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École des chartes » thèses » 2015

Confiscations en Catalogne française (1642-1652)

La faveur royale loin du roi


Introduction

Durant plus de dix ans, de 1641 à 1652, la Catalogne fut sous la coupe française, depuis la soumission de la province à Louis XIII par la délibération des Braços (représentants des trois états de la société catalane) en pleine guerre franco-espagnole. Cette soumission était la suite immédiate de la révolte de 1640, dite des Segadors, au cours de laquelle les principales institutions catalanes (Generalitat de Catalunya et Conseil des Cent de Barcelone, appelés « Consistoires ») avaient secoué le joug espagnol. Les années 1640 et 1641 ont été abondamment traitées par l’historiographie et constituent aujourd’hui des points importants de la doxa nationaliste, habituée à récupérer et à récrire les événements historiques. En revanche, les dix ans de présence française en Catalogne, tant militaire qu’administrative, qui s’étendent entre 1642 (date d’entrée du premier vice-roi) et 1652 (chute de Barcelone aux mains des Espagnols de Don Juan d’Autriche), ont été peu étudiés, car leur lecture catalaniste est plus difficile. Une partie des Catalans avait certes déserté la province et rejoint l’Espagne après la révolte – mouvement qui continuera durant la période –, mais une autre avait décidé de suivre le fil des événements, et finalement apporté un soutien à la France. Le parcours de cette élite demeure encore à ce jour assez obscur.

Il est un fait avéré que les biens des Catalans qui avaient décidé de quitter la province pour aller servir Philippe IV (les « philippistes ») furent confisqués. Les quelques historiens qui se sont intéressés à la période – le prêtre Josep Sanabre en 1956, ou, plus récemment, des chercheurs comme Òscar Jané – ont pu résumer la question à une affirmation assez simple : ils furent redistribués aux partisans de la France afin de renforcer et/ou de récompenser leur fidélité. En 1659, le traité des Pyrénées qui mit fin à la guerre entre la France et l’Espagne ordonna la restitution de tous ces biens confisqués à leurs anciens propriétaires. Point à la ligne. Cette vision binaire semble devoir être revue aujourd’hui, compte tenu des nombreuses sources directement liées aux confiscations et encore inédites. Les archives françaises conservent de nombreuses suppliques des Catalans profrançais, mais aussi des pamphlets et divers écrits politiques qui montrent clairement l’importance capitale de la question des confiscations dans les relations sensibles entre les deux nations. Elle prend un relief particulier dans le contexte de la régence d’Anne d’Autriche, où le roi Louis XIV est un enfant, où la distance entre la Cour et la Catalogne est la principale difficulté, la faveur royale étant médiatisée par les ministres : c’est là qu’apparaît toute la finesse des rapports humains, d’homme à homme, qui se jouent sous une période caractérisée par le clientélisme. Les interférences observées sont décuplées par la Fronde. L’aspect diplomatique de la question – place de la Catalogne sur l’échiquier international comme monnaie d’échange ou comme coin enfoncé dans le flanc de l’Espagne – s’y lie également, et il importe de retracer l’origine exacte de la clause de restitution au cours des négociations de paix, redoutée par une élite catalane nécessaire à la France mais impossible à contenter. Les confiscations sont-elles un moyen de pouvoir ? Les posséder est-il synonyme de puissance ? Sont-elles l’instrument d’une politique de conquête ou d’assimilation de la Catalogne ?


Sources

Les archives du ministère des Affaires étrangères, particulièrement la série « Correspondance politique Espagne » constituent une source vivante et significative. Elles conservent notamment de nombreuses suppliques envoyées par les Catalans profrançais à différents personnages de la Cour – la régente et le roi, Gaston d’Orléans, Mazarin, Le Tellier et autres ministres. Analyser ces documents en fonction de leur auteur, c’est-à-dire de son milieu et de sa position politique, offre un nouvel éclairage sur ces élites, leur culture politique et leurs modes de représentation. Ces suppliques sont soit de simples demandes de gratification, soit de véritables pamphlets politiques, tous liés à leur contexte précis. On trouve également des minutes de lettres de Mazarin, tracées par le cardinal lui-même ou son proche collaborateur Hugues de Lionne, dont le rôle est précieusement informé. Un autre personnage, dont le rôle était en grande partie inédit, apparaît également dans toute son ampleur : Isidoro de Pujolar. Agent mandé par les Consistoires à Paris, il fut un relais de l’information entre la France et la Catalogne, utilisé par Lionne, mais fut aussi un obstacle en fonction des clientèles qu’il favorisait – jusqu’à son désaveu final.

La correspondance des principaux personnages directement chargés du gouvernement de la Catalogne, Michel Le Tellier, secrétaire d’État, et Pierre de Marca, visiteur général dans la province entre 1644 et 1651, est conservée sous forme de copie à la Bibliothèque nationale de France (Fonds français). Cette source est la plus complète du point de vue événementiel, mais la prose de Pierre de Marca doit être interprétée avec prudence. On trouve également à la Bibliothèque nationale de France certaines sources isolées comme le Fonds Baluze, conservant une partie des papiers originaux de Marca, dont certains sont inédits, ou encore le volume Espagnol 337, membre de l’ancienne collection du chancelier Séguier, à qui avaient été envoyés plusieurs intéressants factums venant de Catalogne. Trois autres dépôts français ont été utilisés : au Service historique de la défense, la série A1, très connue après 1661 mais totalement inédite avant cette date, contient une importante collection de minutes de lettres patentes de donation des biens confisqués de Catalogne, dont l’analyse diplomatique fait sens. Aux Archives nationales sont conservés des brouillons liés aux négociations diplomatiques de Münster que nous avons pu identifier de la main de Denis Godefroy (1615-1681). Enfin, les archives départementales des Pyrénées-Orientales fournissent quelques dossiers, tirés d’archives notariales, utiles pour des études de cas en Roussillon.

Dans la série « Intrusos » de l’Arxiu de la Corona d’Aragó (Barcelone) figurent les registres de la chancellerie de Catalogne sous le gouvernement des vice-rois français. Les difficultés d’interprétation sont nombreuses : il s’agit d’enregistrements d’actes expédiés, et des paramètres diplomatiques comme la date d’inscription (estimée par rapport aux autres actes) ou les mentions marginales « de chancellerie », là encore, font sens. C’est la source indispensable pour illustrer l’important décrochement entre la Cour et les élites locales. Des acteurs de premier plan, totalement absents des sources françaises, y apparaissent de façon récurrente.

L’historien Philippe Lazerme de Règnes a également mis à disposition ses notes personnelles et inédites, soit cinq cent soixante-cinq notices généalogiques sur les familles nobles catalanes, qui ont été le premier instrument d’identification des protagonistes. L’identification et la datation des documents, objectifs importants de ce travail, ont pu permettre la réalisation d’un état des sources qui se lit finalement comme un inventaire complémentaire, avec quelque utilité pour le chercheur.


Première partie
Apprentissage de la Catalogne française et installation des clientèles (1642-1644)


Chapitre premier
Quand commencent les confiscations ?

La question des confiscations n’apparaît pas ex nihilo lors du départ des Catalans procastillans après la révolte, ni même après l’arrivée des Français. Elle fait l’objet de législations et d’institutions apparues au Moyen âge. D’après les Constitutions de Catalogne, qui régissent la province, la confiscation générale des biens est interdite, sauf pour le criminel de lèse-majesté – contrairement à la France où elle est une peine assez répandue. Toute confiscation est prononcée après un jugement. Au xve siècle, la conquête du Roussillon par Louis XI a donné lieu à une politique de confiscation / réattribution des biens des nobles, très rodée. Traditionnellement, les biens sont gérés par la Batllia General, une institution royale. Mais en 1631 cette dernière est rachetée à Philippe IV par la ville de Barcelone et n’a aucun rôle dans le contexte traité ici, qui se caractérisera par l’absence d’institution spécialisée.

Après la révolte des Segadors, ce ne sont pas les Français qui commencent à confisquer, comme on aurait pu le croire, mais la Generalitat de Catalunya elle-même dès l’hiver 1640, qui avait récupéré la majestas du prince, et obligé les Catalans à soutenir son action sous menace de confiscation. Les biens saisis sont destinés au financement des bataillons catalans. Mais fin 1641 la soumission à la France est une soumission à un souverain : Louis XIII se rend personnellement au siège de Perpignan, reçoit des ambassades des institutions catalanes et les premières demandes de récompenses. Début 1642, un mémoire informe la Cour que les biens confisqués pourront être redistribués, mais à ce stade aucune décision n’est prise : Richelieu délègue les plus grands pouvoirs au premier vice-roi, Brézé. Les premiers gouvernants français, dont l’intendant René d’Argenson, commencent à faire instruire les premiers procès contre les Catalans philippistes, afin de légitimer la confiscation de leurs biens, mais en l’absence de Brézé, et donc avec aussi peu de légitimité que de légalité.

Chapitre II
D’Argenson et La Mothe : naissance et premières conséquences d’un système clientéliste

Au vice-roi Brézé, malade, succède le maréchal de La Mothe, qui dirige les troupes françaises en Catalogne. Jusqu’à sa prise de fonction effective se déroule un interrègne où l’intendant d’Argenson, déjà détenteur de la réalité du pouvoir à Barcelone, devient l’homme fort de la province. Sa politique est âprement dénoncée par des pamphlets catalans. En comparant ces derniers et d’autres sources plus directes, on peut établir que l’intendant, protégé de très loin par Richelieu, a permis la formation d’un premier cercle de clients en Catalogne, et travaillé à lui faire attribuer toutes les grâces – les têtes de cette clientèle sont le gouverneur Josep de Margarit et le régent de l’Audience, Josep Fontanella. Désireux pour cela de prendre en main la distribution des biens confisqués, il a tenté de brouiller la communication avec la Cour, de lui dissimuler leur valeur et leur consistance et, voyant qu’il ne pouvait pas exercer une prérogative royale, a nommé des « séquestres » parmi ses amis catalans afin de les intéresser aux revenus des patrimoines en question. Malgré le rappel d’Argenson, les tendances du gouvernement se poursuivent sous La Mothe, avec l’enracinement des clientèles. L’obligation pour les Catalans de prêter serment au roi, les expulsions massives des suspects (mal affectes), multiplient les confiscations. La Mothe essaye alors d’abolir le système des séquestres en instituant un « receveur général des confiscations », mais il échoue en partie et s’oppose aux institutions catalanes.

C’est alors que s’exacerbent, d’un côté, une brigue sans précédent, par l’intermédiaire des liens d’homme à homme et de la correspondance, autour de l’attribution des biens confisqués, pas encore faite mais ressentie comme imminente ; d’un autre côté, la montée des plaintes entre les Catalans eux-mêmes, entretenant une impression générale d’injustice fort dangereuse pour le gouvernement français. Le détonateur est la donation, en septembre 1643, de la baronnie de Bellpuig au comte de Çavellà, noble catalan distingué pendant la campagne militaire : non seulement, les autres nobles catalans multiplient leur suppliques, qui restent vaines ; mais au même moment un autre Catalan valeureux, le capitaine Cabanyes, obtient une autre donation du roi, qui, elle, reste inapplicable. Localement, le gouverneur Margarit s’y oppose, et les doutes sont si importants que la Cour revient sur sa décision précédente.

Cette versatilité, cette absence de politique claire amènent la noblesse catalane à prendre la plume pour suggérer au roi des théories de bon gouvernement. Elle considère à juste titre que le mérite n’est pas récompensé par la Couronne, que les grâces sont détournées par les « ministres inférieurs » (locaux) qui trompent les « ministres supérieurs » (de la Cour), ce qui donne un mauvais exemple à des gentilshommes fraîchement ralliés, ayant joué le tout pour le tout en soutenant la France : ils seront tentés de retourner leur veste s’ils ne sont pas favorisés en priorité sur les biens confisqués, et si ces faveurs ne sont pas distribuées avec égalité et considération du rang de la famille. Mais ce discours n’est pas univoque et on trouve aussi la trace d’une pensée originale visant à récompenser le peuple, responsable originel de la révolte, en créant une nouvelle noblesse plus fidèle que l’ancienne avec les seigneuries confisquées… Tous plaident pour que les grâces ne se fassent qu’à la Cour sans intervention des coteries locales : « L’eau est toujours plus pure et plus douce au jaillissement même de la source. » Mais, quoi qu’il en soit, ces soubresauts, encore limités au papier, rappellent fortement le malcontentement nobiliaire qui secoue la France au même moment.

Chapitre III
Une administration rationnelle ?

À travers quelques études de documents et de cas, on peut entrevoir la complexité, voire la confusion, de l’administration des biens confisqués. De documents tout d’abord, car l’aspect diplomatique est encore inédit : il faut souligner la coexistence de deux chancelleries, une à Paris, une en Catalogne, expédiant chacune des types d’acte différents, et se faisant précocement concurrence. À Paris, la difficulté à choisir entre brevet et lettres patentes, puis à élaborer des formulaires clairs et concis, révèlent des doutes fondamentaux sur le statut juridique exact des confiscations. À Barcelone, la chancellerie catalane fait obstacle à l’enregistrement des actes royaux qui ne conviennent pas au vice-roi ou à ses clients.

La gestion des biens dépend d’une multitude d’acteurs dont les rôles s’entrechoquent parfois. La création d’un « receveur général » en 1643 (Francesc Sangenís) n’a pas empêché la poursuite de certains séquestres, la subsistance de certains officiers subalternes et autres fermiers. Les dettes grevant les biens sont très élevées, annulant parfois le profit, et n’ont pas été éteintes par la confiscation, pas plus que les nombreux procès civils. Lister ces biens et les personnes qui en bénéficient ou pourraient en bénéficier s’impose alors comme une nécessité, mais la tâche est trop complexe : les états réalisés se retrouvent vite caducs.


Deuxième partie
Un fragile équilibre des factions catalanes et des gouvernants français : l’âge « classique » des vice-rois (1644-1648)


Chapitre premier
Les vice-rois face à Pierre de Marca

Pierre de Marca est envoyé en 1644 comme visiteur général en Catalogne pour remédier aux abus du gouvernement de Catalogne, et notamment aux déficits de l’administration des biens confisqués – il doit informer le roi sur les donations à faire. Pendant quatre ans sa présence va maintenir un certain équilibre en Catalogne : il fait contrepoids aux velléités de pouvoir des vice-rois en prescrivant à la Cour de revoir leurs décisions à la baisse. Sous La Mothe, la première clientèle catalane créée entre 1642 et 1644 se divise en deux camps, dont l’un, dirigé par le gouverneur Margarit, est favorisé par le maréchal ; mais ce dernier, mal aimé de Mazarin, victime de campagnes diffamatoires – dans lesquelles les abus liés aux confiscations sont proférés –, est disgracié. La distribution générale des biens est ajournée. Harcourt, successeur de La Mothe, prend le contre-pied de son prédécesseur et favorise le clan adverse, dirigé par le régent Fontanella et le mestre de camp Josep d’Ardena. Pour pouvoir distribuer les biens confisqués à sa convenance, par-delà l’opposition de Marca, Harcourt met en place le système des usufruits, qui succède à celui des séquestres.

La découverte d’une conspiration à Barcelone fin 1645 brouille les pistes : plusieurs membres du clan d’Ardena, amis d’Harcourt et que celui-ci voulait gratifier par d’importants patrimoines confisqués, sont éclaboussés. On découvre même que les querelles d’honneur et de personnes ont été vivifiées par la brigue aux donations. Perdant sur le champ de bataille, Harcourt est rappelé, Marca et Margarit renforcés, mais la distribution des confiscations, que la Cour s’apprêtait à faire, est une nouvelle fois reportée, au grand dam des Catalans. Le bref envoi du prince de Condé comme vice-roi de Catalogne en 1647 produit une déception proportionnelle à l’espoir d’abord soulevé : le prince travaille à concilier les factions adverses, se rapproche de Marca, avec qui il réalise un état général des biens confisqués prescrivant la révocation de toutes les donations faites par les vice-rois. Mais la Cour ne prend toujours aucune décision et Condé, après avoir échoué à son tour devant Lleida, quitte la province. Plusieurs gentilshommes membres du bataillon catalan, jusque-là sans récompense, vont en délégation à la Cour pour montrer leur mécontentement, mais ne reviennent qu’avec des pensions à titre d’attente, qui ne peuvent être perçues tant les biens confisqués sont endettés. Durant le premier interrègne de Pierre de Marca, ouvert après le départ du prince, éclatent les conséquences néfastes de la politique incontrôlée de gratification, mais il est bien seul pour y faire face.

Chapitre II
Confiscations et malaise social

Au-delà des seuls aspects politiques et institutionnels, la société catalane est touchée par le mouvement de confiscations et de réattributions. Les exilés appartiennent en majorité à la noblesse : leur situation économique a été étudiée par l’historien Jordi Vidal. C’est celle des bénéficiaires, et plus largement des différents secteurs de la société dans la zone d’obédience française, qui est ici abordée. Les confiscations profitent d’abord aux groupes proches des vice-rois ; par exemple, le duché de Cardona, dont les administrateurs sont successivement changés selon la clientèle dominante. Les caisses étant toujours vides, de riches marchands de Barcelone proposent de l’argent frais. En échange, ils obtiennent des biens confisqués en pleine propriété ; ils parviennent aussi à acheter aux enchères les maisons confisquées avec des conditions avantageuses. De même, d’habiles veuves reçoivent des donations, au titre du remboursement des sommes dues à leur mari – ainsi Isabel Lacavalleria, veuve d’un imprimeur devenu munitionnaire, qui obtient plusieurs seigneuries. L’étude statistique de la répartition sociale des donations montre certes à première vue que la noblesse est privilégiée, mais le remboursement des créances est la première motivation observée, et non la gratification. Enfin, beaucoup jouent avec les variations monétaires et l’estimation de la valeur des biens.

Le malaise touche de plein fouet les institutions catalanes, censées représenter l’intérêt commun. Les gouverneurs de places et officiers français bénéficient d’usufruits ou de séquestres de biens confisqués, mais ils s’affrontent de plus en plus avec les populations. L’affaire de Chabot assombrit les relations. Ce militaire victorieux, cousin d’Harcourt, avait été soutenu par la Generalitat et son président d’alors dans sa prétention à obtenir un bien confisqué ; mais après l’arrestation de ce président comme chef de la grande conspiration, les institutions avaient changé de discours, commençant à dire que la politique française de gratification était souvent injuste, contraire aux Constitutions de Catalogne, et à faire obstacle aux ordres royaux. Ainsi lorsque la ferme des salins de Canet en Roussillon est donnée de force aux fermiers de la gabelle du Languedoc, qui se plaignaient de la concurrence. Certaines communautés villageoises, enfin, veulent profiter du mouvement de confiscations pour se soustraire à l’emprise de leur seigneur en devenant villes royales. Malgré un vent de liberté favorable – Pierre de Marca voulant lui-même les satisfaire pour les fidéliser –, la communauté d’Ille (en Roussillon) lutte sans relâche contre le nouveau titulaire de la vicomté, Josep d’Ardena ; en vain, car les intérêts des factions nobiliaires sont trop forts.

Aspect essentiel mais méconnu, la multiplication des litiges et des procès liés aux biens confisqués s’impose comme une des clefs de lecture de la période. Dans plusieurs cas, certaines familles ayant vu leurs biens confisqués laissent sur place un ou plusieurs parents afin de poursuivre, par la voie judiciaire, la récupération d’une partie ou de la totalité du patrimoine. Par volonté de puissance et de clémence, mais aussi pour montrer que la France ne persécutait pas la noblesse catalane comme le disait la propagande castillane, les vice-rois favorisent souvent ces entreprises et dans plusieurs affaires retentissantes les magistrats de la Reial Audiència (tribunal suprême de Catalogne) donnent gain de cause aux représentants des familles exilées. Ainsi dans le cas des fidéicommis : selon la clause de certains testaments, le crime de lèse-majesté entraînait la mort civile d’un seigneur et donc le passage du patrimoine à ses héritiers – ce qui annihilait la confiscation par le roi. Les magistrats se montrent inflexiblement légalistes, défendant les Constitutions de Catalogne et la jurisprudence, mais s’écartent de l’obéissance au souverain.

Chapitre III
Confiscations et restitutions dans les négociations de paix de Münster

Les confiscations, problème politique et économique, deviennent progressivement un problème diplomatique, cause de heurts et de troubles importants. La place de la Catalogne dans la diplomatie française évolue : alors que Richelieu n’avait pas de réelle volonté annexionniste, Mazarin joue un « jeu possibiliste » beaucoup plus complexe, considérant tour à tour, selon l’intérêt du moment, la Catalogne comme une monnaie d’échange (projet de l’échanger contre les Pays-Bas, abandonné ensuite…) ou comme une part intégrante du royaume de France nécessaire pour montrer sa suprématie à l’Espagne, ce qui l’amène à légitimer les droits du roi sur ce territoire. Dès l’ouverture des négociations de paix à Münster, les Catalans montrent une grande méfiance vis à vis de la diplomatie française, et de la rumeur (bien fondée) que Mazarin négocie un projet de traité avec l’Espagne où la Catalogne risque de faire l’objet d’une simple trêve. En 1644, le régent Fontanella est envoyé à Münster pour informer les droits du roi sur la Catalogne. Mais, dénoncé par Pierre de Marca, qui l’accuse de contacts avec les Espagnols, il est rappelé. Cet épisode enracine durablement la méfiance des Catalans. En 1646, Josep d’Ardena et le docteur Francesc Martí i Viladamor sont envoyés à Paris pour dissuader le roi de signer une trêve. À cette occasion apparaît pour la première fois – mais d’une façon curieuse – la crainte que, par la trêve, les biens confisqués aux exilés philippistes leur soient restitués. Le docteur Martí avait ordre de réclamer la libre jouissance pour les Catalans profrançais de leurs biens situés dans l’obéissance castillane. Arguant que c’était faire entrer le loup dans la bergerie – une telle clause pouvant entraîner la réciprocité, et les philippistes possédant la majorité de la Catalogne – Martí avait décidé de la taire. Mais Mazarin réussit finalement à faire accepter le projet de trêve à Martí et Ardena, et ils sont désavoués par les institutions catalanes.

En 1647, des projets de traité circulent entre les Français et les Espagnols, bien que les négociations ne se fassent pas directement mais par l’entremise de « médiateurs » hollandais. Dans ces projets, la paix comporte un article de restitution générale et réciproque des biens confisqués. Mais la Catalogne n’y est pas comprise car il est admis qu’elle fera l’objet d’une trêve séparée. Les articles spécifiques à cette trêve – dont des recherches permettent d’attribuer la rédaction à l’érudit Denis Godefroy – sont plus longs à accorder, et dans le projet le plus avancé de traité, ils sont si confus que la question des restitutions n’est pas clairement réglée. L’Espagne répugne à signer une paix qu’elle juge infamante, elle n’est pas encore prête à abandonner la Catalogne et le Roussillon ; aussi les négociations se terminent sur un échec en 1648 quand les traités impériaux de Westphalie ont été signés : la délégation espagnole s’en va. Malgré tout cela, la rumeur d’une paix ou trêve, par laquelle la France permettrait la restitution générale des biens confisqués, continue à s’enraciner en Catalogne et constitue une pomme de discorde entre les vice-rois et les élites catalanes, entretenue par la propagande castillane. Le gouvernement la dément, avec raison puisque la paix s’est éloignée pour l’instant, mais non sans une certaine fausseté. La retraite des Français en 1652 supprime les fondements de cette crainte et les biens sont automatiquement restitués ; le sort des Catalans profrançais réfugiés en Roussillon et la restitution des biens des philippistes dans cette région seront fixés dès le projet de traité présenté par Lionne à Madrid en 1656 et figureront dans le traité des Pyrénées ; l’héritage diplomatique du congrès de Münster est maigre, mais ses conséquences sur l’opinion catalane dans les années 1640 sont immenses.


Troisième partie
Entre distributions scandaleuses et réformes impossibles : la fin non-annoncée de la Catalogne française (1648-1652)


Chapitre premier
1648 : des distributions insupportables aux Catalans

L’année 1648, tournant majeur, a vu défiler deux vice-rois différents qui ont, chacun à sa manière, contribué à dégrader les rapports entre Catalans et Français. Le premier est le cardinal de Sainte-Cécile, Michel Mazarin, propre frère de Jules Mazarin, resté seulement quatre mois en Catalogne, mais dont les actions méritent d’être analysées. À peine arrivé, le cardinal s’oppose à Marca et fait des gratifications sans son avis. Il décide de donner la vicomté d’Evol à Pierre Goury, intendant des armées. C’est le premier don d’un bien en pleine propriété à un Français. Marca prévient Le Tellier que la Catalogne, échaudée par cette affaire, pourra se révolter contre la France, comme Naples l’a fait contre l’Espagne. Le ministre, qui est pourtant proche parent de Goury, invalide la donation et contredit Sainte-Cécile au nom de la raison d’État. Le cardinal, malade et sans doute mentalement dérangé, quitte précipitamment la Catalogne et va mourir à Rome. Cet intermède a produit les effets appréhendés : l’opposition des deux nations, déjà agitée auparavant lors de l’affaire Chabot, apparaît maintenant en plein jour. Marca produit des théories sur l’autorité absolue du roi qui ne doit pas être contestée localement ; Le Tellier invente sur sa suggestion une fausse version de l’histoire selon laquelle l’interdiction de donner les confiscations aux Français aurait été une maxime generalle religieusement observée depuis toujours, et expédie en Catalogne des lettres patentes réunissant Canet et Evol au domaine royal pour faire taire les jalousies. Mais le mal est fait.

Le maréchal de Schomberg, nouveau vice-roi présent de juin à décembre 1648, bien qu’immédiatement auréolé d’une victoire (la prise de Tortosa le 13 juillet), poursuit et intensifie les affronts qui ont commencé à dégrader le climat sous Sainte-Cécile. Il ferme les yeux sur le sac de la ville perpétré par les officiers et les soldats, et, plus encore, cette prise lui donne l’occasion de récompenser ostensiblement les militaires en leur distribuant les biens saisis aux habitants de la ville. Cette dernière, malgré un puissant plaidoyer de Marca qui délimite le droit de guerre et prône une solution « politique » de clémence afin d’amener les habitants à collaborer, est mise en coupe réglée et soumise à la rapacité de son nouveau gouverneur Marchin. Schomberg finit par décider une distribution générale de tous les biens confisqués, gratifie les officiers du bataillon catalan mais aussi, ce qui est très mal vu, un certain nombre de militaires français. Les gouverneurs des places reçoivent les confiscations qui entourent leur gouvernement. Enfin, le maréchal décide de ne pas enregistrer l’édit de réunion d’Evol et de Canet au domaine royal. Toutes ces mesures, désapprouvées par Marca qui y voit un stratagème des mal affectes pour noircir la réputation française, et par Le Tellier, trouvent cependant une certaine justification dans le fait que, depuis de nombreuses années, la distribution se faisait attendre et que les officiers catalans qui avaient combattu restaient sans récompense. Il était d’autant plus difficile de réprimer Schomberg que la contestation politique montait à Paris et que les caisses commençaient à être vides.

Chapitre II
Caisses vides et « troubles domestiques » : les biens confisqués dans la ligne de mire

La banqueroute de la monarchie éclate au cours de l’année 1648, et Mazarin en informe Schomberg. Mais Pierre de Marca se retrouve encore seul, lors d’un nouvel interrègne interminable (décembre 1648-janvier 1650). Bien que plus policées, les relations entre les nobles catalans et les autorités françaises ne laissent pas de se détériorer à mesure que les peuples eux-mêmes se soulèvent contre les armées cantonnées dans la province. Le non-paiement des uns et des autres rend difficile l’idée d’une révocation des confiscations. C’est pourtant l’idéal que poursuit inlassablement Marca dans sa correspondance avec Le Tellier. Les troubles de la Fronde coupent les communications et le ministre ne répond pas. Impuissant, Marca assiste à un croissant discrédit de la politique française. Il se manifeste tout d’abord par une vindicte contre les membres de la Reial Audiència, bénéficiaires de donations de biens confisqués, ce qui pour le public est indigne de la part de magistrats. C’est à ce moment-là que, de la part des institutions catalanes, la dénonciation des abus des gouverneurs français et de la soldatesque se lie, dans un même discours, à celle de la distribution illégitime des biens confisqués. Le Conseil des Cent, à qui Marca est venu mendier un emprunt, a beau jeu de répliquer que si nous avions les biens confisqués, on pourroit s’en servir à cette occasion ; il entend même se faire attribuer le duché de Cardona pour devenir comme un canton de suisse, avant de céder à condition que Marca se porte lui-même caution. Le visiteur général n’obtient cependant pas de ces institutions qu’elles demandent explicitement au roi la révocation des donations des vice-rois : sans certitudes, Le Tellier remet l’affaire aux calendes grecques. C’est alors qu’au plus fort de la Fronde, le régent Fontanella, accusé de double jeu, appelé à la Cour pour se justifier, se rend à Saint-Germain-en-Laye où viennent de se réfugier la régente et le petit roi, et se fait donner la vicomté de Canet… Nouvelle perçue comme un signe de faiblesse de la Cour. Pour Marca, l’injuste distribution et la faveur nouvelle de Fontanella ont encouragé les factieux qui tentent une nouvelle conspiration à Barcelone en 1649.

Le nouveau vice-roi est le duc de Mercœur, prince fidèle à Mazarin. Il reçoit l’ordre de faire dresser un nouvel état des biens confisqués et des bénéficiaires pour que la Cour puisse enfin prendre une décision générale dans un sens ou dans un autre. La réalisation en est confiée à Marca, mais, sans doute pour avoir deux sons de cloche et les mettre en concurrence, la même chose est demandée par Mazarin à un autre personnage : Giacinto Serroni, évêque d’Orange, italien venu avec Sainte-Cécile. Les deux personnages se détestent et Marca accuse Serroni d’être proche de la faction d’Ardena et Fontanella avec qui il forme un triumvirat ; Mercœur s’en rapproche un temps au détriment de Marca, et se montre personnellement défavorable à la révocation générale demandée à ce dernier, considérant que certaines personnes de mérite ont été gratifiées ; il commence lui-même à distribuer des biens aux gouverneurs français. Mais après 1650, son attitude évolue, il se méfie de Fontanella et Ardena qui sont envoyés à la Cour, et il décide de réunir les nouvelles confiscations à la trésorerie royale pour participer aux dépenses pressantes. Ce sursaut vient néanmoins trop tard. Marca a rendu son immense mémoire, mais les événements l’emportent : les places importantes, dont Tortosa, commencent à tomber aux mains des Espagnols, et Mercœur décide de quitter la province.

Chapitre III
Sursauts et convoitises au bord du gouffre

La chute des places fortes annonce une percée imminente des Espagnols en Catalogne. La France, plongée dans la Fronde, n’a pas les moyens d’y faire face et la perte de la province paraît inévitable à beaucoup. Toutefois – dans le discours du moins –, la France veut rassurer la noblesse catalane et la flatter pour conserver son soutien. Marca est le principal agent, voire l’inspirateur, de cette politique. Il fait en sorte de caresser les alliés du gouvernement, comme Margarit, en jouant sur la corde sensible : l’honneur attaché à un nouveau titre de noblesse. Il favorise aussi le rapprochement entre la noblesse catalane et la noblesse française, en encourageant les mariages mixtes et le rappel de parentés anciennes ou fictives remontant à l’époque franque ou médiévale. Ses derniers combats en Catalogne sont contre le Conseil des Cent, qui tente de profiter de la faiblesse française en s’arrogeant le droit de lever un impôt sur les bénéficiaires des confiscations ; et qui, poussé par des secteurs proches des Castillans, prétend que la restitution des biens aux anciens propriétaires sauvera Barcelone de la peste… Excédé, il obtient son retour en France.

Lorsque le gouvernement politique quitte la Catalogne et que débute le siège de Barcelone, le militaire prend le pas. Symboliquement, La Mothe, revenu en grâce et nommé vice-roi, ordonne au trésorier de lui remettre les revenus de tous les biens confisqués pour les dépenses de la guerre ; les objets du culte sont fondus. Le maréchal a l’intention de se battre jusqu’au bout. Mais l’opposition des coteries catalanes compromet les chances des Français dans le siège, et le peuple, très échaudé par les injustes distributions – selon la chronique de Miquel Parets –, se résout progressivement à la capitulation. C’est alors que les élites profrançaises se replient vers le Roussillon, où se poseront de nouvelles questions de gratification jusqu’au traité des Pyrénées.


Conclusion

L’étude des dix ans de la Catalogne française semble d’abord se résumer à deux mots négatifs : incompréhension et désillusion. La possession et la redistribution des confiscations semblaient à première vue constituer un appréciable moyen de pouvoir aux mains du nouveau souverain. Mais l’absence de politique générale, et surtout, quand bien même on aurait voulu l’imposer, le manque de moyens pour la mettre en œuvre, ont réduit à néant les espoirs des élites catalanes. En effet, l’espoir résidait bien de leur côté, plutôt que de celui d’un gouvernement français connaissant très mal la Catalogne et ses traditions ; du côté catalan, nul, à l’exception des propagandistes philippistes, ne mettait en doute la légitimité de confisquer. Ces Catalans seuls avaient la nécessité d’une redistribution. De 1643 à 1652, ni Mazarin ni Le Tellier n’eurent de connaissance précise des biens confisqués, mais quand ils en recevaient un semblant de résumé, l’empressement des circonstances les empêchait de prendre une décision générale. De cette hésitation récurrente, parfois carrément palinodie, la noblesse catalane n’a au mieux ressenti qu’un manque de zèle, au pire, une nette indifférence. Il faut dire que Mazarin avait littéralement hérité d’une Catalogne ralliée à la France par volonté de Richelieu, chose qu’il n’aurait peut-être pas lui-même encouragée. Richelieu avait voulu laisser de grands pouvoirs au premier vice-roi, son parent. Les vice-rois suivants, bien qu’avec un désaccord assez constant du gouvernement, multipliaient d’autant plus les abus de pouvoir et les distributions de biens confisqués que la Cour ne pouvait exercer aucun contrôle efficace. Les travers mis en place durant la première phase de la Catalogne française, entre 1642 et 1644, étaient trop difficiles à rectifier. Mazarin, défendant un « jeu possibiliste », ne pouvait pas adopter de politique univoque et ne pouvait que temporiser.

Le report de la distribution des confiscations, de 1642 à 1648, a notablement participé à la désillusion de la noblesse catalane. Les mises en garde que les gentilshommes écrivaient au roi en 1643 se sont avérées justes. Aux grandes questions politiques s’ajoutaient des éléments plus personnels, comme les blessures de l’honneur, qui pouvaient jouer un grand rôle dans les orientations. Ainsi, Bernard du Plessis-Besançon note-t-il en 1645 : avec les nobles, il faut se gouverner de sorte qu’ils ayent subjet d’en esperer encore davantage, les bienfaits presents n’estans pas sy puissants que ceux de l’avenir pour assouvir l’avidité des hommes, d’autant que les premiers sont limitez par la cognoissance et que les autres conviennent mieux a leur ambition, tant a cause que ceste passion a son objet hors d’elle mesme, que pour estre indeterminée. Les premiers duels au cours de l’année 1648 montrent amplement l’état d’exaspération de ces gentilshommes. Le bataillon catalan – seul élément de l’armée combattant contre l’Espagne qui comptât des naturels – était sans récompense. Ajoutée à cela, la rumeur persistante d’une restitution par le traité de paix ou de trêve des quelques biens qui avaient été donnés. Ainsi, parce que la Cour n’avait ordonné aucune distribution générale, lorsque Schomberg en 1648 décida de faire sa propre distribution, elle fut très mal reçue et causa un grand scandale. Mais pouvait-on rester plus longtemps sans rien faire ? Finalement, au report de la distribution, succéda le report de la révocation, poussée par Marca avec une certaine justice mais dont les contours exacts ne purent en réalité jamais être définis. Il y avait là de quoi user les plus grandes patiences, et seul le retrait des Français vint y mettre un terme.

On a pu mettre en valeur la rupture de 1648, sans doute plus significative que celle de 1644 dans la chute progressive de l’image française en Catalogne ; la question des confiscations semble devoir retrouver sa place dans cette histoire générale. Toutefois, d’importantes nuances doivent être posées. Le défaitisme et la trahison ne semblent pas avoir envahi toutes les élites catalanes. Les gouvernants français envoyés sur place ont parfois eu eux-mêmes intérêt à la conservation de la province dans l’obédience de la France : Pierre de Marca, surtout, mais aussi des personnes comme Bernard du Plessis-Besançon, artisan du rapprochement initial, ou le comte de Chabot, qui rêvait de devenir grand seigneur en Catalogne. Les confiscations sont le symbole même de cette variété de parcours et de positionnements, qui sont loin de se résumer à la politique distante d’un Mazarin. Les élites catalanes, autant que leurs clientèles entendues dans un sens plus large, ou que les communautés villageoises, font partie intégrante de cette histoire. À cela s’ajoute enfin un paramètre essentiel qu’on peut appeler « principe de réalité ». Il s’agit de l’ensemble de retards et d’obstacles impondérables posés par le temps, la distance, la lenteur des procédures et des réactions, les variations monétaires, la difficulté de dresser des listes quand on n’a aucun modèle et qu’il faut tout inventer. De ce fait, l’échec final à fidéliser les Catalans par la gratification ne peut être entièrement attribué à la mauvaise volonté ou à l’injustice des personnes : cela reviendrait à prendre pour argent comptant les pamphlets de l’époque. Ces derniers sont le reflet des intérêts des ordres et des cercles dont ils émanent, malgré le souci annoncé du bien public.


Annexes

Éditions de documents, cinquante-sept textes en extrait ou intégralité classés par producteurs : communication royale (lettres patentes, lettres missives, lettres de ministres) ; Français de Catalogne (vice-rois, Pierre de Marca, listes et documents de travail) ; opinion catalane (institutions catalanes, suppliques et écrits nobiliaires) ; dossiers consacrés aux négociations de paix de Münster et à l’affaire de la communauté d’Ille. — Index des personnes.