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École des chartes » thèses » 2001

Culte et iconographie de saint André en France (ve - xve siècle)


Introduction

L’étude du culte et de l’iconographie de l’apôtre André au Moyen Âge n’a jamais été envisagée de manière globale. Les historiens se sont le plus souvent intéressés à un aspect spécifique du sujet. Or, l’Église romaine a toujours manifesté une dévotion particulière au frère de Pierre, crucifié comme le Christ. Au Moyen Âge, plusieurs contrées le désignent comme leur saint patron, de la Grèce à la Russie, en passant par l’Écosse et la Bourgogne. En France, l’expansion de son culte s’est accompagnée d’un développement iconographique considérable. Réciproquement, les images qui mettent en scène l’apôtre ont elles-mêmes alimenté et soutenu cette expansion.

C’est pourquoi il convient, dans un premier temps, d’approfondir les principaux aspects de la dévotion à saint André, en interrogeant les sources littéraires comme liturgiques et en étudiant la diffusion du toponyme et du prénom André dans l’espace français au Moyen Âge, avant d’insister sur les manifestations politiques de son culte en Bourgogne, dont saint André fut le patron au xve siècle. Dans un second temps, les représentations de l’apôtre seront analysées à la lumière des sources écrites, afin de dévoiler la richesse de cette iconographie et de déterminer la part des apports proprement artistiques ou iconographiques. Un point, en particulier, doit retenir l’attention, l’attribut du saint, dont la forme originale ­ une croix en X ­ soulève bien des problèmes complexes et a fait l’objet de nombreuses controverses. L’objectif de cette étude est ainsi de contribuer à mieux intégrer l’iconographie dans l’histoire religieuse et artistique.


Sources

Les sources utilisées sont de deux natures, textuelles et iconographiques. Pour bien saisir la signification des représentations de l’apôtre au Moyen Âge, les sources littéraires qui ont participé à l’élaboration de sa légende (Actes apocryphes, légendes abrégées, sermons, théâtre…) ont fait l’objet d’un bilan. L’étude des manifestations du culte en France, quant à elle, a pu être menée à partir des sources imprimées dont nous disposons aujourd’hui: dictionnaires généraux, dictionnaires topographiques, pouillés...

En ce qui concerne les images, les enluminures constituent la base de notre corpus pour deux raisons. L’abondance et la qualité de conservation des enluminures permet de mener une enquête plus systématique sur l’iconographie de saint André à travers les siècles. Par ailleurs, la proximité entre l’image et le texte qu’elle illustre facilite non seulement le déchiffrement du texte, mais encore celui de l’image elle-même. D’autres formes d’art (sculptures, vitraux, peintures…) ont été citées à titre de comparaison.

Cette recherche s’inscrit dans le cadre d’une aire géographique précise, la France ­ même si des comparaisons avec les pays voisins ont été nécessaires, le cas échéant ­, et dans un cadre chronologique large, l’époque médiévale, qui a été parfois dépassé, notamment pour interroger les premiers témoignages de l’Antiquité chrétienne ou les écrits de l’époque moderne.


Première partie
Le culte de saint André


Chapitre premier
Les sources textuelles

Les sources textuelles, dont la circulation assure la diffusion du culte d’un saint, constituent la base de tout dossier hagiographique. Dans le cas présent, elles se distinguent non seulement par leur abondance, mais encore par leur caractère exclusivement apocryphe. La Bible ne livre en effet aucun renseignement sur l’apostolat d’André après la Pentecôte.

Les Actes apocryphes d’André — Primitivement rédigés en grec entre 150 et 200, sans doute à Alexandrie, les Actes d’André constituent une œuvre originale indépendante, mais ils ne nous sont pas parvenus intégralement. Plusieurs types de témoins permettent de reconstituer au moins partiellement les Actes d’André.

Les versions latines de la légende — Le principal témoin des Actes grecs est Grégoire de Tours, auteur d’un Liber de miraculis beati Andreae apostoli. Ce recueil de miracles, qui a connu une grande diffusion en Occident, est au fondement de toutes les légendes qui ont circulé sur saint André. Deux autres récits composés au vie siècle, l’Épître des prêtres et diacres d’Achaïe et Conversante et docente, ont fait connaître en détail la passion de l’apôtre à Patras, sous le proconsul Égée. Eux aussi dépendent des Actes d’André. Par ailleurs, la rédaction et la circulation de listes latines d’apôtres au haut Moyen Âge ont assuré la diffusion de renseignements d’ordre biographique sur saint André. Au xiiie siècle, l’apparition de légendiers abrégés a certes contribué à rendre quelques épisodes populaires, mais n’a guère renouvelé la légende du saint.

Chapitre II
Le culte liturgique

Les mentions de saint André au calendrier — La fête de saint André, célébrée au 30 novembre, est apparue à une date très ancienne en Occident, au ive siècle, comme l’atteste l’examen des principaux manuscrits liturgiques légués par le haut Moyen Âge. Elle revêtait une grande importance, car elle était précédée d’une vigile et suivie d’une octave et fut bientôt accompagnée de la mention «duplum». En outre, l’Église commémorait la translation de sa dépouille à Constantinople, en 357, à la date du 9 mai. Saint André était également invoqué en bonne position dans diverses formules liturgiques, qui témoignent de l’ampleur prise par son culte en Occident.

Structure de l’office de saint André et sermons pour sa fête — L’office prononcé le jour de la Saint-André se composait de plusieurs lectures empruntées à l’Épître des prêtres et diacres d’Achaïe et à l’homélie V de saint Grégoire sur l’Évangile. Les nombreux sermons composés en l’honneur d’André, quant à eux, mettaient l’accent sur la vocation et le martyre d’André. Les théologiens s’efforçaient de resserrer les liens qui unissent Pierre et André et célèbrent l’amour que portait André à la croix du Christ, qu’il désira de toute son âme.

Chapitre III
L’hagiotoponymie

Saint André dans la toponymie gauloise au haut Moyen Âge — Les diverses mentions de reliques ou d’édifices dédiés à l’apôtre André au haut Moyen Âge s’inscrivent, pour la plupart, dans l’aire de développement de la piété martyriale au V e siècle. Parti des régions méditerranéenne et bourguignonne, son culte s’est répandu vers l’ouest et le nord de la Gaule.

Saint André dans la toponymie au Moyen Âge — Le vocable Saint-André s’est assez largement diffusé sur le territoire français. Les départements qui possèdent un taux élevé de toponymes Saint-André se situent au sud de la ligne Eu-Genève: l’Aude, le Gard, l’Hérault, l’Ardèche, la Sarthe, l’Isère et l’Ain. L’aire de développement du culte de saint André recouvre ainsi les provinces du Languedoc et du Dauphiné (Viennois), qui possèdent plusieurs édifices anciennement dédiés à saint André. Le vocable Saint-André a pu pénétrer en France par la Méditerranée, à la faveur des échanges avec l’Orient, pour remonter ensuite le long de l’axe rhôdanien.

Chapitre IV
L’anthroponymie

Le prénom André, d’origine grecque, est passé dans l’hagiographie chrétienne grâce à l’apôtre André. C’est pourquoi il s’est diffusé dès l’Antiquité tardive. Toutefois, il n’a guère bénéficié de la promotion des prénoms chrétiens au Moyen Âge central et a été peu plébiscité par les fidèles, malgré une légère progression à la fin de la période médiévale.

Chapitre V
Aspects politiques du culte de saint André en Bourgogne au xve siècle

Les origines du culte de saint André en Bourgogne — Plusieurs facteurs contribuent à expliquer le choix du patronage de saint André par le duc Jean sans Peur: le contexte politique troublé par le conflit franco-anglais et les guerres intestines, la valeur emblématique de la croix à la même époque et le prestige dont l’apôtre était auréolé dans l’Orient des croisades. Mais les historiographes bourguignons qui ressentaient le besoin de justifier ce choix politique ont forgé des traditions en vue d’établir l’ancienneté de la dévotion à saint André dans le duché. Celles-ci s’articulent autour de deux récits légendaires: la translation de reliques de saint André par le roi burgonde Étienne et les origines scythes du peuple burgonde.

Les aspects variés du culte de saint André en Bourgogne — Sous Jean sans Peur, la croix de saint André a cristallisé nombre de passions identitaires. Devenue le signe de ralliement des partisans bourguignons, elle fut rapidement érigée au rang d’emblème dynastique. Philippe le Bon puis Charles le Téméraire contribuèrent, quant à eux, à officialiser le culte de saint André en Bourgogne, en plaçant l’ordre de la Toison d’or sous le double patronage prestigieux de la Vierge et de l’apôtre André et en reprenant son effigie sur leurs monnaies et sur leurs étendards militaires. De ce fait, la double figure du saint et de sa croix devint une composante essentielle de la représentation de la maison de Bourgogne, étroitement liée à la célébration de la gloire des ducs.


Deuxième partie
’iconographie de saint André


Chapitre premier
Les rapports entre le texte et les images

Le texte et sa traduction picturale — Les faits saillants de la vie de saint André mis en image et proposés à l’édification des fidèles sont empruntés aux récits de sa vocation, de ses miracles et de son martyre. Les premiers témoignages figurés attestés concernent sa vocation et sa passion. Plusieurs cycles illustrés racontent la vie de l’apôtre, mais le manque de place dans les manuscrits contraignait plus souvent les enlumineurs à résumer le contenu du texte en une seule image. La difficulté était alors de montrer la succession de plusieurs événements sur une représentation unique. Plusieurs solutions s’offraient aux artistes pour adapter visuellement le récit: si les images «monoscéniques» n’illustraient qu’un passage du texte en insistant sur une seule action, par exemple la vocation ou les miracles d’André, les images «biscéniques» et «synthétiques», en revanche, offraient la possibilité de représenter simultanément plusieurs moments de l’histoire et, éventuellement, de suggérer un enseignement spirituel, à travers l’emploi d’une syntaxe plus élaborée : par exemple, la crucifixion d’André. Plusieurs critères pouvaient conditionner les choix iconographiques des enlumineurs, en particulier des exigences de lisibilité dans le cas des illustrations à caractère hagiographique, mais leur liberté s’exerçait chaque fois que cela était possible, ainsi qu’en témoignent les variantes et les innovations iconographiques.

L’insertion de l’image au sein du récit — L’illustration accompagnait le texte pour jeter un éclairage sur son contenu. Dans le cas de saint André, deux schémas d’illustration ont été employés: le plus fréquemment, les images de saint André étaient placées à l’ouverture du texte de sa légende ou de sa fête, afin d’en annoncer la teneur; mais la volonté de souligner la structure du récit pouvait aussi conduire à y insérer d’autres miniatures. Dans les manuscrits, l’ordre dans lequel se succédaient les différentes pièces du livre déterminait l’emplacement réservé aux images de saint André. Cependant, sa qualité d’apôtre et la coïncidence de sa fête avec le début de l’Avent conduisaient parfois les enlumineurs à lui réserver une place particulière et une mise en page somptueuse à l’intérieur des manuscrits.

Chapitre II
Approche thématique de l’iconographie de saint André

Saint André et le collège apostolique — Représenté très tôt dans l’art, saint André a reçu des traits physiques bien individualisés qui rendent plus aisée son identification dans les images. Son portrait était chargé de refléter la signification étymologique de son nom : «virilis». C’est pourquoi, à l’époque paléochrétienne, de petites mèches en forme de flammes, symboles de virilité, de puissance, se dressent sur sa chevelure. Au Moyen Âge, cette caractéristique, d’origine italo-byzantine, s’est cantonnée aux régions méridionales de l’Europe, tandis que les artistes français ont préféré figurer saint André sous les traits d’un vieillard vénérable portant une barbe et une chevelure blanche abondante. Le choix de ses vêtements et de ses attributs, quant à lui, relevait du domaine des conventions iconographiques. Habituellement revêtu d’une longue tunique, saint André a été doté de trois attributs: l’auréole qui indique sa sainteté, le Livre qui garantit son statut d’apôtre porteur de la Parole divine et la croix de son supplice qui l’individualise entre tous les apôtres et saints.

Au sein du collège apostolique, André pouvait donc être identifié avec certitude. En dehors de sa vocation, les scènes où il joue un rôle actif sont peu nombreuses dans l’iconographie biblique; cependant, dès le xiiie siècle, les trois figures de Pierre, Paul et André, bien individualisées, commencent à occuper le premier rang dans les représentations du collège apostolique. André, que l’iconographie rapproche fréquemment de son frère Pierre, va jusqu’à disputer à Paul la place d’honneur auprès de Pierre ou du Christ.

Scènes narratives empruntées à la légende — Le Liber de miraculis beati Andreae apostoli de Grégoire de Tours constitue la principale source littéraire concernant les miracles accomplis par saint André jusqu’au xiiie siècle. L’apparition de légendiers abrégés ne semble toutefois pas avoir été à l’origine d’un renouvellement de l’iconographie du saint, et le répertoire des miracles illustrés n’a guère varié au cours du Moyen Âge. Ses hauts faits se répartissent en trois catégories principales: guérisons, résurrections et exorcismes. Dans l’ensemble, les artistes ont transposé fidèlement les sources écrites, malgré quelques exceptions. Afin d’exprimer l’instant essentiel du miracle et la lutte constante entre le bien et le mal, ils ont employé divers procédés narratifs qui confèrent aux images des miracles une double dimension, narrative et symbolique. Leur iconographie se rattache à un modèle commun, celui de la Bible. A travers ses miracles, de même qu’à travers sa Passion, saint André reproduit les gestes fondamentaux du Christ et réactualise l’histoire chrétienne du Salut.

Quant aux représentations de la Passion d’André, elles appartiennent au répertoire classique de l’hagiographie picturale. Une scène, néanmoins, se distingue par son originalité et sa valeur d’exemplum, celle du saint en adoration devant la croix de son supplice. Elle revêt une importance particulière au xve siècle, au moment où le fidèle affiche une dévotion plus intériorisée et cherche à établir un contact direct avec Dieu. Les artistes, comme les théologiens, insistent sur l’amour que l’apôtre portait à la croix du Christ, et sur son désir ardent de le rejoindre. C’est pourquoi la crucifixion de saint André est, de loin, l’épisode de sa vie qui a été le plus illustré et enrichi de détails en vue de condenser en une seule image plusieurs moments de la narration. Les illustrateurs se sont, en particulier, efforcés d’accentuer les contrastes, d’une part entre Égée et l’apôtre, d’autre part entre les bourreaux et l’apôtre. A la fin du Moyen Âge, cette scène acquiert un caractère dramatique, pathétique, à l’instar de la crucifixion du Christ.

Scènes non narratives — Cette dernière catégorie englobe toutes les images qui mettent en scène saint André, accompagné ou seul, sans apporter d’indications biographiques, donc narratives. Parmi celles-ci, les scènes d’offrande ou de dédicace à saint André, qui constituent de véritables manifestes de dévotion, renseignent sur le culte dont l’apôtre faisait l’objet à l’époque médiévale. Aux derniers siècles du Moyen Âge se développent, en accord avec la spiritualité de l’époque, d’autres types d’images de dévotion, les images dites «contemplatives», où un laïc est représenté agenouillé, en prière devant saint André. Elles permettent d’instaurer une sorte de dialogue privé entre le fidèle et son protecteur céleste, tout en manifestant le statut social élevé du premier. Jean de Berry et Philippe le Bon, qui honoraient particulièrement saint André, ont fait exécuter de telles images, dans lesquelles le déploiement d’une rhétorique picturale vise à créer une sorte d’aura autour de l’apôtre. Les mêmes princes avaient également coutume de recourir à la médiation de l’apôtre auprès de la Vierge, devenue l’agent universel de toutes les requêtes privées à cette époque. Dans plusieurs scènes de dévotion à la Vierge, saint André joue ainsi le rôle d’intercesseur.

Les nombreux portraits de saint André, qui se distinguaient par leur caractère à la fois lisible, fonctionnel et symbolique, se prêtaient, eux aussi, à la contemplation et à la vénération des fidèles, tout spécialement à la fin du Moyen Âge, dans les manuscrits commandés par la famille Rolin au service du duc de Bourgogne. Fait remarquable, saint André est systématiquement accompagné de son instrument de martyre dans ces portraits, si bien qu’il passe pour l’«apôtre à la croix».


Troisième partie
La croix de saint André


Chapitre premier
Historique des recherches

La forme de la croix de saint André, en X, a longtemps été l’objet de spéculations historiques et artistiques et a suscité de nombreuses controverses auxquelles ont pris part des historiens de l’art. Dissertant sur l’origine du motif en X dans l’art français, les uns y ont vu un arbre bifurqué à la souche, les autres un symbole du chi-rhô. Quant à la date de l’apparition du motif, elle est tout aussi controversée. Une miniature du Tropaire d’Autun, du premier quart du xie siècle, constituerait pour certains la première représentation de saint André crucifié sur une croix en X, tandis que, pour d’autres, il s’agirait d’une sculpture de Saint-André de Bâgé (Ain), du xiie siècle ou d’une miniature de la Légende dorée, vers 1300. En revanche, la plupart des auteurs s’accordent sur l’époque à laquelle ce motif a pris sa forme définitive, entre la fin du xive siècle et le XV e siècle.

Chapitre II
Le motif en X

Date de l’apparition de la croix en X — Au Moyen Âge, les artistes semblent avoir eu le choix entre des croix de formes très diverses pour représenter l’instrument du martyre de saint André. Son attribut définitif, la croix en X, est apparu tardivement dans l’art occidental, dans le courant du xiie siècle, comme en témoigne une sculpture provenant des fonts baptismaux de l’église de Cottam, en Grande-Bretagne. Il se multiplie ensuite au xiiie siècle, avant de se généraliser à la fin du Moyen Âge, supplantant ainsi les autres formes de croix.

Aire géographique de l’apparition de la croix en X — Le motif en X semble s’être diffusé précocement dans les régions du nord de l’Europe: Grande-Bretagne, Flandre et France du Nord, tandis que le sud de la France, l’Allemagne et l’Italie n’ont guère été concernés par cette nouveauté iconographique. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces différences géographiques. D’une part, l’Écosse, dont saint André était le patron, a adopté à une date ancienne ce motif. Présent sur les armoiries et les sceaux écossais, comme dans les psautiers enluminés en Grande-Bretagne, ce motif a pu être diffusé d’abord dans le nord du continent, à la faveur de la circulation des artistes et des œuvres. D’autre part, il est intéressant de constater que la figure héraldique du sautoir, constituée dès la fin du XII e siècle par l’armature du bouclier, s’est répandue de façon précoce dans les mêmes régions qui ont adopté la croix en X.


Conclusion

L’examen des formes de la vénération dont saint André a été l’objet durant la période qui s’étend du ve au XV e siècle permet d’apprécier la place qu’occupe le culte de cet apôtre dans l’histoire du culte des saints. Au sein du collège apostolique, saint André est l’un des premiers apôtres à bénéficier des plus grands honneurs. En Gaule, les développements de son culte se sont inscrits dans le cadre de la dévotion martyriale. Très vite, il a pris des proportions importantes, dont témoignent aussi bien les sources liturgiques que les dédicaces d’églises. Seul le prénom André ne semble avoir connu qu’un succès relatif. A la fin du Moyen Âge, le patronage de saint André sur la Bourgogne, s’il a donné un nouvel essor à son culte, a aussi entraîné son exploitation à des fins politiques, les Bourguignons s’étant identifiés massivement à saint André.

Les représentations de saint André ont été analysées à la lumière des textes, par le biais d’une typologie des différentes scènes illustrées, en mettant l’accent sur les aspects originaux, mais aussi sur les constantes qu’explique le poids des traditions iconographiques. L’exemple de saint André démontre combien les choix iconographiques s’opéraient en fonction d’exigences de lisibilité dictées par la volonté de l’Église d’édifier les fidèles.

L’étude du culte et de l’iconographie de saint André constitue une bonne illustration des rapports étroits qui unissent les domaines de l’histoire religieuse et de l’iconographie. De nombreuses correspondances entre les thèmes évoqués au cours des sermons et les représentations artistiques ont ainsi été décelées. Mais c’est la croix de saint André qui se situe exactement au carrefour de ces deux domaines: non seulement elle a été employée comme emblème par les Bourguignons au xve siècle et a suscité l’attention des théologiens, au Moyen Âge comme à l’époque moderne, mais encore les artistes l’ont soumise à des variations multiples, qui montrent comment ils ont réélaboré d’une façon originale les sources hagiographiques et les traditions iconographiques.


Annexes

Liste des miracles rapportés par Grégoire de Tours. ­ Transcription d’un miracle inédit de saint André (Paris, Ars. 3706, fol. 9-10). ­ Tableaux: composition des principaux cycles illustrés sur la vie de saint André; répartition chronologique des différentes formes de la croix de saint André au Moyen Âge. ­ Schéma: variété des configurations de la croix du Christ.


Illustrations

Deux cent quarante-huit reproductions, classées par lieux de conservation, avec notices abrégées.