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École des chartes » thèses » 2008

La Notomia de Anric de Mondavilla,traduction occitane de l’Anatomia d’Henri de Mondeville

Édition critique et étude du vocabulaire scientifique


Introduction

Henri de Mondeville est un chirurgien normand qui travailla au service de Philippe le Bel et enseigna la chirurgie à Montpellier et à Paris. Au tout début du xiv e siècle, il entreprit de rédiger une somme complète sur la chirurgie, qu’il laissa inachevée. Son traité devait comprendre cinq livres, traitant dans l’ordre de l’anatomie, des plaies et des ulcères, des maladies spéciales, des fractures et luxations, enfin de la confection de remèdes, mais la fin du troisième livre et le quatrième sur les maladies spéciales ne furent jamais écrits. La Notomia est une version occitane du premier livre, précédée d’un prologue plus général consacré à la science chirurgicale, qui n’est transmis que par le manuscrit Ashburnham 104 de la Biblioteca Medicea Laurenziana de Florence. Au cours de ce travail de recherche, il est apparu que la Notomia est la traduction d’une version française de l’Anatomia de Mondeville, contenue dans le manuscrit C 804 de l’Universitetsbibliotek d’Uppsala. Elle figure parmi les rares textes en occitan à nous être parvenus au nombre restreint des textes scientifiques. S’agissant d’un traité d’anatomie, son objet est autant de décrire le corps humain que d’en définir le vocabulaire. Elle offre donc la possibilité d’étudier de près un pan du vocabulaire scientifique occitan, encore mal connu. Traduite d’un texte français lui-même traduit du latin, elle constitue également un bon point de départ pour une étude de la traduction à la fin du Moyen Âge et pour une comparaison du champ lexical anatomique de trois langues distinctes.


Première partie
Introduction et commentaire


Chapitre premier
À propos d’Henri de Mondeville

Un personnage mal connu . — La biographie d’Henri de Mondeville est très incertaine. Les sources le concernant sont rares et les informations concentrées sur les années 1300-1310. La plupart sont livrées par Mondeville lui-même dans son œuvre. Ses biographes avancent la période 1260-1270 et les années 1320-1325 pour dater son existence, mais rien ne permet de l’affirmer avec certitude. Les seules informations dont on dispose sont celles qu’il livre au fil de son traité.

Le chirurgien et le théoricien . — Ses positions et ses opinions sont en revanche bien connues. Il est l’un des premiers tenants français d’une nouvelle école de chirurgie née à Bologne au xii e siècle. Celle-ci lui est d’autant plus familière qu’il semble qu’il ait été l’élève de Lanfranc de Milan, lui-même formé à Bologne auprès de Guillaume de Salicet et exilé à Paris à la fin du xiii e siècle. Mondeville en hérite notamment la méthode sèche de traitement des plaies. Cette méthode, qui recherche la cicatrisation immédiate de la plaie et en prévoit le nettoyage au vin, contraste avec la pratique plus répandue de suppuration préalable et a fait de Mondeville le héros de l’antisepsie et de l’empirisme aux yeux des historiens de la médecine. En réalité, celui-ci voit la chirurgie comme une science au sens médiéval et universitaire du terme et lui applique la méthode scholastique dans toute sa rigueur. Son traité de chirurgie, qui s’attache à décrire les causes de chaque affection et à justifier ainsi tout traitement thérapeutique, le prouve. De plus, bien que Mondeville critique régulièrement les médecins de la faculté de médecine de l’Université de Paris, ces derniers trouvent plus facilement grâce à ses yeux que les chirurgiens et barbiers qui n’ont bénéficié d’aucune formation universitaire et qu’il n’épargne guère. L’enseignement universitaire revêt une grande importance à ses yeux et son traité de chirurgie, émaillé d’exemples et de remarques à vocation pédagogique, en est le reflet.

Postérité de Mondeville . — La plupart des historiens de la médecine ont considéré que l’œuvre de Mondeville n’avait eu qu’un succès limité. Il est vrai que son traité, incomplet, a rapidement souffert de la concurrence de Gui de Chauliac et n’a pas été imprimé avant le xix e siècle. Il serait toutefois excessif d’affirmer qu’il fut immédiatement oublié : ses successeurs, comme Gui de Chauliac, le connaissent et le citent, et sa Chirurgia fut malgré tout copiée et traduite jusqu’au xv e siècle. De plus, des traités d’anatomie espagnol, et anglais publiés au xvi e siècle portent la trace de son influence.

La Chirurgia . — On distingue généralement deux versions de la Chirurgia de Mondeville. Une première, réduite aux deux premiers livres, représente un premier état du traité. On n’en connaît que des manuscrits précoces, car elle fut rapidement remplacée par la dernière version de la Chirurgia, incomplète d’un livre. On distingue cependant plusieurs étapes de rédaction, visibles dans le manuscrit BnF lat. 7131, qui permet d’en distinguer neuf. Une fois l’œuvre achevée, sa diffusion fut assez rapide et relativement large et durable. On en connaît trente-neuf manuscrits, complets, partiels ou résumés. La langue la plus courante est le latin, mais il en existe des traductions françaises, néerlandaise, anglaise et occitane. Deux livres de ce traité connaissent une tradition indépendante : l’antidotaire et l’anatomie, qui figure seule dans quatorze manuscrits, dans quatre langues différentes. Ce succès s’explique probablement par le fait que ces deux parties sont nettement moins développées dans les autres traités médiévaux. Le texte latin complet est accessible aujourd’hui dans une édition du xix e siècle, donnée par Julius L. Pagel. On peut également consulter l’édition donnée par Alphonse Bos de la traduction française de la première version du traité, ainsi que celle de l’anatomie en occitan de Max Gorosch. Il n’existe cependant pas d’édition critique au sens actuel du terme, qui tiendrait compte de tous les manuscrits existant ou qui aurait effectué un choix raisonné entre eux, et qui proposerait un stemma de la tradition de Mondeville. Une telle entreprise dépasse le cadre de ce travail, qui a pour objet la seule traduction occitane de l’anatomie, mais son étude apporte un éclairage sur une partie de cette tradition.

Chapitre II 
À propos de la Notomia

Notice du manuscrit de base . — Le manuscrit Ashburnham 104 de la Biblioteca Medicea Laurenziana ne contient que la Notomia. Considérée comme la version occitane du traité d’anatomie de Mondeville, elle est précédée d’un prologue à portée plus générale, annonçant le traité de chirurgie complet. Ce prologue est constitué de passages divers de la Chirurgia de Mondeville, ainsi que de quelques extraits de la Chirurgia magna de Lanfranc de Milan. Il est désigné par le sigle Ash.

Notice du manuscrit français d’Uppsala . — Ce manuscrit contient un traité de chirurgie composé de passages résumés et tirés de la Chirurgia d’Henri de Mondeville et de la Chirurgia magna de Lanfranc de Milan. À l’exception du premier livre, qui est composé de morceaux épars, il fait alterner de longs chapitres extraits des deux traités, sans les mélanger intimement ou les synthétiser. Il est cependant entièrement attribué à Mondeville. Il se distingue également de la tradition latine de la Chirurgia par la place qu’y occupe le livre sur l’anatomie, rejeté à la fin du manuscrit et distingué de sa première partie. Il s’agit manifestement d’un manuscrit d’origine picarde, comme l’attestent le colophon et certains de ses traits linguistiques. Il a été donné en 1705 à l’Université d’Uppsala par Johan Gabriel Sparfwenfeldt, connu pour avoir voyagé en Europe puis avoir officié comme introducteur des ambassadeurs à la cour de Suède et qui a probablement obtenu ce manuscrit à la faveur de l’une de ces activités. Ce manuscrit est désigné par le sigle C.

Règles et méthode de l’édition et de l’étude du vocabulaire scientifique . — Le texte a été corrigé aussi peu que possible. Il ne figure en effet que dans un manuscrit et l’on manque de références en langue scientifique occitane permettant de justifier une correction. On n’a donc eu recours à ce procédé que lorsque la compréhension du texte devenait impossible. Il a été porté grand soin à distinguer les erreurs de copies, qu’on pouvait corriger sans trop de scrupules, des erreurs de traductions, qui sont le fruit de la volonté du traducteur et qu’il convenait de conserver. On a aussi signalé les passages manquant à l’occitan, complétés par leur équivalent latin ou français quand il était différent, dans l’apparat critique. En plus du relevé de ces passages manquants et de celui des leçons fautives, l’apparat critique fait également apparaître les leçons variantes des textes latin et français. Les éditions de Pagel et de Bos, ainsi que le manuscrit français d’Uppsala, inédit, ont servi de « manuscrits » de contrôle. On s’est cependant abstenu d’y faire figurer les longs passages supprimés par le traducteur-abréviateur. Seules apparaissent les coupes qui modifient le propos, plus révélatrices de la tradition du texte et moins gênantes pour la lecture. Autre pan important de ce travail d’édition, l’étude du vocabulaire scientifique est faite par le biais d’un lexique. Afin de mieux connaître le vocabulaire anatomique et médical occitan, on y a relevé tous les termes désignant une partie du corps ou ses caractéristiques, y compris ceux dont le sens est évident et l’emploi ancien. On s’est attaché à définir précisément le sens sous lequel ils étaient employés et on les a accompagnés de leur équivalent dans la version latine éditée par Pagel et dans la française éditée par Bos. On a également reconstitué l’histoire de ce vocabulaire, en s’inspirant de la méthode suivie par David Trotter dans son édition de la version française du traité de chirurgie d’Albucasis. Chaque terme a donc été recherché dans une série de dictionnaires et lexiques occitans et français et leurs premières attestations relevées lorsque cela présentait un intérêt.

Chapitre III 
Situer la Notomia

Il est difficile de se prononcer avec précision sur l’origine géographique de la Notomia ou sur la date de sa traduction et de sa copie. L’écriture qu’on y observe a été largement employée dans le Midi du xiv e au xv e siècle et si la décoration des lettrines est un peu moins courante, aucun de ses motifs ne semble spécifique à une région ou une période particulières. De même, sa langue n’est pas significativement marquée par des traits dialectaux ou régionaux particuliers, qu’il a fallu distinguer des traces laissées par les deux traductions successives et par le caractère scientifique et savant du texte. Les observations que l’on a pu faire dans son étude portent donc essentiellement sur des détails, que l’on a comparés avec d’autres textes occitans, datés et situés avec plus de certitude. Le modèle suivi a été celui des Recherches linguistiques sur les chansonniers provençaux(Genève, 1987) de François Zufferey. On a ainsi relevé de nombreux points communs entre la Notomia et les chansonniers languedociens, et particulièrement avec les chansonniers narbonnais et biterrois C et b-E. En revanche, elle diffère sur certains points du texte alchimique Lo Rosari, originaire de Montpellier, ce qui permet de douter de son origine exactement montpelliéraine. Il semble donc plus probable que la langue du manuscrit Ashburnham 104 soit originaire d’une zone frontière entre le Languedoc occidental et le Languedoc oriental, entre Béziers et Narbonne. Toutefois, le caractère médical et scientifique du texte ainsi que ses traits français et savants invitent à le lier à un centre d’enseignement universitaire. Il est donc possible qu’il ait été traduit et copié à Montpellier, siège d’un enseignement médical largement reconnu au Moyen Âge, mais probablement par un individu parlant la langue d’entre Béziers et Narbonne. Les gallicismes que l’on relève sont en partie dus au fait que le traducteur a suivi un modèle français, mais pas seulement. Certains semblent en effet trahir une origine française chez le traducteur ou un copiste. Il est donc possible que le texte ait été copié d’une main française ou que son traducteur ait été de langue maternelle française ou l’ait suffisamment maîtrisée pour parfois la confondre avec l’occitan. Quant à la date de réalisation, il n’est pas plus aisé de s’avancer. On observe des traits modernes n’apparaissant qu’au xiv e siècle, ce qui n’a rien de surprenant, s’agissant d’un traité rédigé dans le premier tiers du xiv e siècle. Cependant, on peut observer que les motifs ornant le manuscrit sont plus courants au delà de la fin du xiv e siècle. En tenant compte, en plus de cela, du temps nécessaire à une traduction de la Chirurgia du latin au français et du français à l’occitan, on peut placer la Notomiaà cheval sur la fin du xiv e et le début du xiv e siècle.

Chapitre IV
Traduction et construction du texte

Une traduction du français . — En dépit de la coloration latine présentée par la Notomia, il est assez clair qu’il s’agit d’une traduction d’un texte français, et plus exactement d’un témoin de la tradition du manuscrit C. L’existence d’un modèle français est attestée par la présence de néologismes occitans créés à partir d’un mot français, ainsi que par des erreurs de traduction qui ne peuvent avoir d’autre origine : ainsi la confusion répétée entre costa, attestée ailleurs sous le sens de côte, et costat, censé signifier côté. Si les termes latins costa et latus ne se ressemblent guère, il est plus difficile de faire la distinction entre coste et coste, transcrit costé selon les règles de l’édition. On trouve d’autres termes dont la terminaison en - at, comparable à celle d’un participe passé occitan, n’est pas attestée ailleurs, mais s’explique facilement par celle en – e du français, que l’on confond facilement avec la désinence – é du participe passé. Par ailleurs, Ash et C partagent des lacunes ou leçons fautives, les mêmes coupes d’abréviation, et on y observe une concordance pour ainsi dire exacte lorsque les langues romanes ont eu recours à plusieurs solutions pour traduire un même terme ou expression du latin.

De P à C : ce que l’on retrouve dans Ash . — À l’instar de Ash, le manuscrit C propose une version très condensée de l’ Anatomia latine. Il est possible que le traducteur français ait utilisé une version latine déjà condensée, mais aucune trace n’a pu en être trouvée. D’une manière générale, la tradition romane laisse de côté toutes les informations annexes et les exemples répétitifs. Les doublons proposés par le texte latin peuvent subir le même sort et les segments de phrase destinés à structurer le discours disparaissent la plupart du temps. Si le texte latin est fortement hiérarchisé, les versions romanes préfèrent la juxtaposition et la coordination. D’autre part, on retrouve dans C et Ash la plupart des traits relevés dans les traductions scientifiques médiévales : latinismes, néologismes et fidélité au modèle latin cohabitant avec un effort de recherche du mot juste dans le vocabulaire roman préexistant, doublon éclairant le sens du néologisme inspiré du latin. En somme, l’essentiel des transformations que l’on relève entre le texte latin et l’occitan sont d’abord réalisées dans la traduction française.

De C à Ash : peu de modifications . — Àquelques exceptions près, le traducteur occitan n’a pas modifié la structure du texte de C, ni même de la phrase française. Tout au plus a-t-il poursuivi l’entreprise de simplification amorcée par C, en réduisant par exemple à un seul terme les doublons hérités du latin ou apparus dans la version française. En revanche, on relève des décalages entre les termes français et occitans qui témoignent de la volonté du traducteur de traduire un texte qu’il comprend dans une langue qu’il connaît. Il peut ainsi traduire plusieurs synonymes français par un seul terme occitan et inversement. S’il emploie régulièrement des latinismes et des termes latins, il peut faire appel à des termes romans courants, y compris pour désigner des parties du corps. Il a également recours à des solutions, certes approximatives mais préférables à un non-sens ou à un oubli, pour rendre compte de passages manifestement mal compris. La Notomia n’est donc pas une vague « occitanisation » d’un texte français mais une vraie traduction, dont les caractéristiques sont comparables à celles de C.

Le traducteur occitan a-t-il utilisé un texte latin ? — Certains détails semblent en effet l’indiquer, sans certitude cependant. Ainsi, dans certains passages, la version occitane répète des termes directement importés du latin là où le français propose une traduction en roman. Ailleurs, l’occitan ne tient pas compte d’un doublon créé par le français et revient au terme latin. La Notomia peut également posséder la même leçon que la version latine, quand la française propose une variante. Enfin, le traducteur occitan transforme à plusieurs reprises les doublons français en glose, distinguant entre les deux termes français celui issu du latin et celui ajouté par le traducteur, y compris lorsque le doublon français n’était pas clairement identifié comme un néologisme latin suivi de son équivalent vulgaire. Toutefois, de tels indices sont rares et contestables. La réduction d’un doublon ajouté par le français ne donne par toujours lieu à un retour au terme directement issu de celui employé par le latin. Surtout, l’écart temporel que l’on constate entre les manuscrits Ash et C, et par conséquent entre le manuscrit de travail du traducteur occitan et C, peut être considéré comme responsable de tous les décalages que l’on observe entre C et Ash. S’il est possible que le traducteur de la Notomia ait eu recours à deux manuscrits, latin et français, rien ne permet de l’affirmer de manière catégorique.

Construction du prologue . — Dans ses grandes lignes, le prologue de la Notomia est traduit du manuscrit C. Cependant, le manuscrit C commençant son traité par l’équivalent du livre II de la Chirurgia de Mondeville et rejetant à la dernière place la partie consacrée à l’anatomie, des passages consacrés au traitement des plaies se sont glissés dans le prologue occitan. Par ailleurs, le premier livre du manuscrit C mêle indifféremment des textes d’Henri de Mondeville et de Lanfranc de Milan. Ce dernier est donc l’auteur d’une partie de ces paragraphes traitant des plaies dans le prologue général de la Notomia et que l’on considérait jusqu’à présent comme propres à la tradition occitane ou romane de Mondeville. La raison pour laquelle le traducteur occitan les a insérés dans un prologue conçu comme une introduction générale à un traité de chirurgie est assez obscure. Il est possible que son projet initial ait été de traduire le traité complet de Mondeville et que, connaissant sa construction, il ait cherché à en rétablir l’ordre premier. La présence des passages sur les plaies ne serait alors qu’une erreur.

La place de Ash dans la tradition de la Chirurgia . — On pourrait considérer la Notomia comme la traduction d’une toute première étape de rédaction de la Chirurgia, qui ne contiendrait que le traité d’anatomie, et dont on a pu voir des témoins dans des manuscrits latins ne reproduisant que ce livre. Cependant Ash et C donnent une version très abrégée de ce texte, qui est plus développé dans les manuscrits latins. S’il s’agit d’une version plus ancienne encore, il n’en subsiste aucun manuscrit latin pour le prouver. De plus, l’Anatomie de C a manifestement subi un traitement comparable à celui de la Chirurgie qui la précède et qui est elle-même un résumé des traités de Mondeville et de Lanfranc de Milan. Il est donc plus probable que Anatomie et Chirurgie aient été résumées et/ou traduites en même temps, à partir d’une des dernières étapes de rédaction du traité de Mondeville.


Deuxième partie
Édition


La présente édition reproduit l’intégralité du manuscrit Ash. Elle est complétée par un glossaire usuel destiné à éclairer le sens de certains mots qu’on ne pouvait prendre en compte dans l’étude du vocabulaire scientifique et d’un index des noms cités dans la Notomia.


Troisième partie 
Étude du vocabulaire scientifique


Puisqu’il reste peu de textes médicaux occitans, que très peu sont consacrés à l’anatomie, que plus rares encore sont ceux antérieurs au xiv e siècle, la Notomia offre souvent la première attestation connue des termes anatomiques et médicaux. Elle est d’ailleurs parfois signalée dans les dictionnaires et lexiques utilisés. De plus, les outils consacrés spécifiquement à l’occitan sont peu nombreux et la littérature scientifique y fait figure de parent pauvre. Il n’est donc pas étonnant de trouver de nombreuses premières attestations dans la Notomia. Ces conclusions devront être revues à la faveur de l’étude actuellement menée par D. Trotter sur la version occitane du traité de chirurgie d’Albucasis. En revanche, on n’a pu relever que très peu de termes occitans antérieurs au français, puisqu’ils sont la plupart du temps littéralement traduits du français. Enfin, de nombreux mots semblent être des hapax propres à ce texte. Cela est dû en partie à la rareté des outils à la disposition du chercheur, mais également au fait qu’il s’agit la plupart du temps de néologismes construits à partir du latin. Ils sont donc manifestement restés à l’état d’expériences sans suite.

Ces conclusions n’ont cependant rien de définitif et le présent travail peut constituer un point de départ pour d’autres études. Ainsi, une observation plus poussée du manuscrit C permettra de mieux comprendre la tradition romane de Mondeville et sa traduction. De plus, l’étude détaillée de la langue et du vocabulaire d’autres textes médicaux et scientifiques occitans devrait venir nuancer et préciser les conclusions de cette étude du vocabulaire de la Notomia.


Annexes

Liste des manuscrits connus d’Henri de Mondeville. — L’introduction au premier chapitre de l’Anatomie : un exemple de réduction importante du texte latin.