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École des chartes » thèses » 2001

L’action de Louis Hautecœur au secrétariat général des Beaux-arts (1940-1944)

La permanence des beaux-arts dans la fracture de Vichy.


Introduction

Vichy attire beaucoup les historiens, comme le reste de la société. De fait, la vie des beaux-arts et la politique culturelle pendant les années 1940 sont désormais éclairées par plusieurs études, mais celles-ci insistent sur le contexte de la guerre et du régime de Vichy plus que sur l’histoire artistique. Revenir sur ces années sombres par le biais d’une monographie biographique offre un point de vue nouveau, en conjuguant deux approches : l’analyse des idées politiques, intellectuelles et artistiques permet de dégager le climat des beaux-arts de l’époque, alors que l’observation d’un homme et d’une carrière particulière renseigne sur les sources et les mécanismes du pouvoir à Vichy.

Louis Hautecœur était déjà accaparé par la mémoire, divergente selon les témoignages, lorsque des historiens, notamment deux, se sont intéressés à lui. La première est française. Laurence Bertrand Dorléac ; elle a rencontré Hautecœur à l’occasion de ses études générales sur les beaux-arts dans les années 1940 et son point de vue porte essentiellement sur sa conception de l’art contemporain, quelle juge rétrograde. Laurence Bertrand Dorléac souligne les ruptures nées du régime de Vichy, position qu’explique son statut de pionnière qui met d’abord en avant les éléments les plus manquants. Pourtant, il existe des continuités avec l’avant et l’après-guerre, notamment dans la part législative de l’œuvre de Hautecœur. Une seconde historienne, américaine, Hilary Ballon, s’est penchée spécifiquement sur Hautecœur, en étudiant les rapports qui existeraient entre ses écrits architecturaux et ses idées politiques, mais cet essai se révèle un peu trop subjectif.

Maintenant que les travaux historiques relatifs à Vichy se sont bien développés, il semble possible de traiter la période de façon plus globale, en acceptant notamment l’idée que le contexte de réaction n’ait pas influencé tous les actes de l’administration. Cela étant dit, une part importante de cette thèse est consacrée à l’action de Hautecœur face au régime de collaboration. Chaque partie suit une optique particulière : administrative et législative pour la première, artistique pour la deuxième et politique pour la dernière.


Sources

La première des sources est constituée par le livre de souvenirs publié par Louis Hautecoeur en 1948 - Les beaux-arts en France : passé et avenir. Evidemment partial et apologétique, cet ouvrage doit être nuancé, mais il a l’avantage d’être de la main même de l’intéressé.

Deux fonds dédiés à Hautecœur existent. L’un, improprement intitulé “fonds Hautecoeur”, correspond aux archives du secrétariat aux beaux-arts, conservées aux Archives nationales dans la sous-série F21 . Plus stimulant car exclusivement consacré à lui, le second fonds provient du dépôt par Hautecœur  de ses papiers aux archives de l’Institut de France. Du fait de leur caractère très personnel, ces papiers permettent de combler des lacunes dans notre connaissance de ses activités, de noter ses centres d’intérêt, de suivre l’élaboration de sa pensée. Malheureusement, la correspondance et les mémoires sont incommunicables jusque 2023.

En complément, des informations intéressantes pour le sujet ont pu être trouvées dans les sous-séries 2 AG, F17 , F 21 et 3 W des Archives nationales, ainsi que dans un fonds en cours de classement, la série R des archives des Musées nationaux, très précieuse pour l’étude des vols d’œuvres d’art et des projets d’échanges voulus par les nazis. Enfin, la documentation offerte par la Médiathèque du patrimoine et par la bibliothèque du Conseil d’État s’est révélée très utile dans le domaine juridique.


Première partie
L’homme des lois


Chapitre premier
L’arrivée de Louis Hautecœur  dans l’administration des beaux-arts

La nomination de Louis Hautecœur — Dans son livre de souvenirs, Hautecœur raconte les débuts de la guerre et sa situation personnelle. Il se trouve alors à Genève, en tant que commissaire d’une exposition d’architecture française. Il rentre en France le 11 juin 1940 pour participer à l’évacuation des musées : il est en effet conservateur du musée d’Art moderne. Il décrit ensuite l’armistice, sans prendre de position politique, puis sa nomination le 21 juillet 1940, qu’il veut apolitique aussi. La comparaison avec Huisman, son prédécesseur, opposant au nouveau régime, et les conditions de sa nomination comme secrétaire général des beaux-arts permettent de conclure que le choix du gouvernement de Vichy fut guidé par deux arguments : les idées de Hautecœur ne heurtaient pas le régime ; ses compétences administratives et intellectuelles ne faisaient aucun doute.

La réorganisation de l’administration centrale — L’arrivée de Hautecœur est aussitôt suivie de la naissance d’une direction des services d’architecture ; le secrétaire général est certes spécialiste de ce domaine, mais son but sera de réorganiser toute l’administration.

Les buts de Hautecoeur — Les objectifs principaux de Hautecoeur sont avant tout de relever le prestige de la France par ses arts, comme le demande la Révolution nationale, à l’intérieur mais aussi à l’étranger, puis de protéger et conserver, d’instruire, de favoriser et de faire connaître la création artistique.

Chapitre II
Un exemple de continuité patrimoniale de Vichy: la loi sur les abords des monuments historiques (1943)

Pourquoi 1943 — La plupart des lois prises entre 1940 et 1944 dans le domaine des beaux-arts auraient pu l’être par la République, comme le prouvent leur évolution et leur maintien après la guerre. Les causes de la loi sur les abords des monuments historiques, adoptée en 1943, tiennent à la présence d’hommes déterminés, à l’obligation d’agir face à une situation désastreuse à cause des dommages de guerre, mais surtout à la liberté dont jouit l’administration depuis l’effacement du Parlement.

Le processus d’élaboration de la loi — Cette loi est en préparation depuis 1941 et naît à l’issue de nombreuses discussions interministérielles associant tous les autres services intéressés, comme ceux en charge du tourisme, de l’équipement et de la reconstruction.

Le contenu de la loi — La loi de 1943 complète celle du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques, mais apporte des éléments totalement nouveaux en vue de protéger plus efficacement les abords : ainsi une autorisation préalable aux travaux est-elle rendue obligatoire.

L’application de la loi — Le contexte urbain changeant, les mesures de protection doivent aussi évoluer : de fait, le bilan de cette loi fait apparaître une certaine souplesse dans la mise en pratique, ainsi que de nombreuses difficultés d’application.

En fin de compte, la loi de 1943 sur les abords des monuments historiques démontre le maintien, au sein de la rupture que représente Vichy, d’une administration qui peut être apolitique et se montrer efficace.

Chapitre III
Les autres lois patrimoniales

Les lois sur l’archéologie — La législation concernant les fouilles archéologiques est très pauvre en France, comme le fait apparaître en 1937 la conférence internationale du Caire. En 1941, le contexte est favorable à un renforcement de la législation, du fait de la présence de Jérôme Carcopino à la tête de l’Education nationale, mais aussi de l’obligation de préserver le patrimoine national des menaces allemandes. La loi du 27 septembre 1941 limite les fouilles sauvages et garantit la dévolution des objets trouvés ; la loi du 21 janvier 1942 apporte les moyens administratifs de faire respecter la foi de 1941 et de développer l’archéologie française. Ces lois sont certes marquées par l’idéologie de Vichy, dans la mesure où le discours du régime utilise l’archéologie dans son exaltation du passé national, mais les mesures prises dépassent le contexte de l’époque et comblent de sévères lacunes.

La protection des perspectives et des sites : la défense de la beauté française — L’administration des beaux-arts s’intéresse aussi à la protection des paysages, des perspectives et des sites, en commençant leur recensement et en réformant le cadre législatif correspondant, qui remonte à 1930. Une nouvelle loi, en date du 13 janvier 1942, instaure un dispositif permettant de contrôler la construction de monuments sur ces sites : l’objectif d’Hautecœur est d’éviter toute pollution visuelle, mais cette loi crée aussi de fait une censure politique et artistique. Elle est complétée le 12 avril 1943 par une dernière loi destinée à réduire la présence de la publicité. Ce dispositif peut certes être analysé comme une protection de la terre, bien dans l’esprit du régime vichyssois, mais il ne faut pas en faire l’apanage de ce régime.

Chapitre IV
Louis Hautecœur et l’architecture

La profession d’architecte — Louis Hautecœur désire depuis longtemps réformer les conditions d’accès et d’exercice de la profession d’architecte : il fait état de ce souci dans un texte de 1929, Considérations sur l’art d’aujourd’hui, et dans un autre de 1935, Les artistes et la crise. Dès son arrivée aux beaux-arts, il crée un ordre des architectes, ce qui n’est pas une idée nouvelle, ni propre à Vichy, et révise les conditions d’accès.

Les études d’architecture et l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts — La deuxième phase de cette réforme concerne l’enseignement, domaine cher au professeur d’histoire de l’architecture qu’est Hautecœur. Il s’agit de transformer le programme d’études et de créer un diplôme unique pour devenir architecte. Ces changements soulèvent une vague de protestations au sein de l’Association des élèves des Beaux-arts et chez certains architectes.

Chapitre V
Les lois artistiques

Les musées — La situation des musées pendant la guerre est certes marquée par l’évacuation des œuvres dans des dépôts de protection, mais leurs activités se poursuivent. La loi du 13 août 1941 est adoptée pour donner un statut aux conservateurs, renforcer le contrôle étatique sur les musées de province et réformer leur gestion.

Les exportations d’œuvre d’art — La loi du 23 juin 1941 avait pour but d’endiguer l’hémorragie des chefs-d’œuvre vers l’étranger et surtout vers le Reich, qui profitait de sa situation économique dominante pour les acquérir à moindres frais. Cependant elle s’avère vite inutile, parce que les Allemands refusent qu’elle leur soit appliquée.

Les objectifs de ces nombreux textes législatifs sont divers. Certains sont d’ordre purement administratif et culturel et ne sont guère influencés par le contexte politique : lois sur la publicité, sur les musées et sur les abords. D’autres sont plus marqués par l’idéologie de Vichy, même si cette influence se traduit souvent plus sur la forme que sur le fond et si l’objectif culturel est toujours présent : lois sur l’architecture et sur l’érection de monuments commémoratifs. Enfin, une dernière catégorie de lois traduit la volonté de Vichy de résister à l’hégémonie nazie : lois sur l’archéologie et sur les exportations.


Deuxième partie
L’homme de l’art


Chapitre premier
L’œuvre maîtresse de Louis Hautecœur : L’Histoire de l’architecture classique en France

Naissance de I’œuvre — Louis Hautecœur travaille à l’Histoire de l’architecture classique en France depuis une vingtaine d’années lorsque le livre paraît en 1943, après quinze ans de relations avec l’éditeur Picard. De nombreux textes publiés depuis le début de sa carrière ont préparé cette parution, qu’il s’agisse d’analyses précises ou de commencements de synthèse.

Une nouveauté dans l’historiographie française — On insiste toujours sur le caractère novateur de cette œuvre, en rupture avec l’importance accordée jusque là par les historiens à l’architecture médiévale. En réalité, certains auteurs avaient cependant précédé Hautecœur dans une histoire de l’architecture attentive à l’époque moderne. De fait, la qualité majeure du livre de Hautecœur tient à l’ampleur de sa synthèse.

Thèmes et réception — Les buts de l’ouvrage sont de montrer les continuités architecturales, pour en finir avec des ruptures factices entre les périodes, de définir les contraintes auxquelles est astreint l’architecte et d’aborder de nouvelles périodes. Il est très bien reçu par la critique.

Chapitre II
Hautecœur et l’art contemporain: Littérature et peinture en France

Naissance de l’ouvrage — Les recherches de Hautecœur l’ont toujours porté vers des domaines très divers, autres que l’architecture. Il s’intéresse ainsi à la peinture depuis longtemps ainsi qu’aux rapports que celle-ci entretient avec la littérature. Ce souci se traduit par la parution d’un livre, Littérature et peinture en France, où Hautecœur veut montrer, au travers des exemples de la peinture et de la littérature, les continuités qui existent entre les différents domaines artistiques, notamment aux XIX e et xxe siècles.

Hautecœur et l’art contemporain — Si Hautecœur n’est pas particulièrement en phase avec l’art de son temps, il n’en est pas pour autant rétrograde, ni réactionnaire ; il essaie d’expliquer les courants plutôt que de les juger. Son point de vue sur les artistes étrangers et juifs n’atteint pas les débordements xénophobes de la période et découle surtout de sa critique des évolutions de l’art contemporain.

Chapitre III
Les autres activités artistiques de Hautecœur

Les activités personnelles ou antérieures à sa prise de fonction — Hautecœur est un homme très occupé, du fait de ses fonctions administratives et de ses ambitions intellectuelles. En plus des ouvrages publiés pendant cette période, il entretient des contacts avec des éditeurs et des auteurs. En 1940, il siège au commissariat de l’exposition française d’architecture de Genève, puis publie des ouvrages de luxe. Enfin, après la guerre, il s’attelle à la rédaction de ses mémoires et à la recherche d’un éditeur.

Les activités au sein du secrétariat des beaux-arts — Hautecœur commence par créer une revue officielle du secrétariat, La Revue des Beaux-arts de France. Au-delà de tâches purement administratives, son temps se partage entre des activités intellectuelles (conférences, rédaction de textes sur l’architecture et sur l’art, dans le souci de promouvoir sa politique) et des activités de représentation (participation à des manifestations, parrainages ... ).

Intermède
Art et politique

Avant d’aborder l’action politique de Hautecœur, il est apparu essentiel de savoir si art et politique formaient un système chez lui. L’historienne américaine Hilary Ballon a voulu le prouver, estimant que ses écrits artistiques étaient le miroir de sa pensée réactionnaire, de son antisémitisme et de sa collaboration. En décalage par rapport à ce jugement partisan, Laurence Bertrand Dorléac adopte un point de vue beaucoup plus modéré, qu’il serait intéressant de compléter en approfondissant l’étude des commandes, des,achats et des préférences en matière d’œuvres d’art qu’a manifestées Hautecœur au musée d’Art moderne, au ministère ou pour sa collection personnelle.


Troisième partie
L’homme de Vichy


Chapitre premier
Le poids de la guerre et de Vichy

Hautecœur et ses supérieurs : l’influence des ministres — Le secrétariat des beaux-arts dépend du ministère de l’Education nationale, qui fut dirigé par six hommes successifs. Les quatre premiers, Rivaud, Mireaux, Ripert et Chevalier, ne font qu’un bref passage et n’ont pas d’influence sur Hautecœur. En revanche, du fait de sa stature et de ses qualités, Carcopino a eu une influence sur Hautecœur ; mais si les deux hommes s’apprécient, le secrétaire général des beaux-arts garde son autonomie. Enfin, Bonnard, dilettante et extrémiste, tente de relancer la collaboration et s’oppose à Hautecœur.

L’affaire des échanges franco-espagnols : l’influence de Pétain — L’échange d’œuvres d’art demandé par l’Espagne est conduit par Hautecœur, qui s’immisce dans les sphères de la politique nationale dans la mesure où Pétain tient à s’allier à Franco. De fait, cet échange prend un tour avant tout diplomatique.

L’exemple des statues fondues : l’influence de l’esprit du régime — L’administration des beaux-arts se voit confier la charge de choisir les oeuvres en métal qui seront fondues pour les besoins de guerre allemands. L’examen de ces mesures révèle certaines censures politiques, mais surtout une conscience professionnelle assez profonde.

Chapitre II
Dans les faits, entre libéralisme d’honneur et fermeté de situation

Libéral ou autoritaire — Rester dans l’administration de Vichy, c’est certes œuvrer pour protéger le patrimoine, mais c’est aussi risquer de céder aux dérives totalitaires du régime. Hautecœur ne se montre pas favorable à la politique antisémite, ni aux discriminations politiques ; sa priorité n’est pas non plus la résistance à ces injustices. Seule l’Allemagne est à combattre à ses yeux, en aucun cas Pétain et son régime.

L’affaire Jean Cassou — Jean Cassou est l’adjoint de Hautecœur au musée d’Art moderne en 1940 ; ce dernier lui offre sa place à la tête de l’établissement quand il devient secrétaire général des beaux-arts. Mais Cassou le rouge est vite révoqué. Plusieurs lettres prouvent que Hautecœur lui a gardé son soutien tout au long de la guerre, ce qui révèle une personnalité fidèle et courageuse.

Chapitre III
Face aux allemands

Le vol du retable de Gand — Les grandes lignes de l’affaire du retable de l’Agneau mystique des frères Van Eyck, confié par la ville de Gand aux Musées nationaux et livré sur ordre gouvernemental aux nazis, sont connues mais le rôle de Hautecœur reste peu clair, même si ce fut l’un des chefs d’accusation avancés contre lui à l’épuration.

La protection du patrimoine contre l’occupant — Il arrive à Hautecœur de se battre plus concrètement contre les Allemands qui menacent les chefs d’œuvre du patrimoine français. Son action lors des tentatives de vols par Gœring ou Ribbentrop ou lors des “ offres ” d’échanges est significative de cet état d’esprit, même si elle parait moins claire que celle de Jaujard, le directeur des Musées.

Chapitre IV
Pétainiste ou vichyssois

Les opinions politiques de Hautecœur — Avant la guerre, Hantecœur n’a contracté aucun engagement politique particulier : il a seulement publié quelques textes contre l’hégémonie allemande et sur la montée fasciste en Italie. Pendant la guerre il est quasiment silencieux sur la politique générale de la France mais ne critiquera jamais Pétain, pas même après 1944.

Hautecœur et Pétain — Les relations entre les deux hommes semblent bonnes, même s’ils ne se côtoient pas particulièrement. Hautecœur présente systématiquement Pétain comme un rempart contre les Allemands et contre Laval et refuse d’ouvrir les yeux sur le régime qu’il a installé. Pétain lui confie du reste la présidence d’une commission de travail sur l’aménagement de Versailles, à laquelle il tient beaucoup.

La révocation de Hautecœur — Plusieurs menaces avaient déjà pesé sur Hautecœur pendant l’occupation mais en mars 1944, Laval finit par se débarrasser de lui et le remplace par l’un de ses fidèles, Georges Hilaire. Hautecœur est alors nommé directeur d’études à l’École pratique des hautes études.

Chapitre V
La libération et l’après-guerre

L’épuration des beaux-arts — Les organes d’épuration se mettent en place, notamment le conseil d’enquête des beaux-arts qui est instauré par arrêté du 28 octobre 1944. Le climat qui règne dans l’administration des beaux-arts n’échappe pas à la règle et révèle toutes sortes de bassesses ; le comportement de Hautecœur, lorsqu’il est cité comme témoin, apparait digne et modéré.

Hautecœur face à l’épuration — Hautecœur doit affronter des mesures disciplinaires : il n’est pas réintégré en tant que secrétaire général et mis à la retraite d’office, puis doit répondre de ses actes devant un conseil d’enquête qui lui reproche cinq chefs d’accusation. Il est finalement blanchi par le ministre de l’Education nationale en avril 1946, mais reste marqué par une expérience qu’il juge inique.

La poursuite de sa carrière — En 1946, il part pour Genève où un poste de conservateur au musée d’art et d’histoire et une chaire de professeur à la faculté des lettres lui sont proposés. Il y reste jusqu’en 1949. Mais cet exil n’efface pas les vieux démons et sa participation au régime de Vichy reste présente chez certains esprits, qui continueront à le lui reprocher.


Conclusion

Hautecœur s’inscrit difficilement dans l’histoire de Vichy parce qu’il s’abstrait lui-même du contexte. Il reste avant tout un administrateur, efficace, même si ce n’est pas ce que l’on attend des hommes de pouvoir de ces années noires. C’est pour cette raison que l’on peut parler de permanence des beaux-arts. Par ailleurs, Hautecoeur assure la continuité de sa pensée par de nombreuses publications d’art, aboutissement de recherches bien antérieures. Politiquement, il n’est pas collaborateur et n’attache pas d’importance à l’esprit de Vichy. Mais le reproche qu’on peut lui faire est de continuer à travailler comme si le contexte était neutre, en refusant de prendre une position politique en une période aussi troublée et en niant encore après la guerre que Pétain et son régime aient été une aberration.


Annexes

Biographie de Hautecœur avant la guerre. - Décorations espagnoles obtenues par Hautecœur. - Tableau de la législation patrimoniale de Vichy. - Textes de loi. - illustrations.


Pièces justificatives

Texte d’un discours de Hautecœur et extraits de sa correspondance. - Décisions du Conseil d’Etat à propos de fonctionnaires juifs. - Dossier de l’érection à Cannes d’un monument en l’honneur de Jeanne d’Arc. - Articles de presse et extraits de la Revue desBeaux-arts de France.