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École des chartes » thèses » 2015

Les activités à caractère culturel dans les établissements pénitentiaires français

(de la Libération aux années 1980)


Introduction

Depuis le milieu des années 1980, des études et des états des lieux sur les activités culturelles organisées en détention sont publiées. Si des sociologues, tels que Florine Siganos et Jean-Louis Fabiani, ainsi que des professionnels du monde de la culture se sont penchés sur la question, ce n'est pas le cas des historiens. Il semblait donc indispensable d'investir ce champ de recherche.

Le premier protocole d'accord Culture/Justice est cosigné le 25 janvier 1986 par Jack Lang et Robert Badinter. Faisant suite au premier colloque international sur la culture en prison, ce texte vient officialiser la politique interministérielle d'intervention culturelle en détention menée pendant la première moitié des années 1980. Pour comprendre en quoi l'action du ministère de Jack Lang constitue une étape majeure, il est essentiel de bien cerner les caractéristiques de la période précédente. Il existe en effet des activités à caractère culturel dès la Libération. Certaines sont organisées sous forme d'ateliers et de cercles auxquels les détenus prennent une part active : ciné-clubs, télé-clubs, cercles de lecture, de musique, de photographie, arts plastiques, théâtre, chorale, jeux d'échecs, confection de journaux de prison… D'autres sont des prestations auxquelles les détenus assistent en direct ou en différé : concerts, représentations théâtrales, conférences, projections cinématographiques, rediffusions radiophoniques… Quelles sont les principales évolutions de ces activités tant au niveau des acteurs que des contenus, des missions et des structures que des publics visés ? Les acteurs tiennent ici un rôle essentiel puisque c'est d'eux que dépend la nature des séances proposées, d'un point de vue théorique autant que pratique. Les cultures professionnelles des assistantes sociales, des éducateurs pénitentiaires et des artistes sont interrogées au regard des missions dans lesquelles s'insèrent les activités. Le vocabulaire fait également l'objet d'une attention particulière : tour à tour qualifiées d'éducatives, de socio-éducatives, de socioculturelles, de récréatives ou de culturelles, ces animations sont considérées différemment selon les époques et les locuteurs.

Afin de bien mettre en valeur la rupture provoquée par l'intervention du ministère de la Culture, cette étude est divisée en deux temps. La première partie est consacrée à la période allant de la Libération au début des années 1980. Elle s'attache à comprendre l'action des deux premiers acteurs culturels : les assistantes sociales et les éducateurs. Elle est également l'occasion de s'interroger sur l'impact de la crise pénitentiaire. La deuxième partie analyse la mise en place de la politique d'intervention culturelle en détention au début des années 1980. Elle étudie tant la mise en place des dispositifs que la définition des objectifs, tout en interrogeant la notion d'interministérialité. Elle aborde également la question de la multiplication d'activités désormais proposées par des intervenants extérieurs issus du milieu de la création. Enfin, elle permet de comprendre comment l'administration pénitentiaire doit s'adapter à ces activités culturelles d'un genre nouveau.


Sources

Jusqu'alors, aucun état des sources, même sommaire, ne concernait les activités culturelles en détention. Sur la première période, notre principale source réside dans les fonds de l'administration pénitentiaire conservés aux Archives nationales et à l'École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP). Notes de service, circulaires, textes réglementaires, rapports d'inspection, revues, correspondances sont autant de documents permettant de comprendre la mise en place des activités culturelles et le rôle de chacun des acteurs. Les mémoires des élèves-éducateurs de l'administration pénitentiaire constituent une source incontournable. Témoins de la mise en œuvre pratique des activités culturelles et des missions qui leur sont assignées, ils révèlent à quel point la politique d'intervention culturelle n'est pas sans poser des problèmes d'identité. Pour la seconde période, les archives du ministère de la Culture deviennent une source indispensable. Les échanges de notes témoignent des relations qui se tissent, des dispositifs qui se mettent en place mais aussi de certaines tensions. Les artistes et les associations, nouveaux acteurs en détention, apparaissent derrière la présentation de leurs projets, leurs demandes de subvention, leurs rapports d'activité et leurs correspondances avec l'administration centrale. Par ailleurs, la présence de documents iconographiques est assez rare dans le champ des études pénitentiaires pour être signalée. Enfin, des archives privées ont été utilisées de manière plus ponctuelle pour éclairer des points particuliers. Il en est ainsi du fonds Étienne Bloch ou des fonds d'associations tels que le GENEPI ou Peuple et Culture.


Première partie
Les premiers pas des activités à caractère culturel au sein de l'administration pénitentiaire (1945-début des années 1980)


Chapitre premier
De la Libération à la crise pénitentiaire : de rares activités pour assister et éduquer le détenu ?

Paradoxalement, c'est la seconde guerre mondiale qui permet aux premiers acteurs culturels d'investir le milieu carcéral : les assistantes sociales sont autorisées à entrer en détention. Dans un élan caritatif et du fait de leur culture professionnelle, elles tentent de proposer aux détenus quelques séances à caractère culturel avec les moyens du bord.

En 1946, le corps des éducateurs est créé. S'il souffre d'une mauvaise reconnaissance statutaire et d'un sous-effectif chronique, il n'en est pas moins considéré comme la cheville ouvrière de la réforme Amor. C'est dans les missions que cette dernière attribue à l'administration pénitentiaire que les activités à caractère culturel s'insèrent : l'éducation et l'amendement du condamné prédominent sur la garde, ce qui ouvre le champ des possibles. Les éducateurs sont, entre autres, chargés d'animer les activités qui nous intéressent. Formés à l'École d'administration pénitentiaire, ils sont influencés par la culture propre à l'ensemble des personnels exerçant dans les prisons mais reçoivent aussi quelques formations en lien avec l'éducation populaire.

Le constat qu'il existe des activités culturelles en détention dès l'après-guerre ne doit pas laisser penser que toutes les prisons en bénéficient. Au contraire, pendant longtemps, seuls quelques lieux de détention sont dotés d'éducateurs : les établissements réformés. Ces derniers sont majoritairement des établissements pour peine (maisons d'adultes, prisons-écoles) tandis que les maisons d'arrêt sont quasiment toujours exclues. Jusqu'aux années 1970, ni le ministère chargé de la Culture ni la société civile ne s'intéressent à la prison. Les activités à caractère culturel sont donc, à quelques exceptions près, totalement pensées, organisées et animées au sein de l'institution.

Chapitre II
De la crise à l'ouverture : nouvelles structures et nouvelles missions pour les activités culturelles des années 1970

La crise qui éclate au début des années 1970 braque les projecteurs sur un monde jusque-là ignoré par la société. Pour la première fois, les détenus prennent la parole et réclament le droit de s'associer. En réponse, la direction de l'Administration pénitentiaire officialise les associations sportives et culturelles internes aux établissements. Cela peut être vu comme un moyen de cantonner le droit d'association à un domaine restreint, peu susceptible de donner lieu à une remise en question de l'institution.

Surtout, la crise révèle l'urgence d'une ouverture du monde carcéral sur le monde extérieur et inversement. C'est le décloisonnement. La culture en est un des vecteurs. Les étudiants du GENEPI – association créée suite à la crise – ainsi que quelques artistes, interviennent en détention. Inversement, les détenus souhaitent ouvrir leurs journaux au lectorat extérieur, ce qui peut avoir des influences sur le caractère culturel de leur contenu. L'ouverture est également visible au niveau de la formation des éducateurs. Les modules culturels sont désormais pris en charge par des formateurs de Peuple et Culture, association d'éducation populaire. La culture commence donc à ne plus être exclusivement encadrée par l'administration pénitentiaire.

En 1975, une réforme est adoptée. Si ce n'est pas son but premier, elle a quelques répercussions sur la culture en détention. Tout d'abord, la réorganisation des différents types de prison entraîne d'autres clivages que ceux qui existaient entre établissements réformés et non réformés. Tous les établissements sont désormais censés pouvoir accueillir des activités culturelles. Malgré cela, les centres de détention sont favorisés par rapport aux autres et l'hétérogénéité reste la règle. De même, la libéralisation de l'information ouvre de nouveaux possibles tout en constituant une source de revenus pour les associations culturelles des établissements. En parallèle, la philosophie du ministère de la Culture change. Dans le cadre du développement culturel, quelques tentatives d'actions en milieu carcéral sont lancées. Si leur succès reste très mitigé, le fonds d'intervention culturel (FIC) est un dispositif qui s’avérera particulièrement efficace par la suite.

Chapitre III
Quelles activités pour quels objectifs ? (1945-début des années 1980)

De 1945 au début des années 1980, des activités aussi variées que rares sont menées en détention. Elles sont soumises à de nombreuses contraintes, tant humaines que temporelles, architecturales, financières et organisationnelles. Pour cette raison, elles ont plutôt lieu dans les établissements disposant d'éducateurs (établissements réformés puis établissements pour peines), d'associations internes, de locaux adaptés et de directions sensibilisées. Tantôt appelées activités éducatives, socio-éducatives, récréatives, de loisirs, socioculturelles ou culturelles, elles vont de la pratique du théâtre au club d'échecs. Les objectifs qui leur sont assignés varient selon les locuteurs mais il semble qu'elles soient souvent considérées comme un outil au service de l'institution et non comme une fin en soi. L'étude de celles qui sont menées par les éducateurs (cercles de lecture, de musique, télé-clubs…) confirme leur proximité avec l'éducation populaire. D'autres attestent que, dès 1947, des intervenants extérieurs passent les murs. Issus pour la plupart de mouvances religieuses ou caritatives, ces derniers ne sont quasiment jamais des professionnels de la culture. Leurs interventions se font au coup par coup sans suivre de programmation spécifique. En effet, les contacts s'établissent au niveau local et aucune politique nationale ou régionale ne vise à les encourager, si ce n'est dans le cadre des associations telles que le GENEPI. Il s'agit bien souvent d'expériences et d'expérimentations précaires qu'aucun cadre réglementaire ne vient soutenir ni pérenniser.


Deuxième partie
Mise en place de la politique interministérielle d'intervention culturelle en prison (années 1980)


Chapitre premier
Des balbutiements à la formalisation

Le début des années 1980 constitue un tournant majeur pour notre sujet. François Mitterrand arrive au pouvoir et, avec lui, deux figures marquantes. Au ministère de la Culture, Jack Lang s'engage dans une politique de conquête des publics éloignés de la culture. En parallèle, au ministère de la Justice, Robert Badinter initie une nouvelle réflexion sur la prison et les droits de l'homme ainsi que sur la réinsertion. Les activités culturelles en détention sont partie prenante de ces deux réflexions, d'où la possibilité pour les deux ministères de coopérer. Alors qu'il ne s'est quasiment jamais intéressé au monde carcéral, c'est le ministère de la Culture lui-même qui donne l'impulsion première. Les activités culturelles en détention ne se développent plus en parallèle de l'action culturelle du ministère : elles y sont incluses. On peut dès lors parler de politique culturelle et, plus précisément, de politique d'intervention culturelle, étant donné le volontarisme à l'œuvre. Le ministère met en place un ensemble de dispositifs. Une commission est réunie, des rapports sont écrits et des enquêtes sont menées. Pour la première fois, une réelle réflexion se fait jour. Des axes de travail sont définis : il s'agit de privilégier les détenus les plus isolés (prévenus, femmes, étrangers…) et de proposer en priorité des actions de longue haleine faisant appel aux capacités d'expression des détenus. Une exigence de qualité et de professionnalisme est exprimée. Des crédits sont mis à la disposition de la nouvelle politique, notamment par la direction du Développement culturel (DDC). Si l'initiative naît au niveau de l'administration centrale, cette dernière saisit rapidement ses services extérieurs. Les directions régionales des Affaires culturelles (DRAC) et les directions régionales des Services pénitentiaires (DRSP) s'emparent alors du dossier et mettent à leur tour en place les actions et les politiques nécessaires. Enfin, après les premiers balbutiements, le besoin se fait sentir de revenir sur les actions menées et d'officialiser l'action interministérielle. Après le colloque de Reims de 1985, le premier protocole Culture/Justice est signé en 1986.

Chapitre II
Des interventions et des structures d'un genre nouveau ?

Le ministère de la Culture se donne les moyens de lancer sa nouvelle politique avec une action d'envergure. Ainsi, il invite la troupe de théâtre américaine The Family à jouer dans la prison Charles III à l'occasion du festival de Nancy. L'expérience se transforme ensuite en échange international et s'étend à la région pénitentiaire de Bordeaux. Les subventions du ministère permettent à de nombreuses autres associations de passer les murs. Elles touchent des domaines variés allant de la peinture à la musique en passant par la vidéo, la danse et le théâtre, ce dernier étant particulièrement dynamique. Tantôt nationales et tantôt locales, certaines de ces associations s'adressent exclusivement aux détenus tandis que d'autres se contentent de les inclure dans leurs actions. En parallèle, certains artistes interviennent à titre individuel, comme Philippe Adrien, Peter Brook ou Colette Gourvitch. De nouvelles problématiques émergent. Dans quelle mesure les créations audiovisuelles peuvent-elles faire apparaître l'image des détenus ? Comment faire en sorte que les établissements isolés ne souffrent pas de l'absence de tissu culturel local ? Avec cette nouvelle politique, le ministère de la Culture entend montrer qu'il ne considère pas la population pénale comme un public de seconde zone. Cependant, si les intervenants sont plus proches du milieu de la création que ne l'étaient ceux de la période précédente, ils doivent encore faire preuve d'un certain militantisme. Les activités se multiplient. L'étude de leur mise en place confirme que l'implication du ministère de la Justice, d'un point de vue financier, est très limitée. Il subventionne quelques actions et notamment celles du GENEPI, qui dans le cadre de la diversification de ses activités, s'ouvre de plus en plus au culturel.

Chapitre III
La nécessaire adaptation de l'administration pénitentiaire

La multiplication des interventions ne peut se faire sans la coopération de l'administration pénitentiaire. Cette dernière, épaulée par le ministère de la Culture, réforme en profondeur la formation des éducateurs en 1984. Elle veille à les former davantage à la question culturelle, écartant petit à petit la démarche d'éducation populaire. La redéfinition du rôle des éducateurs à cette période charnière est particulièrement révélatrice. Alors qu'ils étaient jusque-là chargés d'animer les activités culturelles, ils sont désormais appelés à coordonner l'action des intervenants extérieurs. Cette modification de leur métier n'est pas sans poser problème et crée parfois des tensions au sein du microcosme carcéral. Certains conflits naissent également d'une mauvaise connaissance de l'intérêt que peut revêtir la culture en détention. Pour tenter de résoudre ce problème, le protocole Culture/Justice de 1986, tout en entérinant la réforme de la scolarité des éducateurs, encourage une meilleure sensibilisation des autres catégories de personnels tels que les sous-directeurs et les surveillants.

Devant la multiplication des interactions, il convient de repenser les structures pénitentiaires. Annoncée en 1985, la structuration des services socio-éducatifs se met en place au cours de l'année 1986, tant au niveau local que régional. Leurs règles de fonctionnement sont quant à elles clairement définies en 1987. Ainsi, le rapport de service socio-éducatif fait une place de plus en plus large à la question culturelle tandis que le délégué régional à l'action socio-éducative (DRASE) devient un maillon fondamental. Si cette réforme a pour but de rendre l'organisation des activités plus efficace, elle témoigne de la difficulté pour l'administration pénitentiaire de penser les activités culturelles pour elles-mêmes. En effet, celles-ci sont souvent comprises dans le domaine plus vaste du « socio-éducatif » ou assimilées au « socioculturel ». La structure spatiale des établissements pénitentiaires est également interrogée. La contrainte architecturale est particulièrement prégnante dans l'espace clos de la prison et conditionne la possibilité de multiplier les activités. Il faut cependant attendre le protocole de 1986 pour que la nécessité de consacrer des espaces à la culture au sein des bâtiments carcéraux soit affirmée. Enfin, le rôle croissant joué par les associations internes est déterminant. Officialisées en 1983, elles sont dotées de nouveaux statuts-types en 1985. Ces derniers témoignent d'un certain changement de mentalité. Alors que ceux de 1981 étaient très contraignants, ceux de 1985 se caractérisent par une plus grande souplesse et laissent davantage de place à l'initiative des détenus. Simultanément, la nouvelle possibilité pour les détenus de disposer de postes de télévision individuels dans les cellules permet aux associations de s'enrichir. Elles perçoivent désormais les recettes dégagées par la location de ces téléviseurs et peuvent les réinvestir dans le développement des activités culturelles à destination des détenus.


Conclusion

La politique impulsée par le ministère de Jack Lang au début des années 1980 constitue donc un bouleversement majeur pour les activités culturelles en détention. Tout en mettant en exergue cette nouvelle dynamique, il convient cependant de réhabiliter la quarantaine d'années qui la précède. Le terreau dans lequel se développent les activités impulsées par le ministère de la Culture est en effet loin d'être vierge de tout germe culturel. Seulement, il ne s'agit alors pas de la même conception de la culture. Outils à la disposition de l'administration, ces activités ne sont d'abord pas encouragées pour elles-mêmes mais pour leurs vertus éducatives et moralisatrices. Avec la réforme de 1975, elles s'intègrent dans les nouvelles missions assignées à l'administration pénitentiaire : décloisonnement et réinsertion. La notion de « droit à la culture » n'apparaît en prison qu'au début des années 1980. L'espoir que l'introduction d'un nouveau droit en détention participe au changement de l'institution carcérale est alors formulé. De 1945 à l'arrivée de Jack Lang, ce sont les assistantes sociales et les éducateurs qui mènent ces activités. Personnels travaillant en prison, ils sont très peu formés et font feu de tout bois selon leurs inclinations et leurs possibilités. Les activités constituent notamment pour eux un outil efficace d'observation. Cette instrumentalisation et cet amateurisme sont critiqués et vigoureusement écartés à partir des années 1980. Parce que de nombreux hommes de culture participent désormais à définir les orientations, ce sont dès lors des professionnels de la culture compétents et spécialisés qui sont encouragés à proposer des activités tout aussi variées mais de nature différente.

L'intervention du ministère de la Culture vient également inverser la philosophie selon laquelle les personnes incarcérées les plus démunies doivent être écartées des activités culturelles. À l'époque des établissements réformés, seuls les détenus considérés comme amendables peuvent bénéficier de ces dernières. La réforme de 1975, si elle est l'occasion d'affirmer le souhait que tous les établissements soient touchés par les activités, continue de privilégier les détenus dont la réinsertion est la plus probable. Dès 1981, la commission Culture/Justice refuse de favoriser ceux qui l'ont toujours été. Le public jusqu'alors éloigné de la culture au sein même de la détention devient une cible prioritaire. La plupart des artistes et des associations, influencés par cette ligne de conduite, s'attachent à proposer des activités aux femmes, étrangers, homosexuels et prévenus.

Enfin, avec la mise en place d'une politique d'intervention culturelle, le rôle joué par les deux ministères devient particulièrement important. Jusque-là, l'initiative était quasiment exclusivement laissée aux acteurs locaux. Désormais, c'est le ministère de la Culture qui est le principal initiateur, tandis que l'administration pénitentiaire coopère en repensant ses structures et en tentant de faciliter l'entrée des intervenants extérieurs. Derrière une action qui apparaît a priori comme commune apparaissent cependant des clivages. Les deux ministères ratent à plusieurs reprises des occasions de s'afficher ensemble, n'emploient pas les mêmes mots et ne soutiennent pas toujours le même type d'action. L'exemple du GENEPI, subventionné exclusivement par le ministère de la Justice, en témoigne.

Si ce travail défriche et jette les premières fondations d'un sujet jusqu'alors ignoré par les historiens, il est cependant bien loin de répondre à toutes les questions qui peuvent être posées. Une analyse plus fine des liens entretenus avec l'architecture carcérale, l'étude de la période qui s'ouvre ensuite avec la signature du deuxième protocole Culture/Justice en 1990, ou encore la mise en place des bibliothèques pénitentiaires, sont quelques-unes des nombreuses pistes qu'il reste encore à explorer.


Annexes

Repères. — Textes législatifs et réglementaires, actes et documents administratifs (éditions). — Associations internes aux établissements pénitentiaires (statuts et liste). — Supports d'études de cas (éditions de lettres de détenus et reproductions d’œuvres issues des activités notamment).— Entretien avec Yves Perrier, ancien éducateur pénitentiaire.