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École des chartes » thèses » 2006

Émile-Antoine Bourdelle et l’enseignement de la sculpture


Introduction

Émile-Antoine Bourdelle est l’un des plus grands sculpteurs français du début du vingtième siècle. Pourtant, en dépit de l’existence d’un musée parisien consacré à sa seule mémoire, de nombreuses facettes de son travail sont largement mésestimées voire ignorées, au premier rang desquelles son activité d’enseignant. Or l’enseignement ne tarde pas à devenir le moteur et l’aboutissement de son épanouissement d’homme et d’artiste. Bourdelle passe ainsi vingt années de sa vie, de 1909 à 1929, à prodiguer des conseils pratiques et à ouvrir l’esprit de plusieurs centaines de jeunes artistes qui se pressent, chaque semaine, dans les locaux de l’Académie de la Grande Chaumière, à Montparnasse. Les séances qu’il y accorde sont divisées en deux parties a priori bien distinctes : les corrections pratiques des travaux ébauchés par ses élèves, dites cours, et la lecture de ses réflexions personnelles sur tel ou tel sujet, dites leçons. Cet ensemble revêt aux yeux de l’artiste une importance telle qu’il l’envisage, à la fin de sa vie, comme l’un des piliers de son héritage au monde de l’art. Il s’agit du point de départ d’une étude consacrée à la réflexion théorique de Bourdelle, à la façon dont il la forge et la transmet, et à la place éminente qu’elle lui confère dans le paysage artistique parisien de son temps.


Sources

La majeure partie des sources consultées dans le cadre de ce travail est conservée à Paris, au sein des archives du musée Bourdelle. Le fonds principal est constitué par les leçons et les cours de l’artiste à l’Académie de la Grande Chaumière. Cet ensemble non inventorié comprend soixante-quinze leçons (1909-1922), ainsi que vingt-six cours (1909-1910). Il a également été nécessaire d’utiliser d’autres dossiers d’archives afin d’éclairer tant la jeunesse de Bourdelle que ses positions esthétiques : un dossier intitulé « Ensemble biographique », constitué par l’artiste lui-même, ainsi que ses « Écrits sur l’art » et autres « Écrits divers ». Le dossier « Élèves », ainsi que de la correspondance active et passive de Bourdelle, ont aussi fait l’objet d’une analyse approfondie.

D’autres dépôts d’archives ont été fréquentés plus ponctuellement. Les Archives nationales, en particulier, conservent tous les documents existants concernant la scolarité de Bourdelle à l’École nationale des beaux-arts, ainsi que la carrière de son maître, Alexandre Falguière. Certains dossiers renseignent également sur la vie quotidienne au sein de l’institution à la fin du dix-neuvième siècle et ont été consultés (AJ5251, 322, 461, 909-910, 944, 970-971). Les archives du musée Rodin ont fourni de précieuses informations concernant l’Institut Rodin, établissement ouvert très brièvement par Rodin, Bourdelle et Jules Desbois en 1901, tandis que les archives de Jacques Doucet, conservées à l’Institut national d’histoire de l’art, ont apporté des précisions sur les projets de Bourdelle en matière de conservation des leçons de la Grande Chaumière (Fonds Jacques Doucet, carton 36, mf BXXI, 17838–17903). Si l’École des beaux-arts de Toulouse ne conserve aucune trace du passage de Bourdelle dans ses murs, elle fournit en revanche des renseignements sur les professeurs qu’il y a fréquentés et sur l’histoire de l’institution en général (Dossiers personnels de professeurs n° 102 et n° 137, et dossier B11 : Histoire de l’École des beaux-arts de Toulouse, 1800-1990). Enfin, le musée Ingres de Montauban conserve, au sein de ses archives, un grand nombre de dessins et quelques manuscrits de Bourdelle qui portent essentiellement sur ses jeunes années.


Première partie
La naissance d’un professeur de sculpture autodidacte (1861-1909)


Chapitre premier
Bourdelle et l’enseignement :
la formation d’un sculpteur, la construction d’un esprit

Né le 30 octobre 1861 à Montauban, Émile-Antoine Bourdelle est un élève médiocre mais doté d’un sens précoce de l’observation et du dessin. Encouragé par sa famille, il embrasse très tôt la carrière artistique et suit les voies ordinaires de l’enseignement académique. C’est ainsi qu’il entre à l’âge de quinze ans à l’École des beaux-arts de Toulouse puis, sept ans plus tard, à l’École des beaux-arts de Paris. Cet apprentissage traditionnel est associé, durant son enfance, à une éducation rurale et à une observation permanente de la nature, qui marque tout son imaginaire de son empreinte. N’ayant jamais eu de cesse de se chercher des maîtres auprès desquels enrichir sa maigre culture et sa technique plastique, il se forge progressivement, grâce à ses rencontres de jeunesse, puis grâce à Falguière, Dalou et surtout Rodin, une vision propre de son art et de la façon dont il devrait être universellement enseigné. L’expérience de l’Institut Rodin est à ce titre déterminante pour ses orientations futures qui prennent véritablement corps en 1909, date à laquelle il quitte l’atelier de Rodin et s’engage pleinement dans des recherches personnelles.

Chapitre II
L’Académie de la Grande Chaumière :
une institution inscrite dans le paysage artistique de son temps

Pour comprendre toute l’originalité de l’enseignement de Bourdelle, il est nécessaire de le resituer dans son époque. Au dix-neuvième siècle en effet, Paris draine un nombre important d’artistes en quête de reconnaissance mais, avant cela, d’un enseignement à la hauteur de leurs ambitions. La ville propose à ces jeunes gens plusieurs types d’enseignement, au premier rang desquels la prestigieuse École des beaux-arts. Longtemps incontestée, l’École des beaux-arts de Paris vit pourtant des années de doute, au cours desquelles émergent d’autres modèles d’enseignement. C’est en effet à partir de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle qu’apparaissent sur le devant de la scène des écoles dites libres. Si certaines, à l’image de l’Académie Julian, restent proches du modèle académique dans leur fonctionnement et dans leurs objectifs, d’autres s’en éloignent pour prôner une plus grande liberté, une inspiration directe de la vie. C’est à cette deuxième catégorie qu’appartient l’Académie de la Grande Chaumière, située à Montparnasse dans la rue du même nom. S’il ne nous reste aujourd’hui que peu de renseignements à son sujet, quelques précieux témoignages permettent néanmoins de rendre compte du fonctionnement et de l’ambiance de cet établissement de référence.

Chapitre III
L’atelier d’Antoine Bourdelle, un lieu unique

C’est au cours de l’année 1909 que Bourdelle donne ses premières leçons à l’Académie de la Grande Chaumière. Pour cet artiste longtemps dans l’ombre de Rodin, il s’agit véritablement d’un nouveau départ, l’occasion de laisser s’exprimer sa riche personnalité. L’atelier qu’il anime rue de la Grande Chaumière, à la demande de Marthe Stettler, Alice Danenberg et Sergio Castelucho, les directeurs du lieu, offre alors un visage unique au sein du Paris de l’époque : ouvert cette même année, il attire durant vingt ans un nombre toujours croissant de jeunes artistes et se distingue par l’anticonformisme du professeur et des principes qu’il y énonce.


Deuxième partie
Les leçons de la Grande Chaumière :
un enseignement lumineux (1909-1929)


Chapitre premier
L’enseignement pratique ou l’apprentissage méthodique d’un art

Fort de ses idées sur l’art, Bourdelle livre à la Grande Chaumière ses secrets techniques et ses conceptions personnelles avec une verve peu commune. Ses propos sont l’expression la plus directe de son expérience et des enseignements qu’il a tirés de sa vie de labeur et de recherches plastiques. Outre les nécessaires questions de métier, il développe dans l’intimité de l’atelier sa position sur les sujets les plus divers et s’inscrit à plus d’un titre dans le dix-neuvième siècle qui l’a formé. À cheval entre deux siècles, entre deux systèmes de pensée et d’enseignement, le sculpteur cultive cette ambivalence et fait de sa parole une voie unique, une voix dissonante qui puise à plusieurs sources pour offrir le meilleur des apprentissages, loin de tout préjugé et de tout déterminisme. Fruit de l’expérience d’un homme, l’enseignement pratique est la facette la plus spontanée des commentaires de Bourdelle qui réagit en fonction des sculptures ébauchées par ses élèves. Il y fait d’autant mieux la démonstration de son tempérament impétueux, exigeant et bienveillant à la fois.

Chapitre II
L’enseignement théorique ou la formation des esprits

Reflet de ses centres d’intérêt et de ses autres préoccupations, l’enseignement de Bourdelle est multiple. Le maître ne se contente pas de donner des préceptes techniques et des orientations esthétiques à ses élèves : son enseignement pratique se double ainsi d’un enseignement théorique – la distinction entre les deux étant souvent fort ténue. Ce dernier, foisonnant, parfois contradictoire, s’appuie sur la vision hautement sacralisée qu’a Bourdelle de l’art et de l’artiste, et fait de la vie la source d’inspiration principale du créateur. Afin de soutenir son argumentation, le sculpteur fait référence aux maîtres du passé, précisant néanmoins que tout artiste se construit certes dans l’admiration des Anciens, mais aussi dans l’appropriation de leurs formules, dans la recherche incessante du vrai. Et ce n’est jamais qu’en portant sur le monde et sur l’art un regard original et tout à fait personnel qu’un individu devient un artiste.

Chapitre III
Un enseignement concret

Les leçons que Bourdelle propose à l’Académie de la Grande Chaumière constituent bien plus qu’un simple enseignement théorique ; elles se nourrissent de la vie du maître, de ses expériences et de ses émotions plastiques. Bourdelle se distingue notamment en organisant pour ses élèves diverses visites collectives, à Paris ou en province. Cette confrontation réelle avec l’art permet au sculpteur non seulement d’illustrer certains de ses propos, mais aussi d’ancrer son enseignement dans une réalité historique, à une époque où tout choix esthétique peut prendre une dimension politique. Elle se double pour certains d’une confrontation avec l’art du maître. Bourdelle, qui se considère comme un chercheur d’art parmi d’autres, ne mentionne que peu ses propres œuvres lors de ses visites à la Grande Chaumière mais ouvre à quelques jeunes gens ses ateliers personnels. Certains élèves en effet sont employés par Bourdelle en qualité d’assistants, voire de modèles, et illustrent de façon plus significative les liens privilégiés qu’il pouvait tisser avec la jeunesse de son entourage.


Troisième partie
Le maître à penser d’une génération


Chapitre premier
Une société artistique unie

Les leçons de la Grande Chaumière telles qu’elles sont professées par Bourdelle mettent en lumière sa nature même d’homme et accordent une grande place aux liens tissés entre le maître et ses élèves, à la communauté d’esprit qui, ainsi, se forme. Loin de toutes conventions, Bourdelle instaure avec son atelier une relation de confiance et d’échange, qui lui est profitable tout autant qu’aux jeunes gens. C’est par cette forme de communication très personnalisée autant que par le contenu même de son enseignement que Bourdelle se distingue de nombre de professeurs d’art qui lui sont contemporains, souvent enfermés dans un système académique qui bride les tempéraments. Or, si les écrits de Bourdelle nous révèlent beaucoup de l’homme qu’il est, il en va tout autant des rapports humains qu’il entretient avec ses élèves, sur lesquels nous informent plusieurs témoignages, mais également, et pour une large part, la correspondance du maître. On y découvre que les jeunes gens qui le côtoient forment, aux côtés de la famille Bourdelle, une société artistique unie.

Chapitre II
La maïeutique bourdellienne

En aidant la jeunesse de son temps à comprendre au plus vite des principes qu’il a dû lui-même apprendre dans la solitude de son atelier personnel, le sculpteur affine sa pensée et sa propre connaissance de soi. Considérant avec sévérité l’enseignement artistique, autant que l’art officiel de son époque, il se fait une mission de rénover la création artistique, de poser à travers ses disciples les jalons d’un nouvel ordre créateur. Mais, profondément humaniste et fin psychologue, disciple en cela de Socrate, il considère que l’accouchement des esprits est un préalable nécessaire à la connaissance de soi et, donc, des autres. En choisissant de suivre ce chemin-là plus qu’une voie purement technicienne, Bourdelle se pose en maître spirituel pour des générations d’artistes en quête de vérité plastique.

Chapitre III
La dette artistique des élèves :
un héritage spirituel plus qu’esthétique

Dans son rôle de professeur, Bourdelle n’a pas son pareil pour décupler les forces de son auditoire. L’artiste envisage en effet son rôle sur une longue durée : il ne s’agit pas seulement de former des jeunes gens à la création artistique mais également de les accompagner autant que possible dans leur vie d’artiste. Néanmoins, si la fréquentation du sculpteur est largement revendiquée dans les premières décennies du siècle, il est ensuite souvent difficile d’assimiler stylistiquement un artiste à son ancien maître lorsqu’il s’agit de Bourdelle. Ce pan de l’étude nécessiterait des parallèles fouillés d’une œuvre à l’autre, mais il faut avant tout comprendre, au vu de leur correspondance, de leurs éventuels écrits et de certains de leurs travaux, l’influence esthétique que l’artiste a pu avoir sur les jeunes gens qui ont fréquenté son atelier et dans quelles proportions on peut parler de filiation de l’un aux autres. Dans la mesure où l’enseignement même de Bourdelle prêche l’indépendance, la découverte de soi et la recherche d’une voie esthétique personnelle, la dette contractée par les élèves à l’égard de leur maître apparaît, légitimement, comme plus spirituelle que proprement stylistique.


Quatrième partie
Bourdelle, l’intellectuel


Chapitre premier
Bourdelle et l’écriture :
« une des faces trop ignorées de son génie »

Orateur hors pair, Bourdelle vit avec les mots une véritable histoire d’amour. Ses essais littéraires, ses textes les plus divers sont pour lui l’occasion de livrer autant de facettes de sa personnalité. En outre, connaître les écrits de Bourdelle est le meilleur moyen de comprendre à la fois l’homme et l’artiste qu’il est. Peu à peu conscient lui-même de ce besoin impérieux d’écrire pour vivre, il s’entoure d’écrivains et de penseurs dont la fréquentation enrichit sa culture et affine sa façon de réfléchir. L’écriture devient pour lui un refuge, un exutoire et finalement un but en soi. Perfectionniste, exigeant, Bourdelle ne se contente pas de coucher des pensées désordonnées sur le papier, il cherche encore et toujours la forme idéale, la beauté des mots et des images. La somme de ses écrits, aboutis ou non, définitifs ou simples brouillons, constitue réellement un ensemble particulièrement éclairant.

Chapitre II
L’enseignement comme tremplin de la reconnaissance

Les leçons de la Grande Chaumière accroissent l’influence de Bourdelle, contribuent à lui faire une brillante réputation de pédagogue et, ainsi, attirent un peu plus sur lui l’attention de ses contemporains. Pourtant, rares sont les articles alors strictement consacrés à cet enseignement, seuls les proches de Bourdelle semblent avoir immédiatement pris la mesure de ses exceptionnelles qualités de professeur. Or, quel que soit leur succès, ses œuvres seules n’expliquent pas l’estime et le respect qu’il suscite à la fin de sa vie, le poids que prend sa parole de sculpteur. En favorisant la construction progressive de son discours, entre 1909 et 1929, l’enseignement lui permet d’affiner sa pensée et de trouver les meilleurs moyens de la formuler. Mais il contribue également, en formant des centaines de jeunes gens à ses principes, à diffuser ses idées dans un cercle d’abord restreint puis de plus en plus large. C’est ainsi qu’il devient, outre un pédagogue estimé et sollicité, un intellectuel parmi d’autres.


Conclusion

Riches et foisonnantes, les leçons de la Grande Chaumière constituent un témoignage unique du mode de penser de Bourdelle, de ses orientations esthétiques et éthiques, mais également une œuvre à part entière, un discours à caractère initiatique. Révélateur, sous l’égide de Socrate, de toute une génération, Bourdelle trouvait dans ce don de sa personne et de ses idées sur l’art son plein épanouissement. Pour autant, les corrections de Bourdelle ne sont pas dépourvues d’ambiguïtés et, tandis que l’artiste réfute les partis pris académiques, son enseignement s’en inspire pour partie : sa liberté de ton tranche ainsi avec l’académisme des modèles qu’il suit. Mais, en refusant de suivre les pas de Rodin, il ouvre la voie à toute une génération d’artistes qui ne se reconnaissent pas dans ces œuvres sensuelles : Bourdelle incarne ainsi la volonté de changement, non l’accomplissement réel de ce changement. L’étude de ce qui est communément appelé « leçons de la Grande Chaumière » a donc ouvert de vastes perspectives de recherches, et c’est surtout dans ce qu’elle dévoile des tâtonnements intellectuels de l’artiste qu’elle se révèle particulièrement féconde.


Annexes

Notices biographiques des élèves.― Les renseignements conservés au musée Bourdelle ont permis de dresser une liste non exhaustive des élèves ayant fréquenté l’enseignant Bourdelle. Cette recherche n’a pas toujours été en mesure de préciser si les noms mentionnés sont ceux d’élèves assidus ou de visiteurs ponctuels. À l’exception du détail des œuvres et des expositions, tous les renseignements trouvés sur chacun sont ici rapportés, dans une approche plus factuelle qu’analytique. Parfois succinctes, ces informations sont à étoffer ultérieurement, en particulier en ce qui concerne l’influence de Bourdelle sur l’œuvre de ces jeunes artistes. Certains élèves, plus connus aujourd’hui, font l’objet d’une notice assez sommaire. Tous les documents conservés au sein des archives du musée Bourdelle se rapportant aux élèves mentionnés, ainsi qu’une bibliographie indicative, sont indiqués.

Édition des cours et des leçons.― Les séances que Bourdelle consacre à l’Académie de la Grande Chaumière sont généralement divisées en deux temps bien distincts : les corrections proprement dites des travaux de ses jeunes élèves et la lecture de leçons préparées à l’avance. En 1909 et 1910, le sculpteur assure hebdomadairement la fonction de professeur de sculpture, accompagné d’un secrétaire qui transcrit tous ses conseils et les autres propos spontanés : ce sont les cours. La préparation des leçons est plus irrégulière mais elles sont réparties sur plusieurs années, de 1909 à 1922, avec une plus ou moins grande fréquence. L’intégralité de ces textes sont édités, avec une stricte répartition entre les cours et les leçons et en respectant la chronologie. Cette édition est complétée par trois index : index nominum, index locorum et index rerum.

Edition de correspondances.― Bourdelle rencontre au fil des années de nombreux jeunes gens et jeunes femmes, ses élèves, qui éprouvent généralement à son encontre une profonde admiration. Ils sont nombreux à lui écrire ; les lettres les plus intéressantes, les plus significatives de leurs relations sont intégralement éditées ici. Cette correspondance extraordinairement riche constitue un témoignage précieux sur les liens que le maître noue avec ses élèves et sur l’intimité qui s’instaure entre eux. Son édition est précédée par celle d’un ensemble de lettres qui témoignent de l’intérêt manifesté par Bourdelle pour la conservation de ses leçons et de ses projets à leur sujet. Ces sept lettres légitiment à elles seules la démarche entreprise ici, dans la mesure où elles démontrent, s’il était besoin, la grande attention portée par le maître à son enseignement et à sa traduction manuscrite.

Iconographie.― Cet ensemble est complété par la reproduction d’une centaine d’illustrations, où se mêlent une majorité de photographies d’époque, quelques reproductions de sculptures de Bourdelle et de nombreux dessins. Aucune répartition typologique n’a été faite, le volume s’articule autour de trois thèmes : la biographie du sculpteur, le regard qu’il porte sur son enseignement et ses relations avec ses élèves, le cœur du volume étant constitué par les nombreuses photographies prises entre 1909 et 1929 de l’atelier de la Grande Chaumière. La majorité de ces documents sont conservés à Paris, au sein du musée Bourdelle ; ils sont complétés par quelques photographies, dessins et sculptures provenant du musée Ingres et du musée Rodin.