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École des chartes » thèses » 2005

Jean-Jacques Huvé (1742-1808), architecte

Retour à Palladio


Introduction

L’architecte Jean-Jacques Huvé est peu connu du public car il n’a pas construit de grand édifice qui aurait fait passer son nom à la postérité. Huvé est pourtant l’un des architectes les plus intéressants de la fin du xviii e siècle. Outre une carrière exemplaire qui l’a conduit de l’Académie de France à la cour, et même jusqu’à la mairie de Versailles, il a laissé un journal de son voyage en Italie, œuvre inédite à laquelle est associée une série de dessins réalisés sur place. L’ensemble des sources permet d’étudier le personnage en profondeur et, plus particulièrement, sa formation et la manière dont il s’inscrit dans le renouveau classique de la fin du xviii e siècle.


Sources

La biographie de Jean-Jacques Huvé s’appuie pour l’essentiel sur trois fonds d’archives conservés par les descendants de l’architecte, par la Bibliothèque d’art et d’archéologie et la bibliothèque municipale de Versailles. La collection familiale se compose de plusieurs manuscrits : un traité d’éducation rédigé par Huvé à l’intention de ses enfants, L’Union des Sciences, des Arts et de la Morale ; le Voyage en Italie et dans les Deux-Siciles, relation de son séjour à l’Académie de France, et enfin plusieurs journaux tenus durant la Révolution. Ces sources posent un questionnement particulier. Les ayant rédigées sur la fin de sa vie, Huvé y développe une vision rétrospective de son parcours et juge les événements au regard de la Révolution. Ces écrits peuvent être mis en rapport avec les notes du voyage d’Italie rédigées sur place et la correspondance de l’architecte. La Bibliothèque d’art et d’archéologie et la bibliothèque municipale de Versailles conservent près d’une centaine de lettres échangées entre Huvé et sa famille, ses commanditaires et ses confrères architectes : Jacques-Denis Antoine (1731-1801), Bernard Poyet (1742-1824), Jacques Cellerier (1743-1814), Pierre-Adrien Pâris (1745-1819), Mathurin Crucy (1749-1826), Claude-Thomas de Lussault. À ces fonds s’ajoutent les archives de l’administration des Bâtiments du roi, conservées aux Archives nationales.


Première partie
Les années de jeunesse et d’apprentissage (1742-1773)


Chapitre premier
La jeunesse et la formation théorique

L’entrée de Jean-Jacques Huvé dans la carrière d’architecte est étroitement liée à la protection de la famille Savalette, des fermiers généraux qui emploient le père d’Huvé comme régisseur de leur domaine de Magnanville, près de Mantes. Les Savalette permettent à Huvé de développer son talent pour le dessin et l’envoient à Paris suivre l’enseignement de l’École des Arts de Jacques-François Blondel (1705-1774). Là, Huvé bénéficie de la meilleure formation de l’époque en architecture. Étienne-Louis Boullée (1728-1799), Richard Mique (1728-1794), Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813) ont été les élèves de Blondel. Celui-ci a été le premier à mettre en place une institution qui rassemble toutes les disciplines permettant de former un architecte honnête homme. L’enseignement se partage entre des cours théoriques, des visites de monuments, des leçons de danse et d’escrime. Chez Blondel, Huvé est formé au grand goût du style Louis XIV. Le maître est un partisan du classicisme de François Mansart (1598-1666) et de Claude Perrault (1613-1688). En 1763, lorsqu’il devient professeur à l’Académie royale d’architecture, Huvé le suit. L’intérêt de l’école de l’Académie ne réside pas tant dans son enseignement que dans la reconnaissance que peut apporter le succès aux concours. Les sujets proposés s’inscrivent parfaitement dans l’actualité politique ou artistique comme la réorganisation militaire du pays ou le développement des loisirs urbains. Huvé remporte ainsi deux prix sur des projets d’établissements de bains, puis le Grand Prix, en 1770, sur un projet d’arsenal. Rétrospectivement, l’architecte minore l’influence que Blondel a pu avoir sur lui. Il dénonce le conservatisme du vieux professeur et valorise au contraire l’enseignement de son adjoint Julien-David Leroy (1724-1803). L’auteur des Ruines des plus beaux monuments de la Grèce(1758) a régénéré l’architecture en introduisant parmi les élèves de l’Académie le goût de l’antique.

Chapitre II
L’apprentissage pratique

La formation des architectes est longue et laborieuse en cette fin du xviii e siècle. L’école de l’Académie réunit un vivier d’élèves particulièrement brillants. Tous concurrents, ils ne remportent le Grand Prix que tardivement. Le travail sur les chantiers leur permet de patienter tout en leur apportant une formation pratique. Huvé débute cette formation en 1762, avant même son entrée à l’école de l’Académie. Il travaille pour le cercle d’architectes qui s’est constitué autour de Jacques-François Blondel. Les projets sur lesquels il est employé sont liés aux préoccupations architecturales de l’époque : la reconstruction de bâtiments monastiques en rapport avec la réforme des ordres, l’aménagement des places royales et des centres urbains en rapport avec l’embellissement des villes. D’abord employé par Samson‑Nicolas Lenoir (1726-1810) au château de Pouilly-lès-Dijon, Huvé travaille de nouveau auprès de lui sur le projet de reconstruction de l’abbaye de Cîteaux, entre 1762 et 1764, puis sur celui de l’abbaye de Saint-Antoine à Paris en 1765. Dans le même temps, il est employé par l’architecte François II Franque (1709-1794) pour aménager la place du Peyrou, à Montpellier. Enfin, entre 1765 et 1766, Huvé est le principal collaborateur de Blondel sur les projets d’urbanisme de Metz et de Strasbourg.

Chapitre III
Jean-Jacques Huvé, élève de Jacques-Denis Antoine

Huvé travaille auprès de Jacques-Denis Antoine entre 1767 et 1773. Là encore, il est le principal collaborateur de l’architecte. Le projet est de premier ordre puisqu’il s’agit de construire le nouvel hôtel des Monnaies. Huvé participe à la réalisation des plans de l’édifice, puis à la construction du bâtiment en tant qu’inspecteur des travaux. Dans ses souvenirs, l’architecte insiste particulièrement sur l’importance de sa formation auprès d’Antoine. Elle lui a permis de suivre les différentes étapes de la construction d’une œuvre, d’apprendre à traiter avec les commanditaires et les entrepreneurs, de faire face aux imprévus d’un chantier. L’influence d’Antoine se remarque très clairement chez Huvé. Le maître est issu d’une famille de maçons rompues aux règles de l’appareillage, il a donné à son élève le goût de la solidité et de la performance technique. Ses leçons se traduisent chez Huvé par une recherche d’austérité qui puisse rivaliser avec l’architecture des Anciens. Afin de suivre le chantier de la Monnaie, Huvé a repoussé son départ pour l’Académie de France. Ses fonctions ayant pris fin en 1773, il peut partir pour Rome.


Deuxième partie
Le voyage en France et en Italie (1773-1776)


Chapitre premier
Le Voyage en Italie et dans les Deux-Siciles :
récit de formation, formation d’un récit

Huvé a laissé de son voyage en France et en Italie un récit qui constitue une œuvre originale qui n’a jamais été publiée. Le texte se présente sous la forme d’un manuscrit autographe de l’auteur. Cinquante aquarelles sont insérées dans le volume. Elles sont composées dans le style des védutistes italiens, comme Giuseppe Vasi (1710-1782) et Giovanni Battista Piranesi (1720-1778). Elles représentent des monuments de Nîmes, de Rome, de Naples et de la Sicile. Huvé a réalisé ses aquarelles lors de son séjour à l’Académie de France, en revanche le texte n’a été rédigé que vingt-cinq ans après son retour d’Italie. L’architecte souhaitait le faire publier et faire graver ses dessins. Ce projet est né dès son départ pour Rome. Huvé avait l’ambition de publier non pas un guide de voyage mais le récit de voyage d’un artiste en Italie. Il est très imprégné de l’idée qu’il est un artiste et qu’il peut offrir une vision originale de l’Italie. Le texte est construit autant comme un récit pittoresque à la manière des ouvrages de l’abbé de Saint-Non (1727-1791) ou de Dominique-Vivant Denon (1747-1825) que comme un récit d’aventures où l’auteur se met en scène. L’architecte privilégie les aspects spectaculaires de son voyage comme les fêtes populaires et les célébrations religieuses et passe sous silence les détails quotidiens.

Chapitre II
Voyage professionnel, voyage pédagogique

Derrière la reconstruction du voyage d’Italie qu’offre le récit, le séjour d’Huvé peut être étudié grâce à sa correspondance. Elle ne propose plus le point de vue d’un touriste, mais plutôt celui d’un élève de l’Académie qui part pour l’Italie afin d’achever sa formation. Huvé profite d’abord de son voyage pour s’arrêter dans le Languedoc et se mettre au service de l’évêque de Comminges, Charles-Antoine d’Osmond (1723-1806). Il participe à plusieurs projets dont la reconstruction du Capitole de Toulouse, l’aménagement de maisons ou d’hôtels particuliers, à Montauban, à Luchon. Il bâtit la chapelle de l’actuel collège Leclerc de Saint-Gaudens et sans doute l’actuelle sous-préfecture. Enfin, il conçoit un jardin anglais au château d’Auriac, près de Carcassonne. Sur la route, il observe les édifices avec un soin scrupuleux et avec une prédilection pour les ouvrages d’art, les ponts, les écluses et les grands bâtiments comme l’arsenal de Toulon, l’Albergo dei poverià Gênes. Le séjour romain est ponctué par les visites des vestiges antiques et des édifices modernes, par les relevés de monuments, par la réalisation de ses aquarelles et la création de projets originaux qui préfigurent les envois du xix e siècle. S’inspirant du Panthéon et de la basilique Saint-Pierre, le plan centré et la coupole reviennent comme des leitmotiv dans ses réalisations.

Chapitre III
L’Italie de Jean-Jacques Huvé

Huvé porte sur l’Italie le regard d’un Français des Lumières. S’il se défend de tomber dans les lieux communs de la plupart des voyageurs et s’il est vrai qu’il témoigne d’une véritable sympathie envers les Italiens, c’est sur un ton condescendant qu’il juge le système politique de la péninsule ou les pratiques religieuses des Romains. Impressionné par le faste des cérémonies, il est admiratif de la papauté dans ses notes de voyage ; vingt‑cinq ans plus tard, lorsqu’il rédige son récit définitif, il assimile le pape et les souverains italiens à des tyrans. Il appelle les populations qui n’ont pas encore été libérées par les armées révolutionnaires à suivre l’exemple des Français. Le regard qu’il jette sur l’état des arts en Italie n’est pas moins sévère. Francesco Borromini (1599-1667) et ses élèves ont avili l’architecture. Les maîtres de la Renaissance, au premier rang desquels Huvé place Palladio (1508-1580), doivent permettre de retourner aux principes qui guident l’architecture antique. Huvé considère Palladio comme le meilleur connaisseur de l’architecture des Anciens, et comme celui qui a su adapter leur architecture aux besoins de la vie moderne. Huvé trouve dans les œuvres de Palladio, et notamment dans ses villas, la dignité et la simplicité de l’antique qu’il recherche tant. Il les trouve également dans les temples grecs de la Sicile. Chez lui, la volonté de remonter toujours plus loin aux sources de son art est une obsession.


Troisième partie
Entre carrière officielle et création artistique (1776-1789)


Chapitre premier
Le retour en France et les premières commandes

À son retour en France, Huvé est privilégié par rapport à la plupart de ses camarades. Des commandes importantes l’attendent. Il bénéficie de la protection des seigneurs de Magnanville, les Savalette puis les Boullongne. Le cercle de relations de ces deux familles de fermiers généraux détermine la composition sociale de sa clientèle : la grande finance et l’aristocratie de cour, les La Rochefoucauld, les Osmond, les Chastellux. La première commande qu’obtient Huvé est la construction de l’hôtel du vicomte de La Rochefoucauld (1735-1789) et de la comtesse de La Suze, situé entre l’hôtel de Matignon et l’hôtel de Biron. L’hôtel est l’un des édifices les plus intéressants de l’architecture privée parisienne. Huvé a conçu un hôtel double, c’est-à-dire deux hôtels rigoureusement symétriques dissimulés derrière une seule façade. L’escalier, qui sert d’axe de symétrie, est l’élément le plus ingénieux de l’édifice : sur un plan ovale, deux rampes tournent l’une sur l’autre sans communiquer et desservent les deux parties de l’hôtel. L’architecte témoigne ici de son talent de stéréotomiste acquis auprès d’Antoine. Huvé construit également deux autres hôtels entre 1776 et 1780, l’hôtel de Martainville et l’hôtel de Bosquillon. Commandés par des financiers, ils sont situés dans le nouveau quartier de la Chaussée d’Antin.

Chapitre II
Jean-Jacques Huvé, inspecteur des Bâtiments du roi

Aux succès que rencontre Huvé à son retour en France, s’ajoute une place d’inspecteur des Bâtiments du roi au château de Versailles. La protection du cardinal de Bernis (1715‑1794) lui a permis d’obtenir cette faveur. L’architecte est attaché aux abords du château : le Grand Commun, les écuries, le chenil, la louveterie, le Potager du roi, la voirie de Versailles. Tous ces bâtiments contiennent des logements pour les courtisans ; les redistribuer et les aménager est la tâche principale de l’inspecteur. D’abord déçu de n’être chargé que de réparations indignes de son talent, Huvé gagne peu à peu du crédit auprès du comte d’Angiviller (1730-1809), qui lui confie des projets plus importants. Il participe ainsi, aux côtés de quelques confrères comme Étienne-Louis Boullée et Pierre-Adrien Pâris, au grand concours de 1781 qui vise à reconstruire les façades brique et pierre du château, objets du mépris des partisans du renouveau classique. Les architectes sollicités imaginent des projets grandioses qui, s’ils s’étaient concrétisés, auraient complètement modifié l’apparence du palais des rois de France. Les difficultés financières de la monarchie empêchent d’accomplir des réalisations de grande envergure. Quelques années plus tard, le projet de reconstruction des écuries, lui aussi monumental – il prévoyait d’abriter plusieurs milliers de chevaux et des centaines de voitures –, ne débouche sur aucune réalisation, toujours faute de moyens. La frustration des architectes des Bâtiments trouve une sorte d’exutoire dans les commandes privées.

Chapitre III
La création artistique

Dans ses réalisations, Huvé s’affirme comme un disciple de Palladio. Le palladianisme d’Huvé ne se manifeste pas tant dans l’emploi du vocabulaire de l’architecte vénitien – le portique de colonnes, les baies thermales ou les serliennes –, à l’instar du palladianisme anglais, que dans l’appropriation des qualités spatiales de son architecture. Ainsi c’est dans la conception du plan et dans l’esprit de simplicité, voire d’austérité, qu’Huvé rejoint Palladio. Son œuvre la plus significative est le château d’Hornois, entre Aumale et Amiens. L’architecte emploie des volumes simples, comme le cube et la sphère. L’édifice est bâti sur un plan centré, la distribution s’organise autour de la rotonde centrale, une réinterprétation du Panthéon et de la villa Capra à Vicence. L’influence du voyage d’Italie se manifeste aussi au château de Montmirail où Huvé aménage deux vestibules avec des galeries de colonnes. Il donne à l’un d’eux l’ordre dorique de Paestum, sans base et aux chapiteaux proéminents. Préoccupé par l’idée des origines de son art, il adopte ce parti pour privilégier l’architecture grecque sur la romaine. La formule de la rotonde ne cesse pas cependant de l’obséder. Chargé de reconstruire le château et d’aménager le jardin anglo-chinois de Madame Élisabeth (1764‑1794) à Montreuil, il bâtit une chapelle circulaire surmontée d’une coupole à caissons et éclairé par le sommet. Il emploie de nouveau cette formule pour la folie qu’il construit pour lui à Meudon. Le style est cependant moins sévère, moins italianisant. Huvé s’inscrit alors dans une tradition plus française, celle que François-Joseph Bélanger (1744-1818) illustre au château de Bagatelle. Huvé a également travaillé dans les Pays-Bas autrichiens, sans doute grâce aux Boullongne. Il a conçu plusieurs projets dans la région d’Anvers qu’il est difficile de documenter. Enfin, il est très possible qu’il soit à l’origine du château de Laeken, l’actuelle résidence des souverains belges.


Quatrième partie
La carrière politique et les dernières années (1789-1808)


Chapitre premier
De l’inspection des Bâtiments à la mairie de Versailles

La Révolution met un terme à sa carrière d’architecte. Le départ de la cour pour Paris rend caduc son emploi d’inspecteur de Versailles. Sa clientèle privée émigre ou périt exécutée. Plutôt que de chercher à entrer dans les administrations créées par le nouveau régime, Huvé se lance dans la carrière politique. D’abord officier municipal de Versailles, il est élu maire à la fin de 1792. Il est un révolutionnaire modéré. Ses idées rousseauistes lui font accueillir favorablement la Révolution avant que la Terreur ne mette un terme à son mandat. Destitué, on lui confie quelques missions mineures comme de transformer le Grand Commun en manufacture d’armes ou de retrouver les bijoux de la comtesse du Barry, et on le jette en prison en mars 1794. Condamné à mort, il échappe à l’exécution grâce au 9 thermidor. Il retrouve par la suite ses fonctions municipales et il est choisi pour être administrateur du château de Versailles, transformé en musée pour l’éducation du peuple. Huvé perd ses places en 1801. Se trouvant dans l’oisiveté, il cherche d’abord à entrer dans les administrations du Consulat, puis se résigne à la retraite.

Chapitre II
Les dernières activités de l’architecte

Durant la Révolution, il n’a jamais complètement abandonné ses activités d’architecte. Il ne construit plus mais il expose au Salon ses vues d’Italie et il participe aux concours lancés par la Convention, puis par le Consulat. Détenu à la prison des Carmes, il conçoit un projet pour un temple à l’Égalité et, sincère mais quelque peu opportuniste, il imagine une cérémonie dédiée au Créateur. Quelques temps plus tard, il participe au grand concours mis en place par le Consulat pour construire des colonnes départementales et une colonne nationale, place de la Concorde. La naissance de revues spécialisées comme le Journal des bâtiments civils donne à Huvé l’occasion de s’exprimer sur les sujets de l’actualité architecturale. Il s’y montre un partisan de la tradition française de la stéréotomie, même s’il se garde de dénoncer l’usage du fer. Parallèlement à la rédaction de ses articles – une vingtaine entre 1801 et 1804 – Huvé jette un regard rétrospectif sur sa vie et rédige ses souvenirs. Il aurait sans doute aimé tirer des ressources financières de son Voyage en Italie et dans les Deux-Siciles. Les événements politiques et le manque de relations l’ont empêché de mener à bien son projet. Il dessine ses œuvres de jeunesse, des décors de théâtre, probablement avec l’idée de les faire graver, et, à l’instar de Jacques‑Denis Antoine ou de Claude-Nicolas Ledoux, il commence ainsi une entreprise destinée à promouvoir son œuvre, celle d’un personnage qui n’a jamais douté d’être un artiste.


Conclusion

Huvé est certainement l’un des meilleurs représentants du palladianisme français de la fin du xviii e siècle. À travers la caution de Palladio, il a cherché à retrouver les principes de l’architecture antique, seul moyen selon lui de régénérer les arts. Cette régénération s’exprime par l’austérité du style, des volumes et du décor. Une austérité qui doit inspirer au spectateur des sentiments de grandeur et de dignité, susceptibles de le transformer moralement. Si Huvé n’a pas toujours eu l’occasion de montrer son talent dans ses fonctions d’inspecteur des Bâtiments, il a su utiliser au mieux ses commandes privées pour traduire ses conceptions dans la pierre.


Pièces justificatives

Édition critique du Voyage en Italie et dans les Deux-Siciles, des notes de voyage et de la correspondance. – Contrat de construction et de bail de l’hôtel de La Rochefoucauld-La Suze. – Lettres et rapports de Jean-Jacques Huvé au comte d’Angiviller. – Adresse au Comité d’instruction public. – Prospectus d’un temple à l’Égalité.


Annexes

Catalogues des œuvres bâties, des projets, des dessins, des Vues de l’Italie et de la Sicile, des articles de périodique. – Chronologies. – Cartes.


Illustrations

Trois cents planches de dessins et œuvres bâties.