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École des chartes » thèses » 2014

Le texte et la voix

L’interjection dans l’ancienne farce française


Introduction

Proportionnellement à leur présence dans le discours, on peut encore dire aujourd’hui que les interjections n’ont pas reçu l’attention qui leur était due. Malgré quelques études éparses, des traités de grammaire antiques jusqu’à la seconde guerre mondiale, ce phénomène restait cantonné à un statut périphérique, tenant plus du hors-norme que de la structure de la langue, de l’exception plutôt que de l’ordre. Il faut attendre l’évolution de la linguistique vers des théories non-vériconditionnelles (pragmatique du langage, linguistique cognitive, analyse de conversation) pour que l’attention portée au phénomène interjectif corresponde enfin à l’importance de ces morphèmes.

Bien que cette idée soit de plus en plus battue en brèche, il est crucial de noter que l’interjection n’est en aucun cas un morphème naturel mais un signe linguistique motivé, d’un abord complexe du fait de ses nombreuses réalisations. Bien des chercheurs ont pu tomber dans le « piège expressif » consistant à ne voir que des marqueurs d’émotion primitifs là où l’ampleur des possibilités interjectives ne fait pas de doute. Cette étendue peut se révéler par le recours à la notion floue d’« entre-deux » : l’interjection se situe entre l’écrit et l’oral, entre le dire et le reconstruire (un phénomène procédural ayant lieu entre l’énonciation et l’actualisation de cette énonciation par l’interlocuteur), entre un contenu spécifié et inspécifié (forte dépendance contextuelle mais conservation d’une base sémantique plus ou moins large), entre le langage et le monde ou entre deux parties de la phrase, du discours, voire du texte.

Le mépris que l’on a pu trouver dans les études sur ce phénomène se rencontre aussi dans la réception de la farce, genre littéraire ayant subi moqueries et dédain de la seconde moitié du xvie siècle jusqu’aux années 1950, où la découverte, entre autres, des écrits de Bakhtine et l’apparition de chercheurs tenant le genre farcesque pour nécessaire dans l’examen de la littérature et des mentalités médiévales ont conduit au renouveau de la recherche dans ce domaine. Grâce au travail d’André Tissier, venu remettre de l’ordre dans l’édition des farces, il a été possible de travailler dans un climat philologique serein afin de se concentrer sur des problématiques essentiellement linguistiques.

Ce travail cherche principalement à étudier et comprendre le rôle de l’interjection dans la farce, où elle semble dépasser sa seule fonction linguistique pour jouer un rôle à la fois au niveau macro et micro-discursif. Trois questions peuvent, sommairement, le résumer : Comment l’interjection s’est-elle créée ? À quoi sert-elle ? De quelle manière agit-elle ?

Bien que cantonnées la plupart du temps au genre théâtral, certaines de nos observations prendront parfois un caractère plus global, notamment au niveau du fonctionnement de l’interjection.


Première partie
Définitions, corpus, problématiques


Les définitions de l’interjection peuvent prendre des formes bien différentes et il est possible d’en dégager quatre principales : phonétique – unité intonative autonome à distinguer des bruits du monde, autrement appelés onomatopées –, grammaticale – indérivable, détachable et donc soumise à des conditions argumentatives –, sémantique – forme économique d’expression d’information, du moins dans certains cas – et pragmatique – élément réactif, déictique, jouant un rôle au niveau du discours. Suite à une première étude, il a été possible de construire deux typologies : l’une grammaticale distinguant onomatopées, interjections primaires – issues de morphèmes uniquement interjectifs –, interjections secondaires – issues de morphèmes possédant des sens autres – et phrases interjectives ; l’autre pragmatique, répartissant l’ensemble du relevé entre interjections expressives, conatives, métadiscursives et phatiques, avec une extension pour les fonctions micro-discursives, indexicales et sociales.

La farce, elle, est envisagée à la fois au niveau de sa genèse, ses influences, son développement et sa postérité, mais aussi de ses visées et moyens – le rire rabelaisien – et de caractéristiques plus sociologiques, à savoir son public – dont l’hétérogénéité et l’exclusion ne venaient pas de soi – et ses aspects matériels – scena, iconographie, rôle magique des tréteaux, etc. Ce genre littéraire est apparu particulièrement bienvenu dans le cadre de cette étude, du fait de sa forte densité interjectionnelle mais aussi de la reproduction partiale de conversation dont il fait montre. Le corpus utilisé se compose de vingt farces tirées de l’édition de Tissier, décrites et résumées dans le chapitre iii. D’autres sources auraient pu être convoquées cependant, telles que les mystères, sotties, sermons joyeux, manuels d’éducation (Manières de langage) ou registres de procès. Dans une perspective plus littéraire, une syntaxe et une sémantique de la farce, sur le modèle de Bernadette Rey-Flaud, ont été élaborés afin de mettre en lumière l’aspect structuré de ce genre théâtral.

L’interjection n’est pas sans laisser de nombreuses problématiques, traitées tout au long de la thèse mais présentées dès le départ comme un ensemble de questions dont seules certaines pourront recevoir des réponses définitives du fait des sources employées. Sans toutes les énumérer, ces interrogations vont du phénomène de l’universalité sémantique et du problème du transcodage écrit / oral jusqu’au fonctionnement procédural (indiciel) en passant par celui de la vériconditionnalité et des rôles conversationnels interjectifs, de même que de la résolution de son fonctionnement selon la théorie de la pertinence de Sperber et Wilson ou de celle, néo-gricéenne, des implicatures conversationnelles généralisées de Levinson.


Deuxième partie
Relevé et justification des approches


La grille d’analyse construite dans l’optique d’un premier relevé est bâtie à partir de cinq grands critères déterminant ensuite trente-quatre entrées. Les premières offrent le texte et le vers dans lequel a été relevée l’occurrence ainsi que sa forme graphique. Les caractéristiques syntagmatiques et typologiques permettent de désigner la place de l’interjection dans le syntagme (et non dans le vers), ses cotextes droit et gauche, l’énonciateur et l’appartenance grammaticale de l’occurrence. Les différentes entrées discursives classent l’interjection selon des données conversationnelles, répartissant les morphèmes entre réponses ou non-réponses, sollicitées ou non-sollicitées et marquées ou non-marquées selon une dichotomie algorithmique. Les rôles de structuration et les fonctions reprennent les divisions déjà établies, en répartissant les interjections comme structurateurs macro-discursifs (ouverture et clôture d’isotopies), micro-discursifs (phatique, turn-taker ou channel-opener) ou conatifs alors que les indexations les distribuent entre situationnelles, discursives, expressives et sociales. Une reproduction du relevé permet de mieux s’approprier cette première grille de lecture.

Il convient d’ailleurs de noter que l’utilisation de la grille n’est pas seulement de nature pratique. Une présentation de cet emploi dans une perspective esthétique permet de neutraliser le caractère spécifique du matériau afin de faire passer les résultats au niveau de l’infrastructure, c’est-à-dire de passer en dessous de la littérature et du statut plus ou moins reconnu de certaines farces, soit, en d’autres termes, d’aplanir le dépouillement afin de lui octroyer une dimension structurale visant à l’obtention de la plus grande objectivité possible.

D’autres outils utilisés dans le cadre d’une première analyse sont définis dans cette partie. On y trouvera une présentation de l’étude de Paul Kockelman sur l’interjection dans la langue maya Q’eqchi’, qui a fortement influencé la construction de notre grille d’analyse ainsi que de la théorie du Métalangage Sémantique Naturel d’Anna Wierzbicka située dans la lignée de l’approche conceptualiste et dont les possibilités ont pu paraître intéressantes dans le cadre d’une étude sémantique de l’interjection. Sont aussi introduites deux nouvelles typologies, la première consistant en une taxinomie des cotextes selon la classification des actes de discours d’Austin, et la seconde, en une liste des personnages de la farce, envisagés au niveau social mais aussi de leurs caractéristiques structurelles amenant à la construction d’oppositions et à la notion de retournement carnavalesque.


Troisième partie
Sémantique et lexicologie


Le but de cette partie – divisée selon la typologie grammaticale – est de fournir une présentation aussi exhaustive que possible d’une quinzaine d’interjections choisies comme les plus représentatives du corpus. Plusieurs postulats sont affirmés dans un premier temps, et en particulier le fait que l’interjection est bien un acte de langage et possède une signification procédurale et une certaine incomplétude (palliée par la contextualisation). Le modèle d’analyse mis en place contient un grand nombre de relevés détaillés des occurrences – le ou les vers où elle est relevée, la plupart du temps – et des informations typologiques et lexicographiques. Concernant le rôle et le fonctionnement de l’interjection, sont présentées ses différentes valeurs illocutoires ainsi que les phénomènes de couplage dans lesquels elle apparaît ; pour la question de son élaboration, les théories de la délocutivité généralisée de Jean-Claude. Anscombre ainsi que la pragmaticalisation (évolution issue de la théorie de la grammaticalisation) sont convoquées pour offrir une explication à l’évolution de certains morphèmes n’ayant pas de sens interjectif premier. Enfin, le paradigme des fonctions du langage de Jakobson est appliqué aux occurrences relevées auxquelles on aura auparavant tenté d’octroyer une règle de signification (prise dans l’acception d’Oswald Ducrot) visant à mettre en lumière le rôle procédural interjectif. Une paraphrase en Métalangage Sémantique Naturel vient appuyer une certaine approche conceptualiste de ces morphèmes, même si elle n’est pas sans poser rapidement plusieurs problèmes.

Cette étude ne sera donc pas, malgré son titre, entièrement sémantique mais mêlera aussi des éléments pragmatiques, étant donné qu’il semblait impossible – ou très difficilement concevable – d’envisager l’interjection selon un seul angle de vue. Les conclusions tirées à la fin de chacune des parties correspondant aux divisions grammaticales vont d’ailleurs dans ce sens.

Les interjections primaires (IP) étudiées – |A|, |E| et |O|, les barres de valeur absolue servant à neutraliser les ambiguïtés graphiques – possèdent ainsi des structures de couplage identiques (« [IP] + [IS] » par exemple) bien que ne servant pas toujours à réaliser les mêmes fonctions, comme le montre la différence entre les structures d’appel construites avec |O| et |E|. De même, il semble possible de trouver dans les relevés une disjonction entre le marqueur de force illocutoire et le marqueur de contenu propositionnel, disjonction que l’on a cependant circonscrite au genre littéraire. Aller jusqu’à déterminer une règle de signification globale pour les trois morphèmes – tenant en réalité plus d’une archi-règle nécessitant des raffinements postérieurs mais visant une certaine économie linguistique – serait aussi concevable dans la perspective d’une prise en compte globalisante du phénomène de l’interjection primaire.

L’analyse des interjections secondaires (IS) – |Helas|, |Ma foy|, |Dieu|, |Par Dieu|, |Dea|, |Saint X|, |Notre Dame|, |Sus|, |Va, allons, allez| – permet de reconsidérer l’enchaînement « [IP] + [IS] » à l’aide de la notion de répétabilité chez Potts, constituant un renforcement plutôt qu’une redondance. Cette mise au point vient sanctionner la nécessaire distinction à réaliser entre les morphèmes expressifs et ceux à fonctions autres (conatives, métadiscursives, phatiques) ; de même, elle dégage la grande diversité des rôles tenus par le phénomène interjectif que les interjections primaires, du fait de leurs caractéristiques, n’avaient pu montrer. On constate aussi la très forte influence de la délocutivité sur cette classe, notamment au niveau des jurons, envisagés comme interjections secondaires.

Le groupe qui avait été au départ défini par phrases interjectives (PI) doit en fait être réparti entre formules et exclamatives. L’analyse des formules de salutation et d’adieu ainsi que des phrases exclamatives exprimant un état mental semble recouvrir une disjonction parfaite entre Dieu et le diable.

Bien que longue, cette étude n’en reste pas moins indispensable ; elle permet en outre de débuter l’analyse pragmatique sur des bases sûres, les développements théoriques étant alors couplés aux données de la pratique. Par le recours aux différentes théories, elle reflète la diversité interjective et la complexité des phénomènes de création et de fonctionnement.


Quatrième partie
Analyse pragmatique et traitement conversationnel de l’interjection


La quatrième partie de cette étude emprunte deux nouvelles voies pour comprendre le fonctionnement de l’interjection : la pragmatique (théorie de la pertinence et théorie néo-gricéenne des implicatures conversationnelles généralisées) et l’analyse de conversation.

La théorie de Sperber et Wilson, qui fait de la communication ostensive-inférentielle un ensemble pouvant être envisagé selon le principe de pertinence et conduisant à la création d’inférences liées aux explicitations et implicitations, semblait dans un premier temps s’appliquer correctement à la description de l’interjection, morphème résolument ostensif – sauf dans le cas problématique des interjections phatiques – et procédural, c’est-à-dire offrant au destinataire un ensemble d’instructions computationnelles – hypothèse allant contre celle des conceptualistes. Certaines questions restaient cependant ouvertes et non-discutées, telles que l’existence d’une forme propositionnelle interjective ou celle du statut des interjections phatiques.

À l’aide d’un modèle d’analyse constitué selon cette théorie et divisé entre hypothèses de départ, hypothèses liées à l’énonciation de l’interjection, explicitations et implicitations, il a été possible de définir certaines occurrences interjectives et de les répartir en sous-groupes plus précis : actes illocutoires d’expression de la joie, de la peine, de la plainte ou de la surprise pour les interjections expressives, appel, appel reconfigurateur, arrêt, demande de grâce et ordre non-spécifié pour les interjections conatives, introducteur de menace ou de promesse et renforcement d’énoncé pour les interjections métadiscursives, et embrayage non-préféré, turn-taker et filler pour les interjections phatiques.

Cependant, plusieurs interrogations demeuraient pendantes dans la perspective de Sperber et Wilson. Et le principe de pertinence lui-même – extrêmement global, censé prendre en charge l’ensemble de la communication ostensive-inférentielle – et l’hypothèse d’une maximisation de l’information (mini-max) semblent bien plus complexes que ce qu’exposent les deux auteurs. Les valeurs clés de la théorie – efficacité et coût de traitement – ne sont jamais précisément définies et les interjections phatiques ne sont pas en mesure de recevoir, dans ce cadre, un traitement approprié. Bien que la théorie de la pertinence ait été un apport certain à l’étude et que sa simplicité se soit synchronisée avec celle inhérente à tout genre littéraire vis-à-vis de la conversation naturelle, il convenait de chercher à pallier ses nombreux manques. D’où un retour à l’œuvre de Grice dont elle s’était inspirée et à sa continuation par le courant néo-gricéen, représenté dans cette étude par Stephen Levinson, dont la théorie des implicatures conversationnelles généralisées permet d’étudier le phénomène interjectif d’une manière à la fois plus efficace et plausible. Fondée sur les distinctions gricéennes primordiales mais prenant aussi en compte les apports de l’analyse conversationnelle, la théorie de Levinson de l’interprétation préférée dans un certain contexte est mise à l’épreuve en reprenant les démonstrations faites sous l’égide de la pertinence. Le résultat, beaucoup plus économique et probable, pointe ainsi vers une utilisation de cette théorie – nécessitant cependant des aménagements, notamment au niveau de la notion de contexte – dans le cadre d’une étude plus globale et non fondée sur des sources exclusivement littéraires.

Le dernier outil d’analyse de l’interjection dans la farce paraît peu évident au premier abord, puisque l’analyse de conversation s’est développée sur et pour les conversations naturelles, bien éloignées de l’archétype littéraire. Mais, même s’il convient de ne pas s’attendre à une reproduction exacte des dialogues, l’analyse conversationnelle peut s’appliquer à la littérature. Comme l’intrusion de l’oralité dans l’écriture tient en dernier lieu un discours sur l’oralité (au moment de l’écriture), de même la retranscription de la conversation tient un discours sur celle-ci. En se fondant sur les principaux acquis de l’analyse conversationnelle – organisation des tours de parole, paires adjacentes, pertinence conditionnelle, etc. –, cette étude cherche à les appliquer à l’interjection afin de découvrir de nouveaux aspects de son fonctionnement. Ainsi, l'analyse de conversation sera utilisée dans l'explication de la paire archétypique question-réponse, mais aussi pour celle d’occurrences de jurons sans composante expressive (intégrés dans la paire offre-acceptation), de l' utilisation de l’interjection pour signaler le marquage de la paire, de même que pour une définition du turn-taking interjectif. Une tentative de description conversationnelle des interjections phatiques est aussi proposée, dégageant les morphèmes utilisés comme respiration intra-discursive, ouverture de tour, structure d’insulte figée, neutralisateur d’un lieu de transition pertinent ou en renforcement final d’un énoncé.

Pour finir, nous avons choisi de terminer ce travail par un ex-cursus visant à appliquer rapidement certaines découvertes aux Manières de langage, permettant de confirmer certaines de nos hypothèses et d’amener plus avant la problématique du transcodage oral / écrit.

L’apport principal de cette partie réside dans le fait de reconnaître que certaines interjections peuvent être plus facilement décrites à l’aide de théories pragmatiques alors que d’autres – les interjections phatiques en premier lieu – relèvent principalement de l’analyse de conversation, mais surtout que l’ensemble de ces modèles, malgré les divergences d’opinion, semblent pouvoir être réunis dans une analyse intégrative permettant une approche quasiment exhaustive.


Conclusion

Morphème aux multiples facettes, l’interjection sert des intérêts à la fois dans et en dehors du discours, surtout dans le cadre théâtral où sa fonction court de l’expressif au phatique en passant par le métadiscursif, jusqu’à celle d’acte narratif implicite au niveau macro. Sémantiquement, l’interjection n’est pas un proto-langage rousseauiste mais dérive souvent – selon des évolutions délocutives ou pragmaticalisantes – de morphèmes n’ayant pas au départ de rôle interjectif ; au niveau pragmatique et conversationnel, la théorie des implicatures conversationnelles généralisées semble être la meilleure voie à suivre, la pertinence ayant montré ses limites en cherchant à adapter les données au modèle plutôt que le modèle aux données.

Trois notions peuvent être définies comme s’étant dérobées : le complexe prosodie-kinésique, la diachronie et la variation. L’étude prosodique et gestuelle nous conduirait vers une analyse plus interactionnelle, conduite à l’aide de données textuelles, auditives et visuelles et tendant clairement vers un aspect sémiotique. L’évolution des interjections sur des périodes plus larges pourrait aussi être un approfondissement intéressant, permettant d’envisager des processus tels que la délocutivité ou la pragmaticalisation à un niveau empirique et non seulement théorique. On passerait ainsi d’un modèle déductif à un modèle inductif qui ne pourrait se construire qu’à l’aide de corpus textuels importants couvrant une période délimitée à l’avance. Enfin, il est possible d’appréhender la variation synchronique à même un corpus écrit, malgré le fait que les méthodes et études de la sociolinguistique aient été principalement destinées aux conversations naturelles. Afin de réaliser un tel examen, il serait temps que le linguiste et le diplomatiste collaborent, le dernier apportant au premier un ensemble de documents sériels que le spécialiste de la langue traiterait et dont l’étude permettrait d’offrir une meilleure intelligence du parler de l’époque.

En y mettant la dernière main, il nous est apparu que ce travail ne constituait à vrai dire que les prolégomènes d’une étude plus vaste du transcodage de l’oralité dans l’écriture : l’intrusion de l’interjection dans la page paraissait à première vue marquée, tenant plus de la conversation que de la littérature. Mais il ne s’agit pas du seul moyen d’introduction d’une nouvelle dimension dans la structure textuelle, la syntaxe ou les termes d’adresse pouvant eux aussi par exemple jouer un rôle dans ce transcodage. Bâtir un modèle intégratif permettant d’appréhender l’ensemble de ces modifications pourrait être un défi osé mais probablement payant.


Annexes

Schémas. – Règles de transcription en analyse de conversation. – Abréviations des farces utilisées. – Iconographie. – Index.