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École des chartes » thèses » 2006

Aspects du clientélisme monarchique sous François Ier(1515-1547)

Les Italiens du Roi


Introduction

Le Catalogue des actes de François I er , publié par l’Académie des sciences morales et politiques de 1887 à 1908, est un instrument de travail incontournable pour les chercheurs qui étudient le règne de François Ier. Cependant le mode d’utilisation de ce Catalogue a été presque exclusivement la consultation. L’idée de départ de cette étude est une exploitation aussi systématique que possible des données rassemblées dans cet instrument. Toutefois, les dix volumes qui constituent le Catalogue des Actes, les quelques 32 000 actes qu’il renferme et sa forme papier confèrent à cet outil un abord abrupt : il eut été bien téméraire de prétendre traiter l’ensemble des informations qu’il met à la disposition du chercheur. Un fil conducteur était indispensable pour s’aventurer dans les méandres des Actes.

L’étude d’un groupe d’étrangers présente des avantages certains ; ce biais permet de rassembler sous un même regard des personnages très différents, appartenant à des couches variées de la société, pris à des niveaux divers d’intégration dans la société française et pourtant unis par deux points communs : leur nationalité d’origine et le contact avec le pouvoir royal français. Or quels étrangers ont plus marqué le règne de François Ier que les Italiens ? Le règne de François Ier est crucial pour les rapports entre la France et les Italiens ; c’est à cette époque que les modes d’approche évoluent : le flux des émigrés italiens en France s’intensifie tout en se régularisant et l’importance des intermédiaires pour entrer en contact avec le roi devient essentielle. Les années 1515-1547 sont donc celles où les mécanismes de recrutement des Italiens, mis en place sous les rois précédents, se rôdent et s’accélèrent, pour s’emballer peut-être au règne suivant.

Cette étude examine donc, dans la « clientèle » de François Ier définie dans une acceptation très ouverte, la constitution et la composition de différentes strates, établies selon le degré d’intensité des rapports qui unissent les Italiens au roi. Dans l’observation de cette réalité sociale mouvante, les tentatives vaines et les échecs ont retenu l’attention tout autant que les « relations positives », dans la mesure où ils les éclairent.


Sources

Reconstituer la genèse du socle de cette étude, le Catalogue des Actes de François I er , a permis de replacer cet instrument dans son contexte initial, qui était celui d’un travail préparatoire de l’Académie des sciences morale et politique aux Ordonnances de François I er , dans la continuité de la collection des Ordonnances des rois de France. Il devait permettre à terme de trier avec méthode ceux des actes qui sont des ordonnances. S’ils s’inscrivent donc dans une continuité, les Actes de François I er présentent dans leur élaboration bien des aspects novateurs. Pour la première fois, un recueil d’actes d’Ancien Régime est établi dans une perspective historique par la section d’Histoire de l’Académie, et non plus selon une visée juridique et pratique. Pour la première fois aussi, la collecte des actes abandonne en théorie toute intention sélective et vise à l’exhaustivité. Très rapidement cependant, les auteurs sont dépassés par l’ampleur de la tâche. Conséquence et revers de l’abondance de la moisson, certains types d’actes qui ne devaient en aucun cas être retenus comme ordonnances ont été peu à peu abandonnés ; c’est le cas des hommages et des lettres de retenue, qui auraient certainement intéressé en premier chef ce sujet.

Un recours ponctuel aux archives notariales a complété les données du Catalogue ; il a suivi deux voies principales : d’une part le sondage de quelques dépôts où sont réunis des archives notariales, au Minutier central des notaires de Paris, à l’Archivio di Stato di Roma (R.C.A., Alberti, 1839-1841, et R.C.A., Nicia, 1370 à 1377) et à l’Archivio Capitolino ; d’autre part, l’exploitation systématique des documents édités du Minutier central. Le problème rencontré au fil des dépouillements au Minutier central comme à Rome n’a pas été la pauvreté de la moisson, mais la question de l’exploitation des renseignements glanés. Les informations rassemblées permettent de repérer certains réseaux italiens ; mais elles ne sont exploitables que si elles sont recoupées par d’autres : seules, elles restent insuffisantes.

Les correspondances politiques, enfin, ont été exploitées. À côté des documents édités, la correspondance des ambassadeurs ferrarrais conservée à Modène a été consultée ( Cancellaria, carteggio ambasciatori, de 1515 à 1536, date à laquelle commencent les dépouillements de Carmelo Occhipinti), ainsi que les lettres de François Ier, de Louise de Savoie et du futur Henri II ( Cancellaria, sezione estero, carteggio di principi e signorie, fuori d’Italia, Francia, 1. 1559/1, et 1559/2). Leur inconvénient majeur est de ne présenter qu’une petite population de la clientèle italienne de François Ier, celle qui tourne autour des ambassadeurs et des personnages politiques importants ; les Italiens qu’elles mentionnent ne se recoupent qu’en partie avec le corpus des Actes et constituent la frange la plus élevée des clients royaux. Pour certains de ces Italiens, cependant, elles ont permis de reconstituer la toile de fond historique dans laquelle actes et minutes viennent s’insérer et d’observer les mécanismes d’approche du pouvoir royal, notamment pour ceux des Italiens qui ont été refoulés aux portes de la clientèle du roi de France : à  travers elles,  ce sont toutes les démarches accomplies en amont de l’acte qui apparaissent, et quelques tranches de vie de la clientèle italienne du roi de France saisies sur le vif.


Première partie
Le cadre, l’héritage


Chapitre premier
Le Très Chrétien, l’Italie et les Italiens

Les guerres d’Italie sont un facteur essentiel pour expliquer l’affluence des Italiens qui offrent leurs services au roi. Alimentées par la double revendication napolitaine et milanaise, elles attirent vers le souverain des guerriers, des informateurs, mais aussi des hommes d’argent qui avancent les indispensables finances, ou encore des artistes et des artisans découverts lors des premières campagnes italiennes, sous Charles VIII et Louis XII.

L’Italie ne semble pas avoir tenu un rôle majeur dans l’éducation de François d’Angoulême. Pourtant, dès son avènement, il reprend la politique italienne de ses prédécesseurs, et, parmi ses premiers gestes de roi, plusieurs contribuent à s’attacher les fidélités italiennes acquises par Louis XII. Au fil du règne, les guerres s’enlisent et l’éclatante victoire de Marignan n’est suivie d’aucun franc succès ; le bilan des conquêtes italiennes à la mort du monarque est maigre et paradoxal : les héritages revendiqués, Milan, Naples et Asti, sont définitivement perdus, tandis que la France depuis onze ans occupe le Piémont, marchepied inutile d’une revanche qui ne sera jamais prise. Les liens avec la Péninsule se tissent aussi à l’occasion de mariages. Ils peuvent aussi prendre la forme d’une ingérence auprès des gouvernements italiens : les guerres fratricides qui opposent les fils de Louis II de Saluces sont l’occasion pour le roi d’affaiblir le marquisat qui tombera facilement dans l’escarcelle de son fils.

François Ier subit nécessairement l’influence de son entourage ; des coteries italiennes se forment autour des principaux membres de la famille royale ; il ne semble pas que la Dauphine, dépourvue de réelle influence politique, ait pu autrement favoriser ses fidèles florentins que par des intercessions et des grâces qui restent confinées dans la sphère privée. La cour non plus ne peut rester indifférente au phénomène italien : des grands seigneurs comme les Guise aux serviteurs de l’État comme Florimond Robertet, tous s’ouvrent à l’italianisme.

Chapitre II
Les cadres nationaux

Puisqu’on étudiait un groupe d’hommes défini par sa nationalité, la perception de l’étranger dans la France du xvie siècle était une question d’importance, dont l’examen demandait le rappel des débats historiographiques sur l’élaboration des identités nationales françaises et italiennes à la Renaissance. Une conscience française, progressivement élaborée autour de la personne royale, est sans doute davantage formée qu’une hypothétique conscience italienne.

Cependant, si le rêve d’un rassemblement italien n’existe encore que sous la plume de quelques Machiavel, il ne faudrait pas sous-estimer l’enjeu de la fidélité à la cité d’origine chez les Italiens à la cour de France, qui, pour beaucoup, se définissent comme expatriés.

Dans la France du xvie siècle, au fur et à mesure que se construit l’État moderne, les frontières de la notion d’étranger, éclatées au Moyen-Âge, reculent pour coïncider avec celles du royaume ; conséquence ou manifestation de cette conquête royale, le droit d’aubaine, principale sanction de l’étrangeté, devient une prérogative souveraine ; à l’égard des étrangers, une législation en dents-de-scie alterne mesures de répression et tentatives de séduction.

Chapitre III
Présentation du vivier italien

Un premier survol des Italiens du Catalogue a permis de confirmer qu’il s’agissait d’une population socialement favorisée ; avec 1494 Italiens et 3195 actes les concernant, la présence italienne dans le Catalogue n’a rien d’anecdotique. Une première série d’interrogations a été menée en fonction du temps et de la durée ; ainsi les Italiens sont surtout visibles dans la deuxième moitié du règne ; ils apparaissent en moyenne 2,2 années…

Une comparaison entre les origines géographiques relevées par Claudine Billot à partir des lettres de naturalité, et celles de l’ensemble des actes décernés à des Italiens a permis de constater que les dons, les compensations et autres récompenses d’un engagement de fidélité au roi rendent mieux compte de la présence des Napolitains que les lettres de naturalité. En revanche, la proportion élevée de Piémontais dans les naturalisations, qui semble s’expliquer aisément par le poids d’une migration de proximité en Provence, ne fait que se renforcer dans l’ensemble du corpus. Enfin, la présence globale des Florentins est moins importante que dans les naturalisations, ce qui est très étonnant lorsqu’on considère le poids que donne l’historiographie aux Fuorusciti et aux banquiers florentins ; c’est qu’en effet on examinait ici des rapports quantitatifs, et non qualitatifs.

On a aussi établi lors de cette première approche les catégories socio-professionnelles, les catégories d’occurrence (à partir du nombre d’actes concernant chaque Italien dans le Catalogue), qui ont été largement réemployées par la suite, ainsi qu’une répartition des actes par matières, et enfin un premier survol des 181 familles italiennes présentes dans le Catalogue.


Deuxième partie
Entrer dans le cercle magique


Chapitre premier
Communiquer à distance

Les premiers intermédiaires entre le roi et ses Italiens sont les agents du souverain en Italie et les diplomates italiens qui suivent la cour de France. La régularité des relations diplomatiques de François Ier avec les gouvernements italiens est très inégale, Venise et Rome étant de loin les États qui entretiennent les liens politiques les plus étroits avec la France. Pour mener à bien leurs missions, les agents français ou italiens doivent surmonter les obstacles que sont la distance, la lenteur et les lourdeurs de la communication ; ces entraves ne rendent celle-ci que plus précieuse.

Les agents du roi en Italie relaient les offres de service, quand ils ne les suscitent pas. Intermédiaires privilégiés, ils sont aussi des interfaces nécessaires entre le souverain et ceux de ses serviteurs italiens qui le servent outre-monts : pour beaucoup, les relations qu’ils entretiendront avec François Ier ne dépasseront jamais en effet ce stade de contact par personnes interposées.

Le rôle des diplomates italiens qui suivent le roi est quelque peu différent ; ceux-ci semblent à première vue assez bien placés pour intercéder en faveur de tiers ; mais encore faut-il que François Ier leur prête une réelle attention. Leur importance dans l’étude des Italiens du roi réside surtout dans le rôle qu’ils jouent dans la formation des milieux italiens dans l’entourage royal. En effet, les contacts que les diplomates entretiennent entre eux contribuent à dépasser les frontières des cités d’origines. De plus, ils font figure de liens entre la Péninsule et les Italiens expatriés ; c’est pourquoi ceux qui échouent à trouver du service à la cour de France viennent régulièrement les solliciter.

Chapitre II
Réseaux familiaux et extra-familiaux

On a ensuite cherché à mesurer l’ampleur du phénomène des réseaux dans l’approche du pouvoir royal, à travers une analyse des réseaux qui apparaissent dans les Actes de François I er . Le premier d’entre eux est le réseau familial. Les 181 familles reconstituées regroupent 569 Italiens, soit 38 % environ de l’ensemble de la population. Les familles peu nombreuses, qui ont une durée de vie courte dans le Catalogue(moins de cinq années), sont souvent mentionnées aux détours de lettres de naturalité. En revanche, parmi celles qui sont représentées par six membres ou plus et qui apparaissent pendant de longues durées dans le Catalogue, la part des familles nobles ou composites est écrasante.

Les réseaux extra-familiaux concernent quant à eux 405 Italiens, soit 27 % environ de l’ensemble. On a distingué trois types de relations. Les relations horizontales (H) regroupent des individus étant sur un plan d’égalité. Les deux autres types de rapports se situent aux deux extrémités des relations verticales : dans la deuxième catégorie de réseaux, désignée sous l’appellation V-, sont rangés tous les Italiens pour qui on peut définir une relation d’infériorité — ou plutôt de référence : en effet, les relations les plus fréquentes au sein de ce groupe sont celles du type protectecteur-protégé. Dans la troisième catégorie, nommée V+, se trouvent tous les Italiens protecteurs, qui dominent les relations verticales. On s’est aperçu que les deux types de réseaux, horizontaux et verticaux, correspondaient bien à deux modes de contact avec le pouvoir royal. L’un, celui des relations verticales, est largement international, puisque la moitié des « protecteurs » ne sont pas italiens. L’autre, celui des relations horizontales, est plus fermé et mieux circonscrit à l’intérieur du milieu italien.  

L’étude de prise de contact des artistes italiens avec François Ier fournit des exemples diversifiés du fonctionnement concret des réseaux et des intermédiaires. Au xvie siècle en effet, les gouvernements des villes, mais aussi les marchands et intellectuels, voire certains artistes, s’intéressent à la promotion des artistes.

Chapitre III
Stratégies d’approches

On aurait voulu comprendre pourquoi l’approche du roi débouche sur des degrés d’engagements italiens si disparates. On a donc examiné les stratégies mises en œuvre par les Italiens pour retenir l’attention et la bienveillance royales (comme les dédicaces ou les dons au roi) et celles que déploie le souverain pour s’attirer les fidélités.

Parmi ces dernières, les dons tiennent une place essentielle, et particulièrement les dons de terres et de pensions, qui sanctionnent le plus souvent une relation durable du bénéficiaire avec le roi.  À mesure qu’on avance dans la familiarité de François I er, la part de la catégorie socio-professionnelle des Italiens qui mettent leurs moyens à la disposition du souverain décroît tandis que symétriquement celle de ceux qui mettent leur personne au service de François Ier augmente. On a retenu plusieurs facteurs d’explication des relations avortées.

Pour accéder à la familiarité du roi, le passage en France, au moins temporaire, semble indispensable ; ce qui montre bien l’importance du contact humain dans ces relations. À la cour, l’Italien doit construire un véritable projet français, et non vivre avec l’unique ambition d’influer sur le cours des événements italiens ; il lui faut aussi pouvoir s’appuyer sur des réseaux solides. Il semble enfin que le facteur social soit un élément déterminant qui favorise grandement le succès des Italiens auprès du roi.


Troisième partie
Servir le roi


Chapitre premier
Le service du roi

Sans doute, davantage que le nombre des Italiens qui sont parvenus à s’insérer à la cour de France, plus encore que leur niveau social, est-ce la diversité des fonctions exercées par des Italiens qui a contribué à donner l’impression de leur omniprésence à la cour de France et a abouti à leur dénonciation au règne suivant. À la diversité des niveaux d’engagement des Italiens répond en effet la variété de leurs fonctions au service du souverain, du condottiere au faiseur de salade de fruit.

Le Catalogue met en évidence cette diversité, plus qu’il ne fournit une radiographie de leurs services aux différentes strates du pouvoir. Sans doute assez révélateur de la présence transalpine au sein de fonctions assez mineures, comme celle des médecins du roi, ou encore parmi les détenteurs d’offices de justice ou de finance, il est en revanche très incomplet pour l’étude des artistes italiens au service de François Ier. On a donc moins cherché ici à retracer l’ensemble de l’activité des Italiens au service du monarque qu’à exposer les données du Catalogue essentiellement, qui mettent l’accent sur des aspects parfois moins connus des emplois des Italiens pour le service du roi.

Chapitre II
Les relations du roi avec ses Italiens

Les schémas mentaux sur lesquels reposent les relations du roi avec ses Italiens véhiculent une image idéalisée du souverain, que ce soit celle du mécène idéal que reconstruit Benvenuto Cellini dans sa Vita, ou celle du roi chevalier vers lequel Francesco Gonzaga envoie son fils Federico en avril 1518 à l’occasion d’un tournoi donné par François Ier en l’honneur de la naissance de son fils François. Ces images idéales ne sont pas de simples projections des imaginations italiennes : François Ier, en intégrant de façon inédite les Italiens dans l’Ordre de Saint-Michel, contribue lui aussi à placer ces relations sur le mode chevaleresque.

Les relations du roi avec ses Italiens dépassent le rapport individuel. En effet, on peut observer la création de véritables milieux italiens qui ont pour centre la personne du roi et sont fédérés par des liens qu’établissent de manière transversale quelques Italiens entre les différentes strates sociales. Par son ingérence dans les affaires de ces milieux italiens, en tant que roi justicier ou comme premier garant de l’honneur de ses gentilshommes, François Ier assume véritablement sa fonction de noyau des milieux italiens qui gravitent autour de lui.

Peut-on pour autant parler d’un lien de fidélité qui le lierait aux Italiens des cercles les plus proches ? On peine à répondre de manière satisfaisante à cette question à partir des données du Catalogue ; toutefois l’analyse de l’attitude du roi à la mort de ses Italiens semble indiquer que le lien de fidélité établi avec un Italien ou une famille italienne est subordonné à la préoccupation plus urgente du roi d’attirer et de garder à lui de nouveaux serviteurs.


Conclusion

En définitive, lorsqu’on tente un bilan de l’exploitation qui a été faite dans cette étude des trois sources principales, on constate que ce sont les Actes de François I er assurément qui, par le biais d’exploitations d’ensemble de la matière italienne pour des sujets précis, ont le mieux permis de cerner des comportements de groupe. Un certain nombre de paramètres sont à prendre en compte toutefois lorsqu’on essaie d’évaluer les résultats de cette exploitation. Tout d’abord, ce travail reposait sur le parti pris de considérer le Catalogue comme un tout cohérent et clos, même si on sait qu’en réalité cela est très relatif. À l’origine de toute exploitation des Actes, il y a donc l’aveu d’un échec, ou d’un compromis, celui de raisonner à partir de la matière historique aisément disponible, et non existante.

Ensuite, c’est le constat d’une hétérogénéité certaine qui s’impose lorsque l’on considère les résultats des différentes méthodes d’interrogation du Catalogue qui ont été employées dans cette étude. Une même méthode appliquée à des données différentes donne des résultats très disparates. Ainsi, pour reprendre des matériaux voisins, le recensement des médecins italiens ou celui des musiciens ont semblé beaucoup plus fructueux que celui des artistes ou celui des hommes de guerre, pour lesquels le Catalogue ne fournit guère que des indications sans doute très partielles et ne semble pas une source suffisante ; de la même façon, l’analyse statistique des origines géographiques est concluante lorsqu’on considère les lettres de naturalité, mais quasiment impossible à partir des autres actes.

Il a donc paru que des exploitations systématiques du Catalogue se sont révélées bien souvent mines d’informations, parfois même l’unique moyen de mettre à jour des comportements sociaux invisibles « à l’œil nu », lorsqu’on considère les actes isolément ; c’était le cas de l’analyse des réseaux. Certains champs d’investigation en revanche ont semblé rebelles à un véritable traitement d’ensemble ; c’est le cas de la question des fidélités. Si l’on n’a pas véritablement réussi à éclairer des comportements sociaux reposant sur une relation de fidélité entre le roi et ses Italiens, sans doute est-ce moins parce qu’ils n’existent pas, que parce que, peut-être, il s’agit encore d’attitudes humaines individuelles qui ne se sont pas encore inscrites sous François Ier dans des comportements sociaux d’ensemble et qu’elles échappent à la matière des Actes.


Pièces justificatives

Vingt-quatre lettres de François Ier et cinq lettres du dauphin Henri conservées dans les archives des ducs de Ferrare. — Vingt-cinq extraits de la correspondance des ambassadeurs ferrarrais.


Annexes

Index des noms de lieux et de personnes — Table des schémas.