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École des chartes » thèses » 2010

Le bailliage de Malesherbes pratiques et évolutions d’une justice seigneuriale au xviie siècle (1630-1700)


Introduction

Plus que toute autre institution de la France d’Ancien Régime, la justice seigneuriale a concentré sur elle les critiques les plus sévères, de la part des historiens comme des juristes des deux derniers siècles. Ce type bien particulier de justice avait en effet contre lui de cumuler à la fois les reproches associés en général aux institutions de la France moderne (multiplication d’institutions concurrentes, flou des ressorts, impossibilité d’établir des cadres généraux ou nationaux du fait des usages locaux et des privilèges particuliers) et les reproches appliqués spécifiquement à des justices privées, au caractère intrinsèquement patrimonial. De ce fait, la justice seigneuriale a été associée à la condamnation d’ensemble de la féodalité. Elle a même pu en représenter l’un des aspects les plus scandaleux, insupportables et surannés, en ce qu’elle était censée incarner le pouvoir de contrainte du seigneur sur ses censitaires.

Dans les faits, la situation de la justice seigneuriale à Malesherbes au xviie siècle est paradoxale à plus d’un titre. L’éloignement physique de tout centre urbain, même secondaire, et des cours de justice supérieures fait d’abord que le bailliage de Malesherbes n’est pas concurrencé dans le traitement des affaires. De même, l’étendue de cette justice est assez faible et concerne une population de moins de 2 000 personnes. Ainsi, une justice inférieure au ressort étroit et au réservoir de population modeste se trouve en situation de juger toutes les affaires.

La constitution du personnel du bailliage de Malesherbes reflète cette situation, puisque quelques individus se partagent toutes les fonctions d’office des environs. Par la modestie des revenus associés à ces fonctions, on parvient à observer un milieu de professionnels de la justice de proximité qui a fort peu à voir avec le personnel des cours de justice royales et supérieures.

L’essentiel de l’activité de la justice seigneuriale de Malesherbes est lié au domaine de la justice civile contentieuse et plus particulièrement aux affaires de dettes et de réalisations contractuelles. L’étude des archives du greffe montre ainsi un usage local et abondant du prêt, manifestant la nature de la circulation de l’argent dans des sociétés rurales privées d’accès à des institutions bancaires. Au-delà des questions d’argent, la justice de Malesherbes constitue également un théâtre où se manifestent les tensions d’une communauté rurale dans laquelle la défense de l’honneur et de la réputation occupe une place majeure. La notion de violence se retrouve au quotidien dans l’exercice de la justice et de manière très répétitive, à tel point qu’il serait possible de dire que le recours à la violence, puis au traitement judiciaire adapté, sont des mécanismes normaux et habituels de résolution des conflits dans cette société rurale du xviie siècle. L’exercice de la justice couvre enfin deux domaines de police : la protection des mineurs et de leurs biens se manifeste par le grand nombre de dations de tutelle et curatelle. Enfin, en tant que seule autorité administrative de proximité, la justice seigneuriale de Malesherbes est amenée à gérer toutes les situations collectives sortant de l’ordinaire : catastrophes naturelles, célébrations publiques, surveillance de la moralité sont autant de domaines qui font de cette cour de justice une forme d’administration de la communauté rurale dont elle a la charge.

Dans l’ensemble, on peut dire de la justice seigneuriale de Malesherbes qu’il s’agit d’une institution complexe : devant avant tout servir à garantir la perception des revenus du seigneur, elle n’en sert pas moins aux justiciables comme voie de recours légal dans tous les aspects de leur existence. De même, malgré des compétences fort larges, cette justice n’en fonctionne pas moins sur la base d’une économie de moyens permanente. Enfin, la période envisagée (1630-1700) permet de mettre en relief les grandes étapes de l’intégration de toutes les justice du royaume par les grands codes de procédure du xviie siècle et de mesurer l’impact réel de ces derniers dans l’exercice quotidien de la justice.


Sources

Du fait de la destruction des archives départementales du Loiret en 1940, l’essentiel des sources utilisées pour l’étude de la justice seigneuriale de Malesherbes provient du fonds Malesherbes (399 AP), entré par dation en 2000 aux Archives nationales. Parmi ce vaste fonds, deux parties concernent particulièrement cette étude : d’une part, le chartrier de la seigneurie qui permet d’en étudier l’étendue, les revenus et les droits et, d’autre part, les archives du greffe de la justice de Malesherbes, qui couvre avec de nombreuses lacunes une période s’étendant de 1630 à 1730. Registres du greffe et pièces de procédures représentent une masse totale équivalente à cinq mètres linéaires d’archives.


Première partie
La justice de Malesherbes dans son contexte


Chapitre premier
Seigneurs et seigneurie de Malesherbes

Avant le xviie siècle : les étapes de la formation d’une seigneurie. — La seigneurie est une institution qui dispose d’un certain nombre de pouvoirs sur ses habitants et censitaires. Elle est aussi une possession patrimoniale d’une famille noble et constitue une part importante de ses revenus et de son prestige. Du début du xve siècle au début du xviiie siècle, la seigneurie de Malesherbes appartient à des descendants de Jean de Montaigu, ministre du roi Charles VI, qui constituent dans ses grands lignes le domaine de Malesherbes tel qu’il se maintient jusqu’à la révolution de 1789.

La situation au xviie siècle : les Illiers d’Entragues. — Au xviie siècle et depuis le début du xvie siècle, la seigneurie de Malesherbes appartient à la famille des Illiers d’Entragues. Grands seigneurs, ils n’ont cependant aucune importance politique et la succession des générations amène un appauvrissement progressif de ses membres. Dans l’ensemble, on peut dire que les seigneurs de Malesherbes se trouvent dans un processus de dégénérescence.

Chapitre II
Situation géographique et revenus de la seigneurie de Malesherbes

Situation géographique. — À mi-chemin de Paris et d’Orléans, Malesherbes se situe plus précisément au centre d’un quadrilatère formé par les villes d’Étampes, Fontainebleau, Pithiviers et Nemours, sur les bords de l’Essonne. Cette situation géographique a son importance, car son isolement par rapport aux centres du pouvoir, même secondaires, est pour beaucoup dans l’indépendance de l’exercice de la justice.

Revenus de la seigneurie. — En tant que bien immobilier, la seigneurie de Malesherbes est une source importante de revenus pour ses propriétaires. Au cours du siècle, ses seigneurs peuvent compter sur un revenu net annuel oscillant entre 10 000 et 12 000 livres. Plus des deux-tiers de ces revenus proviennent des monopoles seigneuriaux : bois, marché, banalités.

Chapitre III
Une situation institutionnelle complexe

Les mouvances féodales. — Dans la hiérarchie féodale de l’Ancien Régime, la seigneurie de Malesherbes dépend pour une partie du duché d’Orléans et pour l’autre du temporel de l’évêque d’Orléans par sa seigneurie de Pithiviers, auxquels les seigneurs de Malesherbes doivent foi, hommage, aveu et dénombrement. De plus, un certain nombre de fiefs mineurs doivent de semblables droits aux seigneurs de Malesherbes.

Les institutions financières. — D’un point de vue fiscal, la seigneurie de Malesherbes est placée dans le ressort de la généralité d’Orléans et de l’élection de Pithiviers.

Les institutions ecclésiastiques. — L’essentiel des paroisses de la seigneurie de Malesherbes est placé dans le territoire de l’archevêché de Sens. La présence religieuse dans ce cadre est complétée par l’existence d’un couvent de Cordeliers dans le bourg de Malesherbes.

Les institutions judiciaires. — La justice de Malesherbes est placée dans le territoire régi par la coutume de Lorris-Montargis et dépend pour les cas royaux du bailliage royal d’Orléans. Dans les faits, les témoignages de relations entre la justice de Malesherbes et les justices royales supérieures sont extrêmement rares et concernent essentiellement l’entérinement de lettres royaux. À l’inverse, il est possible de trouver de nombreux cas de conflits entre la justice de Malesherbes et les juridictions seigneuriales voisines.


Deuxième partie
L’organisation de la justice de Malesherbes


Chapitre premier
Origines, fondements et organisation des droits de la justice de Malesherbes

Les étapes de la constitution de la justice de Malesherbes. — Le droit de justice est une des principales caractéristiques de la seigneurie, elle en suit donc de près les évolutions. Il y a un parallèle entre l’évolution géographique de la justice, en fonction des achats ou des aliénations, et l’évolution du détroit de la justice. Les archives subsistantes pour les périodes antérieures au xviie siècle semblent également montrer une évolution d’un système d’assises avec une justice itinérante à un système d’audiences régulières et sédentaires.

Le bailliage de Malesherbes au xviie siècle. — Au xviie siècle, la justice seigneuriale de Malesherbes est en fait une accumulation de droits de justice différents, mais unis par un personnel se partageant les différents offices, par un auditoire unique et par une seule série de registres. La situation de la justice est en ce sens ambigüe, puisqu’elle rassemble dans les faits un certain nombre de droits de justice séparés en droit.

Chapitre II
Une organisation atypique de la justice

Les lieux de justice. — La justice n’est pas qu’un droit théorique, elle s’exprime également dans l’espace publique autour de certains lieux. L’auditoire de la justice de Malesherbes est l’endroit où se rend la justice ; il s’agit d’une modeste maison située dans le bourg de Malesherbes, sur la place du marché. La justice se manifeste également par ses prisons et par des signes (fourches patibulaires, poteaux de justice, carcans).

Étendue, détroit de la justice de Malesherbes. — La question de l’étendue d’une justice est cruciale, car elle permet d’établir une comparaison entre ses compétences théoriques et le milieu géographique et humain sur lequel elle s’étend. La documentation subsistante du chartrier de la seigneurie de Malesherbes ne permet pas de donner une réponse théorique à la question des limites de la justice seigneuriale : il n’existe en effet aucune carte, ni document établissant une liste des lieux concernés par le bailliage de Malesherbes. Pour établir cette étendue, il a été nécessaire de s’appuyer sur la seule documentation qui spécifiât systématiquement l’origine géographique des acteurs de la justice : les interrogatoires de témoins. À partir de 177 interrogatoires, il a donc été possible d’établir que 52 % des témoins proviennent d’une distance inférieure à deux kilomètres du bourg de Malesherbes et que 91 % des témoins ont leur domicile à moins de dix kilomètres du siège de la justice. Plutôt que d’un territoire uniforme, il convient donc de considérer l’étendue de la justice de Malesherbes comme une zone d’influence qui s’estompe très rapidement avec la distance : il s’agit bien d’une justice de proximité, vécue comme telle par les habitants des environs. De plus, quoiqu’elle prétende recevoir les appels de plusieurs justices mineures, aucun exemple ne permet de montrer dans les faits l’application de cette procédure.

Ressort de la justice de Malesherbes : relever nûment au Parlement de Paris. — Une des caractéristiques les plus inattendues de la justice seigneuriale de Malesherbes est sa capacité à voir porter ses appels directement au parlement de Paris et sans intermédiaire. C’est cette capacité qui contribue à forger le terme, au début du xviiie siècle, de « châtellenie-pairie », en référence aux justices seigneuriales des duchés-pairies, dont les appels vont également directement au parlement de Paris. Le fait qu’une partie fasse appel de la décision de justice n’est pas mentionné dans les registres du greffe et il n’est donc pas possible de donner une évaluation quantitative du recours à cette procédure. On en retrouve cependant trace par deux biais, les « demandes en nonobstant appel », visant, pour les matières sommaires, à appliquer la décision de la justice de Malesherbes sans préjudicier au résultat de l’appel, et les « demandes en désertion d’appel », ayant pour but de s’assurer que l’appel interjeté est bien soutenu par la partie appelante de la décision.

Chapitre III
Juges, procureurs, témoins et experts

Le personnel judiciaire. — Le personnel de la justice de Malesherbes est un milieu réduit et stable de praticiens locaux, avec cependant une forte distinction sociale entre les baillis et le reste de la communauté judiciaire. Sur la période envisagée (1630-1700), seuls deux baillis se succèdent dans la fonction de juge ordinaire. Ils ont fait des études de droit et sont immatriculés comme avocats au parlement de Paris. Pour eux, le passage par le bailliage de Malesherbes est une étape dans une démarche d’ascension sociale portant sur plusieurs générations de titulaires d’office de judicature. Le reste du personnel judiciaire s’apparente au milieu des petits praticiens locaux, cumulant offices de notaire, de receveur ou d’avocat. Très ancrés localement, ils effectuent toute leur carrière dans les mêmes offices.

Personnel judiciaire et relations sociales. — Le personnel judiciaire s’inscrit dans un contexte local porteur de tensions potentielles, à la fois au sein de ce personnel et dans les relations entre ce personnel et la communauté dont il a la charge. Les tensions sont ainsi fréquentes entre les baillis et les sergents de la justice. Les tensions sont parfois fortes entre des membres du personnel judiciaire et de la communauté rurale et injures, coups et blessures ne sont pas sans exemple.

Les témoins. — Sociologiquement, les témoins interrogés par la justice de Malesherbes forment une image déformée de la société rurale, avec une forte prépondérance des propriétaires de terre et une absence marquée des femmes.


Troisième partie
L’activité de la justice de Malesherbes


Chapitre premier
Le recours à la justice : aspects quantitatifs

Une activité en net déclin sur la période. — Sur la période envisagée (1630-1700), il a été possible de recenser plus de 26 000 actes produits par la justice de Malesherbes. Cette production est cependant très inégalement répartie dans le temps et le constat s’impose d’un effondrement de la production d’actes entre le début et la fin de la période. D’un point de vue quantitatif, la justice de Malesherbes est une institution en crise au xviie siècle.

D’importantes variations saisonnières. — La pratique de la justice se répartit également en fonction d’un calendrier agro-liturgique qui voit les périodes de vacance de la justice correspondre à la fois au rythme de la vie agricole et aux grandes fêtes religieuses chrétiennes : Pâques, les moissons, Noël. Le recours à la justice est ainsi fortement lié aux grands temps de la société rurale.

Signification et remise en contexte de cette baisse. — La baisse de l’activité de la justice de Malesherbes n’est pas liée à une cause exogène : ni son détroit ni son ressort ne sont modifiés au cours de la période, le personnel change peu, les conflits jugés restent les mêmes. L’explication de cette baisse est donc nécessairement complexe et fondée sur des évolutions endogènes à la communauté rurale. La baisse du recours à la justice entraîne ainsi un processus dialectique d’enchérissement de son coût, nécessaire aux officiers de la justice pour maintenir leur niveau de vie, mais provoquant en conséquence une baisse accrue de l’activité judiciaire. Plus fondamentalement, cette baisse tend à montrer un désintérêt des membres de la communauté pour un recours judiciaire systématique dans la régulation de leurs conflits internes.

Chapitre II
La pratique de la justice

La justice civile contentieuse. — La justice contentieuse occupe une place écrasante dans le recours à la justice, soit environ 90 % des actes produits. Par leur nature, les causes les plus traitées concernent des affaires de dette et d’exécution contractuelle, au travers de la procédure de « demande en arrêt et saisie », qui vise à garantir l’exécution d’un contrat sur les biens du débiteur. De manière presque systématique, les contrats concernés par ces affaires impliquent un achat différé d’une certaine quantité de grains, contre un paiement immédiat en numéraire, établissant ainsi une forme de prêt. Dans le cadre d’une société rurale non irriguée par des réseaux bancaires, les relations de crédit s’avèrent extrêmement complexes, puisque la même personne est souvent créditrice et débitrice de plusieurs autres acteurs. La réalisation d’une dette provoque ainsi fréquemment une véritable « cascade hypothécaire » entre les particuliers. En dernier recours, la procédure de la saisie permet au créditeur, par la vente forcée des meubles, voire des immeubles du créancier, de terminer l’exécution de son contrat, mais il s’agit d’une procédure longue, coûteuse et très rigoureusement encadrée.

Le recours à la justice civile contentieuse concerne de façon plus marginale les conflits liés à la propriété qui, dans le cadre d’une société rurale, occupe une place économique et symbolique déterminante, ce qui explique l’attention presque fébrile avec laquelle les propriétaires surveillent leurs biens. Parmi les points les plus fréquemment litigieux, la divagation du bétail, les droits de passage, les conflits de voisinage, les tentatives d’accaparement occupent une place essentielle.

C’est également dans le domaine de la justice civile contentieuse que sont traitées les affaires liées au paiement des redevances seigneuriales, les relations entre maîtres et domestiques et les conflits commerciaux liés à la présence d’un marché à Malesherbes.

L’honneur paysan et ses manifestations judiciaires face à l’injure. — En termes de production de pièces de procédures, la question de l’honneur et de sa défense face à l’injure occupe une place très importante dans la pratique de la justice. Dans les faits, à différents niveaux de gravité d’insultes correspondent différents traitements judiciaires. Dans une communauté rurale où tous se connaissent, l’atteinte à la réputation est jugée insupportable et provoque une réaction immédiate. Dans ce cadre, le recours à la justice apparaît comme la voie normale de régulation des conflits.

Coups et blessures : violences données, violences ressenties et leurs représentations sur le théâtre de la justice. — Les affaires de coups et blessures occupent également importante dans la pratique de la justice. Elles ont de plus l’intérêt de montrer un usage aussi régulier que stéréotypé de la violence dans le cadre de la communauté des habitants de Malesherbes. Les situations de violence s’avèrent extrêmement répétitives : les bergers inattentifs à leurs troupeaux brutalisés par des propriétaires mécontents sont les victimes les plus fréquentes. La pratique de la violence est un acte rituel de régulation des conflits : le sang coule fréquemment, mais sur toute la période envisagée, aucun meurtre ne semble avoir été perpétré, même de manière non préméditée.

Les violences faites aux femmes. — Les violences dont les femmes sont spécifiquement les victimes occupent une place paradoxale dans la pratique de la justice de Malesherbes. La violence conjugale est ainsi presque invisible en dehors des procédures bien spécifiques de séparation de biens et de corps et, par bien des témoignages, cette violence ordinaire semble être jugée normale et habituelle. Une attention plus particulière a été portée aux cas de viol suivi de grossesse de servantes par leurs maîtres pendant le temps de leur service, qui offrent des éclairages particulièrement intéressants sur la condition des domestiques, comme des mères célibataires.

La justice civile gracieuse. — La justice civile gracieuse concerne essentiellement les affaires privées, soit avant tout les successions. Dans ce cadre, ce sont les « dations de tutelle et curatelle » qui font l’essentiel de l’activité de ce type de justice, par lequel il est demandé à la famille du ou des mineurs de nommer un curateur au bien et un tuteur à la personne d’enfants orphelins. Les renonciations aux successions entrent également dans ce cadre.

La justice seigneuriale comme autorité administrative de proximité. — L’étude des archives du greffe tend à montrer que la justice seigneuriale de Malesherbes occupe une place essentielle dans la gestion de la vie de la communauté rurale dont elle a la charge, tant par la gestion des catastrophes naturelles, la régulation de la vie économique, la protection des voiries et de la morale publique. En cela, la justice seigneuriale de Malesherbes peut également être considérée comme autorité administrative de proximité.


Conclusion

La justice seigneuriale de Malesherbes est, au xviie siècle, une institution paradoxale. Dotée de moyens humains très faibles, elle s’étend également sur un territoire réduit et des populations peu nombreuses. En revanche, par sa situation géographique isolée et ses droits immémoriaux, le bailliage de Malesherbes se trouve en situation d’être le tribunal compétent pour juger de toutes les causes émergeant des conflits qui traversent la communauté des habitants de Malesherbes et des environs. Quoique cette activité soit en crise et en régression sur l’ensemble de la période envisagée (1630-1700), les archives produites par la justice de Malesherbes offrent un éclairage profond et divers sur le fonctionnement d’une justice à la campagne, mais aussi sur la communauté rurale elle-même. Par sa nature, son emplacement et son organisation, le bailliage de Malesherbes offre à des populations une possibilité rare d’un recours à une institution judiciaire pour la régulation des conflits du quotidien d’une communauté rurale.


Annexes

Cartes et plans. — édition de plusieurs actes représentatifs de l’activité de la justice de Malesherbes. — Tableaux de données.