Gentile da Foligno, médecin et universitaire du xive siècle
Étude et édition critique du commentaire au Canon d’Avicenne (3, 11, 1).
Introduction
Gentile da Foligno, dit le Spéculateur, est l’un des plus grands médecins scolastiques du xive siècle. Attiré à la fois par la recherche spéculative et la pédagogie, il est également lié aux milieux humanistes. Malgré son prestige, l’homme reste mal connu, et ses œuvres relativement peu étudiées. Cette double lacune de l’histoire des sciences incite à envisager non seulement la vie, mais aussi les textes du maître. Pour cela, l’enquête repose sur l’édition critique du commentaire au premier traité de la fen (chapitre) 11 du livre 3 du Canon d’Avicenne, présentant le cœur et ses maladies. Sur un sujet aussi important et débattu, Gentile pouvait montrer son originalité, tout en restant dans le cadre imposé par le genre du commentaire.
Première partieBiographie et commentaire
Chapitre premierEtat des sources
Les archives italiennes livrent peu de renseignements sur la vie de Gentile da Foligno. Outre quelques actes épars, le fonds le plus
utile est celui de l’Ospedale Santa Maria della Misericordia de Pérouse, qui renferme plusieurs documents produits par Francesco, fils de
Gentile. Les manuscrits des œuvres du médecin se sont révélés bien plus utiles. Leurs colophons, de même que les informations contenues
dans les textes, ont permis de faire quelques découvertes sur la vie du maître. De plus, un manuscrit autographe, le Vat. lat. 4459 de la
Bibliothèque du Vatican, a beaucoup apporté à la connaissance des méthodes de travail de l’universitaire.
Ont été également utilisés
les textes littéraires et les chroniques mentionnant des événements de la vie de Gentile. En raison de sa renommée, il n’est pas étonnant
que des anecdotes le concernant aient été rapportées, par exemple dans le Libellus de ornamentis Padue de Michele
Savonarola (v.1384-ap. 1466). Il n’est cependant pas possible de se fier totalement à des sources qui manquent nécessairement
d’objectivité. Enfin, jusqu’à une date récente, aucune tentative n’avait été faite pour connaître en détail la vie et l’œuvre du médecin.
Après quelques ouvrages d’érudits de la fin du xixe siècle (M. Faloci Pulignani, G. Girolami), les historiens de la
médecine ont fait un usage extensif des œuvres du Spéculateur, y cherchant ponctuellement des exemples représentatifs de la médecine
scolastique. Malgré deux récentes études (L. Ceccarelli, R. French), la vie de Gentile da Foligno n’a jamais été abordée au travers de ses
œuvres et de ses manuscrits.
Chapitre IIBiographie
Naissance et formation. Si la date de naissance de Gentile da Foligno n’est pas connue, il est possible de la placer
vers 1280-1290. Il appartient donc à la génération suivant celle de Dino del Garbo et Mondino dei’Liuzzi, élèves de Taddeo Alderotti, tous
deux nés avant 1270. Son père était lui-même médecin et appartenait à une famille aisée de Foligno. Il n’est pas évident de déterminer qui
a été le principal maître de Gentile. Plutôt que Taddeo Alderotti ou Pietro d’Abano, dont les noms ont été avancés, il semble plus
judicieux de penser qu’il a, au moins en partie, suivi l’enseignement de Dino del Garbo, auprès duquel il se trouvait à Sienne, au début
des années 1320.
L’universitaire et ses liens avec la médecine scolastique. La première apparition de Gentile da Foligno dans la
documentation date de 1322. Il est alors un jeune professeur à l’université de Sienne, où il reste jusqu’en octobre 1324. Engagé par
l’université de Pérouse en décembre 1325, il y enseigne au moins deux ans. De 1327 à 1338, il n’est pas possible de savoir si Gentile a
enseigné à Pérouse ou ailleurs, les sources de cette période ayant disparu. Le médecin réapparaît en 1338, comme professeur à Pérouse ; il
le reste jusqu’à sa mort en 1348. La carrière de Gentile apparaît donc, malgré quelques zones d’ombres, très liée à l’université de
Pérouse. Or c’est à cette époque que s’y développe un studium generale, créé en 1308. Nul doute que le prestige du
médecin a contribué à son succès, illustré par la présence de brillants étudiants. L’enseignement de Gentile peut être déduit des statuts
de l’université, qui datent de 1366 et reprennent presque intégralement ceux de la faculté de médecine de Bologne, alors la plus
prestigieuse d’Italie.
Cette importance de l’enseignement dans la carrière du médecin explique le nombre important de ses élèves.
Outre Francesco da Foligno, qui prend la succession de son maître à la faculté de médecine de Pérouse en 1351, pour y rester jusqu’en 1372
au moins, il convient de mentionner Tommaso del Garbo (mort en 1370). Fils de Dino del Garbo, il enseigne à Bologne à partir de 1364, et
n’hésite pas à contredire son ancien maître, lui préférant son père ; il est le seul des élèves de Gentile à avoir produit des textes
médicaux d’importance.
Gentile de Foligno semble avoir été lié aux milieux de l’humanisme naissant. Correspondant de Cino da Pistoia,
poète et juriste ami de Dante, il avoue dans son commentaire au Canon avoir lui-même composé des poèmes en langue
vulgaire, poèmes dont il ne reste malheureusement aucune trace. Il fait également preuve d’une bonne culture classique, en accord avec les
intérêts de son temps ; par exemple, il cite régulièrement Apulée, dont on connaît le succès dans l’Italie du premier XIV e siècle. En revanche, le recours ponctuel à des traducteurs hébreux et arabes montre sa méconnaissance de ces deux langues, ce
qui s’explique par l’absence d’un véritable intérêt philologique pour l’histoire des textes médicaux.
Le médecin. La pratique médicale de Gentile da Foligno n’est pas toujours facile à cerner. Elle est attestée par
l’exemple des consilia, ces courts textes adressés à un patient particulier, et dont il est l’un des premiers à
généraliser la pratique. Sa clientèle est généralement assez aisée, et principalement située en Italie centrale. Le plus connu de ses
patients est Ubertino de Carrare, maître de Padoue de 1338 à 1345. Bien qu’il ait été avancé qu’il ait pu être en outre le médecin du pape
Jean XXII, aucun document ne l’atteste.
L’intérêt de Gentile pour des questions autres que théoriques se manifeste aussi par son
utilisation de l’anatomie. De nombreuses expériences de dissections sont citées pour appuyer ses démonstrations scolastiques. Il émet de
plus l’idée qu’en matière d’anatomie l’expérience peut apporter une preuve certaine : une telle conception est destinée à un grand avenir.
La réputation de Gentile est donc en partie due à ses succès de praticien, mais sa postérité jusqu’au milieu du xvie
siècle est avant tout liée à sa production écrite.
La famille. Gentile a eu quatre fils, mais tous semblent être morts sans descendance masculine, ce qui infirme la
théorie faisant de deux de ses enfants l’origine des Gentili de Pérouse et de ceux de Foligno. La richesse de Gentile, qui est fait
citoyen de Pérouse, est remarquable. Elle est constituée essentiellement de terres et de maisons dans les deux principales villes
d’Ombrie, Foligno et Pérouse. L’essentiel de la fortune de Gentile da Foligno revient, peu après sa mort due à la Peste noire (18 juin
1348), à son seul fils survivant, Francesco.
Chapitre IIILes œuvres de Gentile da Foligno : tentative de recension
Typologie formelle. Gentile da Foligno a illustré tous les genres de la littérature médicale scolastique du Moyen Âge.
Outre son exposition sur le Canon d’Avicenne, il a commenté certains Aphorismes d’Hippocrate ou encore
le premier livre du Tegni de Galien, ouvrages devenus classiques pour les médecins italiens du xive
siècle. Les questiones sont, quant à elles, le produit des méthodes développées dans les universités médiévales. En
effet, de longues disputationes orales opposaient régulièrement les maîtres. Si certaines des questions mises sous le
nom de Gentile da Foligno portent la trace de ces débats, nombre d’entre elles sont plutôt des traités rédigés sous la forme d’une disputatio. Ils se rapprochent alors des nombreux traités indépendants de Gentile, qui se rapportent généralement à des
sujets pour lesquels la question scolastique ne semblait pas le moyen de présentation le plus approprié : c’est le cas pour la
pharmacologie ou pour l’étude de maladies particulières. Enfin, l’aspect pratique de son œuvre est composé essentiellement de consilia, de recettes de médicaments mais aussi de quelques regimina, traités d’hygiène adressés à un client
particulier. Néanmoins, le nombre relativement faible de ces ouvrages montre l’orientation plus universitaire et pédagogique de la
carrière médicale de Gentile : il est avant tout un enseignant-chercheur soucieux de l’avancée de sa science et de la transmission de son
savoir.
Sujets, centres d’intérêt et influences. Gentile da Foligno utilise l’ensemble des textes disponibles en traduction
latine dans l’Italie du xive siècle. Il connaît très bien les auteurs grecs, byzantins et arabes, mais n’hésite pas à
recourir à des auteurs plus contemporains. Réunies à la Renaissance dans un ouvrage de Questiones et Tractatus
extravagantes, les questions sont souvent pour lui l’occasion d’appliquer une méthode “ historique ”, par laquelle il indique
toutes les réponses avancées par ses prédécesseurs, et propose ensuite sa propre solution. La mention de nombreux maîtres, qui
interviennent par le biais de lettres, et des controverses de son temps illustrent l’importance et l’activité du milieu médical italien de
la première moitié du xive siècle ; il semble en revanche qu’il n’ait eu qu’une connaissance superficielle des auteurs
médicaux d’autres parties de l’Europe. De nombreux manuscrits et éditions attestent le succès des œuvres de Gentile da Foligno. Pendant
près de deux siècles, ses textes sont copiés, édités et lus, et certains d’entre eux connaissent un énorme succès, comme les questions sur
le sujet essentiel des fièvres. Le manuscrit Vat. lat. 2470 est assez caractéristique de cette diffusion : copié au milieu du XVe siècle, il contient vingt-neuf traités du maître.
Chapitre IVLe commentaire au Canon d’Avicenne de Gentile da Foligno
Le commentaire au Canon : aspects généraux. Le Canon, œuvre du philosophe et
médecin persan Avicenne (980-1037), est une encyclopédie médicale en cinq livres qui connaît très vite un grand succès. Traduit en latin
au xiie siècle par Gérard de Crémone, il devient à partir de la fin du xiiie siècle la base de
l’enseignement dans les universités. Plusieurs commentaires sont entrepris, notamment par Taddeo Alderotti, Dino del Garbo ou Mondino
dei’Liuzzi. Gentile est cependant le premier à en traiter presque toutes les parties. La rédaction de ce commentaire gigantesque s’étend
sur toute la vie du maître. Il a semble-t-il commencé par exposer les fen 11 à 22 du livre 3, qui traitent des maladies rapportées à
chaque organe ; le premier chapitre commenté est donc celui qui concerne le cœur (fen 11). Il s’intéresse ensuite aux livres
pharmacologiques (2 et 5), puis au début du livre 3 et au livre 1, sur la médecine en général, pour terminer, à la fin de sa vie, par
l’explication de la fen 1 du livre 4 sur les fièvres. Une telle entreprise s’adresse d’abord aux étudiants en médecine désireux de mieux
comprendre le texte parfois obscur du Canon, ce qui explique l’absence de commentaire pour certains passages non étudiés
dans les universités italiennes. Il ne s’agit cependant pas de la simple mise par écrit d’un cours, mais plutôt d’une œuvre pensée et
construite, peut-être à partir d’éléments d’une lectio.
Le commentaire de Gentile da Foligno au Canon connaît très vite un large succès. Quarante-neuf manuscrits contenant une partie de ce texte ont pu être recensés ; leur
étude montre une diffusion homogène au cours des xive et xve siècles, avec une prédominance pour
l’Italie et, dans une moindre mesure, l’Allemagne. La partie la plus diffusée est celle sur les fièvres (livre 4, fen 1), contenue dans
dix-huit manuscrits ; suivent les commentaires à diverses parties des livres 1 et 3. Onze éditions paraissent entre 1476 et 1523, dont
cinq complètes. Les six premières, de 1476 à 1488, reproduisent la présentation des manuscrits et ne proposent qu’une partie du
commentaire, sans fournir le texte du Canon. Avec les éditions suivantes se produit un changement capital, puisque le
texte du commentaire est désormais considéré comme un tout et est édité de manière complète. Cette modification continue aujourd’hui
d’affecter notre perception d’un texte qui ne doit pas être considéré comme monolithique, mais comme l’assemblage tardif, et parfois
hétéroclite, de divers commentaires ayant chacun des méthodes et des objectifs propres.
Le commentaire à la fen 11 du livre 3. La partie du commentaire éditée ici (livre 3, fen 11) date du début des années
1320, et son authenticité ne fait aucun doute ; il s’agit du chapitre commenté en premier par Gentile da Foligno, ce qui montre
l’importance qu’a pour lui le sujet du cœur.
Parmi les sources du texte, la plus fréquente est Avicenne. Galien, Aristote et Averroès
sont également très régulièrement mentionnés. Ces quatre auteurs rassemblent à eux seuls 86% des citations du commentaire au premier
traité de la fen 11. Averroès est toutefois à distinguer des trois autres. Si son ouvrage médical, le Colliget, est le
plus souvent utilisé pour confirmer une théorie, Averroès est également régulièrement critiqué pour son manque d’expérience en matière
médicale. Gentile reprend ici les habituels reproches faits au philosophe cordouan, sans parvenir à minimiser le caractère novateur des
théories de ce dernier : la moquerie envers le piètre médecin masque mal la gêne provoquée par des remises en question fondamentales. Est
à noter enfin la très faible proportion des auteurs latins contemporains : outre une citation de saint Thomas, l’auteur le plus récent
cité dans le commentaire à la fen 11 est Pietro d’Abano, utilisé une fois mais sans que son nom soit mentionné.
Parmi les principaux
sujets traités dans ce commentaire figure l’anatomie du cœur, que Gentile aborde par l’intermédiaire de la question scolastique,
démontrant ainsi qu’habitudes universitaires et aspects pratiques ne sont pas nécessairement incompatibles. Un des principaux points de
débat est celui de la connaissance des causes du mouvement du cœur. Ce sujet est débattu dès Aristote et Galien, qui proposent tous deux
une solution peu claire. Aristote soutient l’idée selon laquelle le mouvement du cœur est le résultat d’un processus mécanique
d’ébullition du sang, ne faisant intervenir aucune faculté du corps, et pouvant être qualifié de violent. Cette idée est reprise au début
du xiie siècle par Alfred de Sareshell, puis critiquée par Thomas d’Aquin. Gentile da Foligno reprend complètement le
problème, et propose une solution originale s’éloignant de l’interprétation d’Aristote et faisant du mouvement du cœur un mouvement
naturel. Sans doute à la même époque, Pietro Torrigiano, dans son commentaire au Tegni, revient à l’explication
d’Aristote, qu’il développe et complète. Gentile rédige alors une très longue question sur le sujet, rejetant tous les arguments du
médecin florentin. Si cet opuscule permet à Gentile de présenter de manière parfaite sa théorie, sa faible diffusion montre le peu de
succès de cette réfutation.
Chapitre finalConclusion
L’étude d’un médecin scolastique comme Gentile da Foligno imposait de privilégier l’étude des textes. Alors que la consultation des fonds d’archives n’apporte que des réponses partielles aux interrogations biographiques, l’utilisation des manuscrits permet de cerner les idées et l’importance de ce brillant intellectuel et scientifique. Sans marquer une étape décisive dans l’évolution générale de la science, il représente un aboutissement de la scolastique médicale, et porte en lui les germes de l’évolution ultérieure.
Deuxième partieÉdition critique
Chapitre premierLa tradition manuscrite et imprimée du commentaire
Le manuscrit V. Un manuscrit, conservé à la bibliothèque du Vatican sous la cote Vat. lat. 4459 (V), présente un
intérêt majeur pour l’étude du commentaire au Canon de Gentile da Foligno. Ecrit sur du parchemin de grand format, d’une
écriture de petit module, il date du xive siècle, ce que confirment deux colophons de 1338 et 1340. Surtout, une
mention marginale, sans doute de la main de Francesco da Foligno, élève du maître, indique qu’il s’agit d’un manuscrit autographe. La
complexité de ce codex rend son utilisation particulièrement délicate. Si les premiers feuillets (fol. 1-137) paraissent
à l’évidence être de la main de l’auteur, il n’en est pas de même pour les suivants (fol. 138-238) dont l’écriture et le format diffèrent
de ceux de la première partie, le problème étant encore aggravé par l’existence de plusieurs cahiers refaits. Or c’est dans cette seconde
section du manuscrit que se trouve copié le commentaire à la fen 11 du livre 3 du Canon, objet de l’édition. Une étude
attentive du texte et des additions marginales permet de conclure que, si ce manuscrit n’est peut-être pas totalement autographe, il a
néanmoins appartenu à l’auteur qui l’a corrigé et annoté ; dès lors on peut penser que la deuxième partie du manuscrit est soit l’œuvre
d’un secrétaire, soit celle d’un Gentile plus jeune et dont l’écriture aurait par la suite changé.
Les autres manuscrits et les éditions. Les autres manuscrits contenant le commentaire de Gentile da Foligno à la fen
11 du livre 3 du Canon d’Avicenne sont les mss. Vienne, bibl. nationale, lat. 5391 (W) ; Rome, bibl. du Vatican, Vat.
lat. 2475 (R) ; Florence, bibl. Laurencienne, Ashb. 219 (F) et Madrid, bibl. de l’Escurial, f. I. 5 (E). Sept éditions de la Renaissance,
publiées de 1477 à 1523, contiennent également ce texte. La première est celle de Petrus Maufer (1477), réalisée en collaboration avec des
professeurs de l’université de Padoue à partir d’un manuscrit corrigé, aujourd’hui perdu. Les éditeurs postérieurs, s’ils ont effectué de
nombreux changements de mise en page, n’ont en revanche apporté aucune modification d’importance au texte. Dès lors, une seule édition a
été collationnée, celle de 1520-1522 ; elle a l’avantage d’être la plus répandue et la plus pratique.
Chapitre IIEtablissement du texte
Discussion stemmatique. L’étude des lacunes montre qu’il n’y a pas de lien direct de filiation entre les manuscrits
aujourd’hui conservés. Seuls les manuscrits F et E, qui possèdent un certain nombre de lacunes communes, ont le même ancêtre, dont les
erreurs peuvent être reconstituées. Le texte du manuscrit R contient en outre plusieurs passages interpolés, dont l’origine est difficile
à déterminer. Chaque manuscrit possède donc des erreurs évidentes et des lacunes propres, à l’exception du manuscrit V ; la
caractéristique principale du texte de tous ces manuscrits est une grande liberté dans la copie, qui a pour conséquence la multiplication
des erreurs, des corrections et des ajouts. L’établissement d’un stemma est donc inutile, car il n’aurait aucun intérêt
pour une meilleure connaissance du texte.
Choix du manuscrit de base. La qualité du manuscrit V est manifeste. Il comporte très peu d’erreurs, et aucune lacune.
Dans les rares cas où tous les manuscrits s’accordent contre lui, le texte de V peut s’expliquer par une faute d’inattention du copiste.
De plus, il est évident que tous les manuscrits dérivent, avec plus ou moins d’intermédiaires, de cet unique archétype. Une telle
importance impose à l’évidence le choix d’une édition à partir du manuscrit V, en ne tenant compte des variantes des manuscrits que pour
s’intéresser à l’histoire de la diffusion du texte.
Le texte des éditions. Le texte édité à la Renaissance a fait l’objet de nombreux remaniements. Le latin très
scolastique de Gentile da Foligno a été corrigé et clarifié, les passages marginaux sont désormais bien intégrés au texte, parfois au prix
d’un changement de sens. Il n’est pas possible de relier cette version à l’un des manuscrits aujourd’hui conservés, mais certaines
corrections indiquent un travail de collation de divers exemplaires. Le texte des éditions est donc assez éloigné de celui produit par
Gentile, mais, paradoxalement, il est souvent meilleur que celui des manuscrits, dont il n’a pas les multiples lacunes.
Chapitre IIIPrincipes suivis pour l’édition
L’édition étant réalisée à partir d’un manuscrit de base peut-être autographe, son orthographe a été intégralement respectée. Le texte de V a été très peu modifié, sauf quand le sens ou la grammaire l’imposait. Les passages marginaux sont indiqués entre accolades, car ils correspondent à une reprise plus tardive du texte. L’apparat a été simplifié : n’y sont pas indiquées les variantes orthographiques ou sans conséquence sur le sens du texte. En revanche toutes les particularités de V sont répertoriées. Les interpolations et les passages réécrits sont renvoyés en annexe.
Pièces justificatives
Édition du commentaire de Gentile da Foligno au Canond’Avicenne (3, 11, 1). ( De dispositionibus cordis)
Editions de plusieurs actes provenant des archives de l’Ospedale Santa Maria della Misericordia de Pérouse.
Annexes
Liste des manuscrits du commentaire au Canon de Gentile da Foligno. Texte du Canon d’Avicenne, 3, 11, 1, d’après l’édition de 1520-1522. Interpolations et ajouts des manuscrits au texte édité. Schéma contenu dans V au fol. 141v. Reproduction des fol. 138-145v du manuscrit V. Index des manuscrits. Index des noms de personnes.