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École des chartes » thèses » 2006

Édition de seize sermons d’Étienne de Tournai


Introduction

Étienne de Tournai est bien connu des historiens pour son œuvre de canoniste et surtout pour l’abondante correspondance qu’il a laissée, témoignage inestimable sur la deuxième moitié du xiie siècle. Le prédicateur en revanche reste méconnu ; la virtuosité de sa plume dans ce domaine a longtemps été tenue en piètre estime : il est aujourd’hui temps de redécouvrir ce pan de son œuvre, auquel bon nombre de ses contemporains vouèrent une grande admiration.


Première partie
Étienne de Tournai et son temps


Chapitre premier
Vie d’Étienne de Tournai

Né le 18 février 1128 à Orléans, le futur évêque de Tournai acquiert une vaste culture aux écoles d’Orléans, de Bologne, puis de Chartres. L’éclectisme qui le caractérise l’oriente vers les disciplines les plus variées : la théologie, le droit, la grammaire, la rhétorique et l’art épistolaire lui deviennent familiers, tout comme la littérature antique dont ses œuvres se trouvent imprégnées.

En 1155 il devient chanoine régulier de l’abbaye victorine de Saint-Euverte d’Orléans, dont il prend la tête en 1167 en tant qu’abbé ; il est ensuite nommé abbé de Sainte-Geneviève de Paris, abbaye d’obédience victorine elle aussi, avant de devenir évêque dans la ville de Tournai, à l’issue d’une élection tumultueuse et d’abord contestée par Rome (1192). C’est un prélat soucieux du bien-être matériel et spirituel des établissements qui lui sont confiés : restaurations et constructions s’enchaînent sur les trois sites, tandis qu’il s’emploie avec énergie à faire respecter la vie régulière par ses chanoines. C’est aussi un homme influent dans la vie séculière : sollicité par les plus hautes autorités (papes, rois, évêques…), il intervient fréquemment, avec un succès parfois inégal. La fin de sa vie est moins brillante : isolé dans son évêché de Tournai, il est peu suivi par les chanoines et se trouve mêlé malgré lui aux secousses d’une vie politique heurtée. Il pâtit gravement de l’hostilité qui oppose le roi de France, son suzerain, à la Flandre et aux alliés de cette dernière (Angleterre et Allemagne), ainsi que de l’émergence et du rapide développement du mouvement communal. Il s’éteint le 11 septembre 1203.

En religion comme en politique, il n’apprécie guère les changements, si ce n’est pour aller vers une discipline accrue. Au cours d’une longue vie – soixante-quinze ans –, il aura fait preuve d’une vigueur et d’une opiniâtreté exceptionnelles dans toutes ses entreprises, mais aussi d’une grande humanité.

Chapitre II
L’œuvre d’Étienne de Tournai

Son œuvre de loin la plus connue, la plus éditée, la plus étudiée aussi, consiste en une abondante correspondance, qui témoigne de l’ampleur de son influence. On a beaucoup puisé dans ses lettres pour connaître la vie de ce prélat et pour mieux cerner les contours de son époque.

En revanche, les sermons dont il est l’auteur, au nombre de quatre-vingt-huit, n’ont encore fait l’objet d’aucune édition, hormis pour deux d’entre eux ; cela s’explique par le peu de considération qui leur a été accordée jusqu’à une époque récente. Aucun de ces sermons ne porte d’indication de lieu, ni de date de composition ou de présentation.

Étienne de Tournai est aussi l’un des premiers interprètes du droit canon de son temps, et, surtout, l’auteur d’un Commentaire sur le Décret de Gratien. Il y mêle morale et droit canon et reprend des notions développées par Abélard, soulignant la corrélation entre responsabilité et liberté. Il récuse la responsabilité imputée aux enfants pour la faute de leurs parents, cherche à établir des nuances dans le cadre d’un homicide involontaire et, surtout, n’admet pas les peines collectives, comme l’interdit.

Ses contemporains ont reconnu en lui un poète habile, comme en témoignent les commandes qui lui furent adressées. On conserve notamment les épitaphes de Louis VII, Maurice de Sully et Géraud de la Sauve-Majeure, en l’honneur de qui il a aussi composé un office rimé.

Chapitre III
Le contexte historique

À Orléans comme à Paris, Étienne de Tournai évolue en milieu victorin. En ce temps-là, l’abbaye de Saint-Victor de Paris est un établissement influent, qui s’introduit dans les chapitres pour y apporter la réforme : les chanoines sont invités à adopter une vie régulière en la conformant à la règle de saint Augustin. Dans l’ensemble, les chapitres d’abbaye se prêtent mieux à cette réforme que les chapitres cathédraux ; il en résulte un véritable réseau, qui ne cesse de s’étendre au cours du siècle.

L’éclat de la vie culturelle de Saint-Victor bénéficie alors d’une renommée sans pareille, que ce soit en France ou à l’étranger ; on y voit affluer les plus grands maîtres de l’époque, comme Hugues, Richard ou Achard de Saint-Victor, ou encore Robert de Melun et Pierre le Mangeur. Leurs œuvres, comme le Didascalicon d’Hugues de Saint-Victor, figurent parmi les écrits marquants du siècle et assurent à l’abbaye un renom durable. Ce prestige tient aussi à la richesse de sa bibliothèque.

La prédication revêt à Saint-Victor une importance fondamentale : si le livre y occupe une place centrale, il ne constitue cependant que le relais et la mémoire de la parole, qui tient le premier rang réel. Chaque jour, la tenue du chapitre est suivie de la lecture du martyrologe, puis d’un passage de la règle de saint Augustin ; il est à ce moment-là fréquent d’introduire un sermon, prononcé par l’abbé lui-même ou par l’un des chanoines. Les lectures faites au réfectoire ou encore seul ou en groupe sont également l’occasion de prononcer des sermons – ainsi s’explique aisément le foisonnement de sermonnaires qui peuplent la bibliothèque de la grande abbaye.

C’est en 1148, à la suite d’une rixe qui oppose les serviteurs des chanoines à ceux du pape, que Saint-Victor annexe l’abbaye Sainte-Geneviève, sa voisine directe, de loin plus ancienne et longtemps plus puissante. Cette réforme ne se fait pas sans difficultés, mais finit par être acceptée par les Génovéfains, qui se sont déjà violemment dressés contre la possibilité d’une réforme par les bénédictins, solution préconisée par l’abbé Suger.


Deuxième partie 
Les sermons d’Étienne de Tournai


Chapitre premier
Présentation des sermons édités

On observe deux ensembles de sermons bien distincts, qui suivent deux traditions manuscrites différentes. Les sermons numérotés 1, 2, 3 et 7 appartiennent à un premier ensemble, transcrit dans un corpus qui comprend de sept à onze manuscrits ; les sermons 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14 et 15 se retrouvent dans un corpus constitué par trois à quatre manuscrits. Enfin, le sermon 16 représente un cas à part : il est transcrit dans un état inachevé dans deux manuscrits seulement, qui se rattachent au corpus du premier ensemble, tandis que le ton employé et les thèmes abordés l’intègrent au contraire au deuxième ensemble. Hormis dans ce dernier sermon, les variantes sont minimes et ne permettent que rarement de définir de façon certaine un manuscrit de base ; de fait, l’édition est à chaque fois basée sur le manuscrit qui présente la version la meilleure. Cependant, le parti-pris adopté vis-à-vis de ce manuscrit de base n’a pas été le même pour tous les sermons : lorsqu’il est nettement meilleur que les autres, c’est la version qu’il propose qui a été presque systématiquement retenue, même quand elle s’oppose au consensus des autres manuscrits, tandis que lorsqu’il ne semble meilleur que par certains aspects, les versions proposées par les autres manuscrits ont davantage été prises en compte.

Ces sermons sont explicitement attribués à Étienne de Tournai dans trois manuscrits de la première série et dans un manuscrit de la deuxième. Leur diffusion se révèle relativement bonne, puisqu’on en retrouve dans de nombreuses bibliothèques françaises et européennes, quoique bon nombre des manuscrits n’en conservent qu’un nombre restreint.

Le ton général est plutôt froid, Étienne ne s’adressant que très peu à ses interlocuteurs ; il présente en revanche une allure théâtrale assez spectaculaire par la virtuosité d’une rhétorique bien maîtrisée, en dépit de quelques lourdeurs. La durée de ces discours est dans la moyenne de la capacité d’écoute attentive d’un auditoire, n’excédant guère vingt-cinq à trente-cinq minutes.

Chapitre II
Analyse linguistique et stylistique

Les sermons sont écrits entièrement en latin : on n’y décèle aucune trace de bilinguisme. D’ailleurs, on peut avancer de façon certaine que le latin est la langue dans laquelle ils ont été composés, car les innombrables figures de styles qui les ornent ne peuvent résulter d’une traduction. C’est une langue qui reste proche des normes du latin écrit et n’emprunte que très peu à la langue parlée ; le vocabulaire, classique, admet cependant quelques termes issus d’époques plus tardives, en particulier du lexique biblique, ainsi que quelques (rares) néologismes.

L’orthographe varie d’un manuscrit à l’autre dans des proportions considérables. L’orthographe conservée pour l’édition est celle du manuscrit de base ; quand les graphies varient pour un même mot dans le même manuscrit, on a essayé d’uniformiser l’orthographe pour un même texte, tout en respectant le manuscrit autant que possible.

Les sermons d’Étienne de Tournai sont remarquables par l’usage qui y est fait des procédés de la rhétorique, ainsi que par la variété de leurs constructions. Étienne de Tournai met en œuvre différents types d’élaboration et de construction du plan, que ce dernier s’approche de ce qui sera abondamment pratiqué dans les universités ou qu’il soit d’inspiration nettement victorine ; ces deux méthodes, préconisées dès la fin du xiie siècle, trouveront leur plein épanouissement au xiiie siècle. Dans le premier cas, le plan est construit sur les différentes parties du verset thématique, voire sur chaque mot de celui-ci quand il a été entièrement fragmenté. Dans le second cas, le thème est considéré dans son ensemble comme unité exégétique et il est traité successivement suivant le sens littéral ou historique, allégorique et moral. En revanche, le plan fondé sur l’exposé des circonstances ( quis, quando, ubi…) n’est pas représenté. On n’en trouve qu’une occurrence, limitée à quelques lignes (début du sermon 5).

Ces discours sont tout entiers animés par l’allégorisation et la personnification des choses. Tout y donne lieu à interprétation, des tableaux et des scènes exposés jusqu’aux noms propres, suivant la méthode du commentaire biblique. Certains termes sont disséqués suivant le principe des distinctions, qui consiste à isoler et à analyser plusieurs sens du mot en se servant des étymologies, dérivations, etc. Enfin, la technique des autorités concordantes est bien représentée, principalement de façon littérale, c’est-à-dire que c’est toujours le même mot qui tient lieu de fil d’Ariane pour passer d’un sens à l’autre, d’une explication à l’autre.

Toujours transparaît ici le souci de l’organisation qui est celui de la mentalité victorine en général : chacun à sa place, les chanoines comme les mots ou les membres de phrases. Chaque élément est scrupuleusement comptabilisé, à tel point que ce besoin récurrent de tout numéroter donne par moment un aspect laborieux à l’ensemble. Étienne s’attache tout particulièrement à expliquer un par un les éléments généralement groupés en triade qu’il vient d’exposer. La volonté du prédicateur de donner à ses paroles une tonalité musicale est manifeste. Différentes figures, qu’elles affectent la sonorité des mots ou le rythme de la phrase dans son ensemble, sont omniprésentes. Mais ce qui est le plus remarquable chez Étienne de Tournai, c’est l’usage presque surabondant qu’il fait de la prose rythmée et rimée, qu’il manie visiblement avec un goût marqué. C’est aussi un moyen mnémotechnique fréquemment employé, qui doit permettre aussi bien au prédicateur qu’à son auditoire de marquer et de retenir le plan.

Chapitre III
Les sources utilisées par Étienne de Tournai

Le texte de la Bible constitue une autorité absolue, indispensable pour donner au sermon son caractère infaillible ; parfois le sens a été modifié pour s’accorder avec le sens général de la phrase. On dénombre dans chaque sermon une trentaine de citations au minimum ; il n’est pas rare qu’il y en ait jusqu’à quarante, cinquante, voire, plus exceptionnellement, soixante-dix. On remarque une importante différence qui sépare les deux séries de sermons : la première ne compte que 36,2 citations en moyenne par sermon, tandis que la seconde en totalise 55, soit 51 % de plus. C’est la proportion qu’on retrouve pour la Bible, citée 30,4 fois en moyenne pour un sermon de la première série, tandis qu’elle l’est 43 fois pour un sermon de la deuxième. Les psaumes sont cités deux fois plus dans cette dernière série (10,6 fois par sermon) que dans la première (5,6 fois). On note aussi que certains livres bibliques, moins courants, n’apparaissent que dans cette seconde collection : Ezechiel, Sophonie, Habacuc, etc.

En revanche, les Pères de l’Église, tout comme les auteurs médiévaux et les auteurs classiques, sont très bien représentés dans les sermons de la première collection. En ce qui concerne les classiques et les écrits médiévaux, la proportion semble même plus importante dans la première collection que dans la seconde, mais les données sont trop faibles pour qu’une comparaison soit vraiment pertinente.

L’Ancien Testament est nettement plus présent que le Nouveau : il fournit plus des deux tiers des citations bibliques utilisées. A l’intérieur de l’Ancien Testament lui-même, on constate une nette prédominance des livres didactiques, grâce à l’incontestable supériorité numérique des psaumes. Les livres prophétiques sont le mieux représentés par Isaïe. Au sein du Nouveau Testament, ce sont les Épîtres qui sont les plus sollicitées, avec une moyenne de 7,4 citations par sermon pour la première collection et 10 citations pour la seconde. Les Évangiles sont nettement moins bien représentés et les Actes et l’Apocalypse n’apparaissent que de façon contingente.

Dans les deux cas, les auteurs antiques sont très bien représentés, ce qui donne une bonne idée de la culture d’un lettré de cette époque. En effet, la tradition antique perdure dans les milieux cultivés jusqu’à la fin du xiie siècle, alors qu’elle tend à s’effacer au siècle suivant. Cela dénote aussi un vaste horizon intellectuel.

Enfin, un autre type de sources a visiblement eu une influence profonde sur Étienne, à savoir les bestiaires. Étienne de Tournai y a largement puisé pour illustrer son propos ; certains passages s’en approchent de très près. D’autres, au contraire, contredisent ce qu’il est habituel de trouver dans ce genre de sources : peut-être faut-il y voir une interprétation personnelle, ou encore l’utilisation de documents qui ne nous sont pas connus.

Chapitre IV
Le public

Les circonstances de la prédications ne sont pour ainsi dire jamais précisées, mais ces discours s’adressent manifestement à un public cultivé : construits suivant un plan souvent très strict aux innombrables subdivisions, empruntant les voies de la rhétorique, ils ne proposent aucun dicton populaire, aucun exemple tiré du quotidien, de faits divers ou encore de souvenirs de l’auteur, réels ou inventés. D’après les sujets abordés, les sermons 1, 2, 3 et 7 datent de la période parisienne d’Étienne de Tournai. Les écoliers comme les chanoines sont désignés de façon explicite ; il leur est avant tout reproché leur vagabondage, aussi bien physique que moral ou doctrinal. Les autres textes ne se recoupent pas du tout avec les premiers ; il semblerait que le public concerné n’ait pas été le même, ce qui tendrait à dire qu’ils n’ont pas été composés, ni prononcés au même endroit, ni au même moment. En effet, les thèmes habituellement évoqués devant un public estudiantin ont à peu près disparu ; en revanche, l’auteur s’adresse toujours à des religieux. Or, l’un des sermons évoque le chapitre régulier : le plus probable est que ces discours ont été prononcés devant les chanoines d’Orléans.


Troisième partie
Édition


Chapitre premier
Les manuscrits

Chacun des manuscrits utilisés a été affecté d’un sigle, à savoir : A : Paris BNF lat. 14935 ; B : Paris BNF lat. 3733 ; C : Paris BNF lat. 14592; D : Paris BNF lat. 16463 ; E : Paris BSG ms. 239 ; F : Paris BSG ms. 616 ; G : Paris Arsenal ms. 400 ; H : Paris BSG ms. 558 ; I : Paris BNF lat. 18172 ; J : Paris BSG ms. 1421 ; K : Orléans BM ms. 199 (176) ; L : Prague BN ms. XIV E 23 ; M : Paris BNF lat. 14652 ; N : Évreux BM ms. lat. 20 ; O : Troyes BM ms. lat. 937 ; P : Paris BNF lat. 14950 ; d : édition par l’abbé Desilve, à la suite de l’édition des Lettres(p. 426-434). Pour cette édition, il a utilisé les manuscrits M(à qui il donne la cote lat. 14632 ; il s’agit bel et bien du lat. 14652) et E(BSG 239, ancienne cote CC).

Les manuscrits médiévaux, et en particulier ceux qui remontent au xiiie siècle, prédominent nettement, soit : A, B, D, G, H, I, L N : Fin xiie-XIIIe siècle ; M : xve siècle ; C et F : xviie siècle ; E : XVIII e siècle.

On peut considérer deux branches principales. En tête de la première branche, on trouve A, G et L. A et L semblent être les seuls représentants de leurs embranchements respectifs, alors que G est à la tête d’un embranchement constitué par plusieurs manuscrits. G, C, E et F forment une entité bien visible. La deuxième branche rassemble les manuscrits B, D, H, I, M et N. Le manuscrit M est celui qui propose, et de loin, la meilleure version.

Les rapports entre ces différents témoins peuvent donc être exprimés comme suit :

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La tradition manuscrite de la seconde collection de sermons est plus réduite, ne comprenant que quatre témoins connus à ce jour. Il s’agit d’un manuscrit du xiiie siècle, O, et de trois manuscrit de la fin du XII e siècle, P, J et K. Ces quatre manuscrits présentent des versions extrêmement proches les unes des autres ; l’orthographe elle-même, dans ses fantaisies, contribue à les rapprocher. Proposer un stemma pour ces quatre témoins n’aboutirait à rien de satisfaisant : si certaines variantes peuvent, à première vue, paraître probantes, les différentes occurrences se contredisent entre elles et ne permettent guère de rapprocher ou d’éloigner définitivement un ensemble de manuscrits d’un autre.

Chapitre II
L’organisation des sermons dans le manuscrit

Dans les manuscrits qui transcrivent la première série, on observe plusieurs « noyaux durs » qui reprennent les mêmes sermons, classés dans un ordre similaire (suivant l’ordre de l’année liturgique), d’un manuscrit à l’autre. Peut-être cela signifie-t-il que ces textes ont d’abord circulé sous forme de libelli indépendants qui ont été regroupés ensuite. Il est difficile de savoir si cet ordre a été ou non voulu par le prédicateur lui-même.

Parmi les manuscrits de la deuxième série, J suit de façon irréprochable et dans son entier l’ordre de l’année liturgique, à deux exceptions près, qui se situent vers la fin et doivent donc correspondre à des oublis. Temporal et sanctoral sont mêlés de manière à ce que les fêtes liées aux saints s’intègrent parfaitement dans le déroulement de l’année ; les sermons du commun sont regroupés à la fin. Ce manuscrit contient trois sermons pour Noël, trois pour la Quadragésime, quatre pour Pâques, etc. Sans doute peut-on en conclure qu’il a été composé pour plusieurs années de suite. Il est le seul des quatre manuscrits à adopter un ordre aussi rigoureux. Les trois autres manuscrits adoptent un ordre différent, mais qui les rapproche les uns des autres, surtout O et P.

Chapitre III
Édition des sermons

Les sermons édités sont ceux du sanctoral, hormis ceux qui sont consacrés à la Vierge ou à tous les saints. Chaque sermon est précédé d’une ou deux pages mettant le plan en évidence ; ils sont classés suivant le calendrier liturgique.


Annexes 

Répertoire des sources utilisées par Étienne de Tournai. — Glossaire. — Index.