registres de comptes. Il a été nécessaire de les compléter par les archives des autres services de la Maison de l’Empereur, avec lesquels le grand maréchal du Palais avait des relations, dont les services des grands officiers civils de la Couronne, de l’intendant général de la Maison de l’Empereur et du trésorier général de la Couronne, ainsi que l’intendance des bâtiments de la Couronne et le garde-meuble. Les archives relatives au Domaine étranger constituent également une source importante pour la connaissance de l’organisation des palais situés en Italie, en Belgique et en Hollande. Le classement des différentes parties du fonds est inégal, ce qui rend plus difficile l’approche de certains domaines. Il a également fallu faire appel aux textes fondateurs de cette institution dont certains sont conservés dans la sous-série AF IV, et aux archives privées de ses différents acteurs, dont le général Géraud-Christophe-Michel Duroc.
La Bibliothèque nationale de France possède également de nombreux documents relatifs à la Maison de l’Empereur, conservés au département des manuscrits occidentaux et reliés dans vingt-quatre recueils cotés Fr. 6577 à 6600. Par ailleurs divers éléments de la correspondance du général Duroc, dans ses fonctions de grand maréchal du Palais, sont dispersés dans les correspondances ou papiers de contemporains ou d’érudits. Dans le fonds Masson de la bibliothèque Thiers, figurent des archives de la Maison de l’Empereur, dont certaines apportent des informations complémentaires de celles contenues dans les documents précités.
Des sources imprimées et iconographiques ont également été sollicitées, les principales sources imprimées étant des mémoires relatifs à la cour impériale, et des recueils de textes de lois.
La vie et la carrière du général Duroc n’ont été envisagées que de manière sommaire, afin d’illustrer son rôle dans ses fonctions de grand maréchal du Palais, sa place dans la construction du régime impérial et ses relations avec Napoléon Bonaparte. Seul son dossier personnel conservé au Service historique de l’armée de terre a ainsi été consulté.
Première partieLe grand maréchal du Palais et son service : cadres et contexte
Chapitre premierUne cour sur le modèle de l’Ancien Régime
Dès le Consulat, l’ébauche d’étiquette et d’organisation domestique qui caractérise l’entourage du Premier Consul n’est pas sans faire penser à un mode de vie de type curial, ce qui a conduit les contemporains et les historiens de la période à parler de “ cour consulaire ”. Ce n’est véritablement qu’avec l’Empire cependant qu’une cour est officiellement établie, afin de participer à la représentation de la puissance, afin également, selon Napoléon, de favoriser l’économie. Les différents éléments de l’organisation de la cour impériale, étiquette, cérémonial, de même que les différentes Maisons, princières ou impériales, empruntent à des modèles éprouvés, dans l’histoire des cours françaises et européennes. La cour impériale se caractérise par sa magnificence ainsi que par une certaine rigueur, dans le déroulement du quotidien ou des cérémonies. Ceci ne va pas sans heurter les convictions des “ parvenus ”, qui composent l’entourage disparate de l’empereur, qui oscille entre noblesse d’Ancien Régime, militaires et collaborateurs civils. Le bon déroulement de la vie de cour, dans tous ses aspects, nécessite des moyens considérables, en argent et en biens meubles et immeubles, fournis à la fois par la liste civile de l’empereur et par les domaines privés et extraordinaires. Les différents services qui composent la Maison de l’Empereur doivent gérer ces ressources et pourvoir à l’organisation du quotidien de l’empereur et des événements qui jalonnent l’Empire.
Chapitre IILa Maison de l’Empereur dans l’organisation et l’administration du Palais impérial
La Maison de l’Empereur ne constitue que l’un des aspects d’une organisation du Palais impérial qui fait également intervenir la Maison de l’Impératrice, la Maison des Enfants de France et les Maisons princières. En outre, ce terme désigne l’aspect civil de la Maison de l’Empereur, sa Maison militaire étant distincte. Cette institution reçoit une organisation très structurée qui ne cesse d’évoluer tout au long de l’Empire, prenant acte de l’extension du Grand Empire et de l’accroissement des biens de la Couronne qui en résulte, comme des exigences croissantes de représentation. Cette organisation s’articule autour d’une division entre les services des grands officiers civils de la Couronne d’une part, de l’intendance générale de la Maison de l’Empereur d’autre part. Différents statuts caractérisent le personnel de cette institution, qui influent sur le recrutement, les salaires et les pensions. Par ailleurs, un partage rigoureux des attributions entre les différents services est relayé à l’intérieur même de ces services, par une définition précise des fonctions de chacun. Ainsi la Maison de l’Empereur reçoit une organisation hiérarchisée et structurée.
Chapitre IIIL’organisation du service du grand maréchal du Palais : règlements et acteurs
Le grand maréchal du Palais reçoit deux types d’attributions : des attributions militaires et policières de commandement et de surveillance des palais impériaux, des attributions domestiques, qui touchent à l’approvisionnement, à l’entretien et à l’embellissement des palais impériaux. Il remplit également des fonctions de représentation, dans le service des tables notamment. Le service du grand maréchal du Palais est organisé en fonction de ces attributions : une séparation entre ce qui relève de l’approvisionnement des palais en denrées et objets divers, et le “ service des palais ”, qui comprend la surveillance, l’entretien et l’embellissement des palais impériaux, se fait jour. Outre les prescriptions des textes émanant de l’empereur lui-même, le général Duroc est à l’origine de nombreux règlements, ordres et consignes qui contribuent à rationaliser l’organisation de son service, en définissant précisément les fonctions de chacun et en tenant compte des besoins générés par la vie de cour et l’accroissement des biens de la Couronne. Cette organisation, à l’image de celle de la Maison de l’Empereur, connaît de nombreuses évolutions. Elle est basée sur le contrôle et la surveillance qui s’effectuent à tous les niveaux. Le personnel du service est assez cosmopolite, ce qui reflète la réalité de la répartition géographique des demeures impériales. Sa composition tient compte de la spécialisation extrême de certaines charges, comme celles de la bouche. Ainsi la place faite aux fonctions de représentation, souvent confiées à des membres de la noblesse d’Ancien Régime, est moindre par rapport aux autres services. En revanche, le recours à des personnes ayant appartenu aux Maisons royales ou princières, françaises et étrangères, est fréquent. Les militaires en activité comme les vétérans occupent une place prépondérante, en raison de la nature des attributions qui reviennent aux membres du service du grand maréchal du Palais. Ce personnel qui connaît une augmentation significative jusqu’en 1810, tend à se stabiliser ensuite, conformément à une évolution caractéristique du personnel de la Maison de l’Empereur de manière plus générale.
Deuxième partieLe fonctionnement du service du grand maréchal du Palais
Chapitre premierL’administration des palais
Au sein du service du grand maréchal du Palais, des services spécialisés, dont le nombre varie, sont chargés des objets relevant des attributions du grand maréchal du Palais, dont ils doivent assurer les fournitures et l’entretien, le cas échéant : il s’agit des services de la bouche, de l’office, de la cave, de l’argenterie, de la porcelaine et de la verrerie, de la lingerie, de l’éclairage et du chauffage. La fourniture de l’habillement de la livrée est également à la charge du service du grand maréchal du Palais. Les conditions d’approvisionnement des palais sont spécifiées dans des marchés passés avec des fournisseurs dont le nombre est limité et qui restent les mêmes d’une année à l’autre. L’approvisionnement des Palais génère des documents spécifiques, qui constituent des preuves des transactions réalisées et des pièces de la comptabilité du service, comme de l’intendance de la Maison de l’Empereur et de la trésorerie générale de la Couronne, chargées du règlement des dépenses. La gestion et la consommation de ces objets bénéficient également d’un suivi rigoureux et se font selon des règles édictées par le grand maréchal du Palais, sous la surveillance du bureau du contrôle et des préfets du Palais. Le service des tables, qui incombe également au grand maréchal du Palais, comporte le service de l’empereur ainsi que celui des “ tables du Palais ”, lesquelles rassemblent les officiers et employés de service au Palais, qui peuvent prétendre à être servis à ces tables. Les menus et le service de ces tables sont réglés d’après les prescriptions des règlements s’y rapportant et dans le cas du service de l’empereur, par l’ Étiquette du Palais impérial. Ainsi, le cérémonial qui préside au service de la table de l’empereur varie suivant que son repas est “ au petit couvert ”, “ au grand couvert ” ou dans ses appartements intérieurs ; il change également lors de circonstances particulières telles que les chasses. La préparation des repas de l’empereur est particulièrement surveillée, ainsi que le transport des mets. La surveillance et le commandement des palais impériaux constituent une tâche particulièrement délicate du service du grand maréchal du Palais. Les gouverneurs ou les officiers qui les remplacent, les concierges doivent veiller à la sûreté des personnes dans les palais impériaux mais également à la sûreté des effets qu’ils renferment. Une attention toute particulière est ainsi portée aux entrées et sorties dans les palais impériaux et un personnel conséquent en est chargé, soutenu par des détachements de la Garde impériale. Le grand maréchal du Palais est en outre partie prenante dans les transformations et les embellissements des palais impériaux ; il intervient à toutes les étapes. Toutes ces tâches doivent également être remplies par le service du grand maréchal du Palais, lors des voyages de l’empereur ou lorsqu’il part en campagne. Le grand maréchal du Palais est plus particulièrement chargé, avec le grand écuyer, de l’organisation de ces déplacements. Il détermine, pour ce qui regarde son service, quelles sont les personnes qui doivent accompagner l’empereur. Il fait préparer les logements destinés à le recevoir, avec l’aide des maréchaux des logis et des fourriers du Palais ; il pourvoit également au logement des membres de la cour impériale. Le personnel du service veille à la préparation et au service des repas de l’empereur. Lors de ces déplacements, le grand maréchal du Palais, qui accompagne systématiquement l’empereur, reste en contact avec les membres de son service restés à Paris et continue à en contrôler le fonctionnement. Le grand maréchal du Palais et son service remplissent ainsi des fonctions diverses et considérables.
Chapitre IIL’“ administration du personnel ”
Pour remplir les fonctions qui lui reviennent, le grand maréchal du Palais est à la tête d’un personnel conséquent. Le quartier-maître du Palais est chargé d’administrer et de contrôler ce personnel. Il tient à cet effet des registres, destinés à en enregistrer les mouvements, entrées et sorties. Ce personnel est relativement stable et varie peu dans son ensemble, tout au long de l’Empire. Les causes principales de sorties sont la mort ou une infirmité, parfois contractée dans l’exercice des fonctions. Par ailleurs, au-delà d’un certain nombre d’années de service ou en cas d’infirmités, les employés du service, comme ceux de la Maison de l’Empereur en général, peuvent bénéficier d’une pension. À compter de 1810, un fonds de pension est établi pour les employés de la Maison de l’Empereur. Il est constitué à partir de retenues sur les salaires. Il est destiné aux employés ou à leurs familles, en cas de décès ou d’infirmités causées par l’exercice de fonctions dans la Maison de l’Empereur. Cet avantage ne concerne pas les grands officiers civils de la Couronne ni les officiers civils de la Maison, appelés à d’autres gratifications. Les employés sont très surveillés et doivent avoir un comportement irréprochable à maints égards, sous peine d’encourir diverses punitions, dont le renvoi ou l’emprisonnement. Une grande rigueur est donc de mise dans l’“ administration du personnel ”, même si le personnel bénéficie de certains avantages. Les salaires en effet sont fixes, à l’image de ce qui a cours dans la fonction publique. Suivant le statut des personnes, il est question de traitements, appointements ou gages. Les traitements se montent à des sommes élevées, quand les gages sont parfois extrêmement faibles. Cependant, ces derniers connaissent une légère augmentation entre le début et la fin de l’Empire. En outre, officiers et employés du service peuvent prétendre à des gratifications, de natures diverses, qui viennent accroître les revenus. Le général Duroc, dignitaire du régime, cumule par ailleurs plusieurs traitements et des dotations liées tant à sa charge qu’à son titre de duc de Frioul. Certains bénéficient également d’avantages en nature et peuvent être logés et nourris. Il reste néanmoins difficile d’évaluer l’adéquation entre ces revenus et les besoins des différents membres du service du grand maréchal du Palais, à quelque niveau que ce soit.
Chapitre IIILes finances du service du grand maréchal du Palais
Le service du grand maréchal du Palais reçoit un budget propre dans le budget général de la Maison de l’Empereur. Celui-ci est discuté et arrêté en présence de l’empereur, dans le cadre du conseil d’administration de la Maison de l’Empereur, en fin ou en tout début d’année, pour l’année suivante. Napoléon prête une grande attention à l’organisation de ce budget. Le budget du service du grand maréchal du Palais est proposé à l’empereur par le grand maréchal. Il est divisé en autant de parties qu’il y a de services spécifiques ; cependant des aménagements peuvent intervenir qui voient par exemple la suppression de ces catégories. Les dépenses du service réalisées sur le budget, se font sur la base des états et mémoires relatifs au “ matériel ” ou au “ personnel ”. Leur règlement passe par différentes étapes au sein du service : le bureau du contrôle, le quartier-maître du Palais et le grand maréchal du Palais contrôlent les états de dépenses. Ils sont ensuite ordonnancés par l’intendant général de la Maison de l’Empereur et c’est le trésorier général de la Couronne qui doit les solder. La comptabilité du service est tenue par le quartier-maître du Palais. Ces dépenses sont surveillées attentivement par le grand maréchal du Palais, qui doit faire face aux exigences d’économie de l’empereur. Il résulte de ce contrôle minutieux que les dépenses du service n’excèdent jamais le budget alloué en début d’année, parfois accru grâce à des décrets subséquents. Le budget du service augmente progressivement, pour se stabiliser autour de 1810. Cette augmentation est due pour l’essentiel aux dépenses extraordinaires ou imprévues. Dans le budget, les dépenses les plus importantes sont celles relatives au “ matériel ” et notamment à la bouche. Le budget n’en reste pas moins moyen et ne représente qu’un dixième environ du budget général de la Maison de l’Empereur.
Troisième partieL’importance du grand maréchal du Palais, le rôle de la personnalité de Duroc
Chapitre premierL’importance du grand maréchal du Palais dans la Maison de l’Empereur
Le grand maréchal du Palais occupe une place importante dans la Maison de l’Empereur, en raison des attributions qui sont les siennes, à la fois étendues et délicates. En outre, il est chargé de présider le conseil d’administration de la Maison de l’Empereur, ce qui l’amène à observer le fonctionnement des autres services. Ses fonctions de police le conduisent également à contrôler les personnes qui se trouvent au Palais quelles qu’elles soient, et divers éléments de correspondance laissent à penser que ce contrôle est effectif sur le personnel et le fonctionnement des autres services de la Maison de l’Empereur. À cela s’ajoute le fait qu’il est le seul grand officier civil de la Couronne à loger au Palais. Des ordres de l’empereur l’amènent également à intervenir directement dans les domaines réservés aux autres grands officiers civils de la Couronne, ainsi de la conception des fêtes ou du cérémonial qui relèvent respectivement du grand chambellan et du grand maître des cérémonies. Il est aussi brièvement chargé de la garde-robe de l’empereur. Cette prépondérance et cette confiance manifestes semblent bien davantage liées à la personne de Duroc, titulaire de cette fonction de sa nomination le 21 messidor an XII (10 juillet 1804) à sa mort le 23 mai 1813.
Chapitre IIDuroc : une vie de services
Géraud-Christophe-Michel Duroc est né le 25 octobre 1772, dans une famille de petite noblesse, originaire du Gévaudan. Il embrasse très jeune la carrière des armes. C’est elle qui fait sa fortune, puisqu’elle l’amène à rencontrer le général Bonaparte dont il devient rapidement l’aide de camp et un proche collaborateur. Celui-ci, une fois au pouvoir, lui confie de nombreuses missions, en particulier diplomatiques, dont Duroc semble s’être acquitté avec la distinction qui le caractérise. Il est également gouverneur du Palais sous le Consulat, puis grand maréchal du Palais. Il remplit ainsi plusieurs fonctions qui lui reviennent sur ordre direct du Premier Consul puis de l’empereur. Ceci lui permet de cumuler les traitements, qui s’ajoutent aux gratifications et dotations que lui valent sa charge de grand maréchal du Palais et les dotations liées à son titre de duc de Frioul. Ces différentes sources de revenus sont caractéristiques des fortunes des dignitaires du régime, de même que le mariage que fait Duroc avec la fille d’un financier, Maria-de-las-Nieves Martinez de Hervas. Pour autant, cette fortune ne semble pas avoir été si considérable et à sa mort, Duroc ne laisse à son épouse que des biens immobiliers et quelques dettes, ce qui ne laisse pas d’étonner au vu des services rendus et en regard des fortunes accumulées par certains dignitaires.
Chapitre IIILes collaborateurs de Napoléon, l’exemple de Duroc
La carrière de Duroc et les services rendus ne sont pas isolés dans l’entourage de Napoléon. Il s’est ainsi appuyé sur des collaborateurs civils et militaires dont le dévouement, la compétence et la capacité de travail ont permis la construction et la consolidation du régime impérial, leur longévité en poste témoignant de la confiance qui leur est accordée. Toutefois Duroc apparaît tout particulièrement dévoué, peut-être plus encore à l’homme qu’au chef de l’État. En outre, il entretient avec Napoléon une relation privilégiée, quoiqu’empreinte de zones d’ombre, que les contemporains ont fréquemment qualifiée d’amitié. Le général Duroc appartient en réalité à un cercle restreint d’intimes de Napoléon, qui reçurent de hautes charges et bénéficièrent de la confiance pleine et entière de Napoléon. Ce cercle paraît être constitué de compagnons d’armes de Napoléon et notamment d’aides de camp. Dévouement et fidélité semblent alors intimement liés à la fraternité nouée dans les camps et à l’admiration suscitée par le général victorieux des campagnes d’Italie ou d’Égypte. Néanmoins, les liens entre Duroc et Napoléon tels que les ont décrits les contemporains, semblent être l’apanage d’un petit nombre de personnes, dont Berthier ou Junot, et s’expliquent assez difficilement, sauf peut-être à dire que c’est là une affaire de personnes, bien plus que de circonstances. Reste à souligner que Napoléon sut parfaitement déceler les talents et les dévouements dès les premières heures de sa carrière militaire.
Conclusion
Le grand maréchal du Palais occupe une place prépondérante dans la Maison de l’Empereur en raison de ses attributions mais également en raison de l’importance de Géraud-Christophe-Michel Duroc au sein de l’entourage de Napoléon Bonaparte. Il est en effet l’un de ces intimes qui reçurent de multiples missions et bénéficièrent de la confiance de l’empereur. Ce cercle restreint s’inscrit dans celui, plus large, de collaborateurs civils et militaires qui représentèrent un appui décisif dans la consolidation du régime impérial mais qui sont bien souvent restés dans l’ombre de Napoléon. Les attributions confiées à Duroc, grand maréchal du Palais, sont à la fois étendues et délicates. L’approvisionnement des Palais nécessite en effet un contrôle rigoureux des achats et des dépenses. La police et la surveillance des palais impériaux mettent en jeu la sécurité des personnes qui y logent et surtout de l’empereur, et la sûreté des effets qu’ils renferment. Ceci nécessite le recours à un personnel conséquent et spécialisé, dont l’organisation revient également au grand maréchal du Palais. À travers l’étude de l’un de ses services, on perçoit toute l’importance de la Maison de l’Empereur dans le fonctionnement de la cour impériale et au-delà, dans la représentation et la mise en scène du pouvoir. L’organisation de cette institution ne laisse pas d’alimenter le débat autour de la nature et des fondements du régime impérial.
Pièces justificatives
Nombreuses copies de textes de lois relatifs à l’organisation de la Maison de l’Empereur et du service du grand maréchal du Palais. Lettres du grand maréchal du Palais. Documents liés à la carrière et à la vie de Géraud-Christophe-Michel Duroc.
Annexes
Répartition et appellations des différentes Maisons dans les livraisons de l’Almanach impérial de 1805 à 1813. Organisation de la Maison de l’Empereur. Organigramme du service du grand maréchal du Palais. Liste des fournisseurs de la Maison de l’Empereur pour le service du grand maréchal du Palais. Traitements, appointements et gages du personnel du service du grand maréchal du Palais en l’an XIII et en 1812. Les aides de camp de Napoléon.
Planches
Reproduction de différents tableaux représentant des grands événements du règne. Portraits de Duroc.